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Maurice Rollinat

Les deux bouleaux

L'été, ces deux bouleaux qui se font vis-à-vis,
Avec ce délicat et mystique feuillage
D'un vert si vaporeux sur un si fin branchage,
Ont l'air extasié devant les yeux ravis.

Ceints d'un lierre imitant un grand serpent inerte,
Pommés sur leurs troncs droits, tout lamés d'argent blanc,
Ils charment ce pacage où leur froufrou tremblant
Traîne le bercement de sa musique verte.

Mais, vient l'hiver qui rend par ses déluges froids
La figure du ciel, des rochers et des bois,
Aussi lugubre que la nôtre ;

Morfondus, noirs, alors les bouleaux désolés
Sont deux grands spectres nus, hideux, échevelés,
Pleurant l'un en face de l'autre.

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Les infinis

Vertigineux géant du désert qu'il écrase,
La tête dans l'azur et le pied dans la mer,
Le mont découpe, ardent, sous le dôme de l'air,
Son farouche horizon de chaos en extase.

Le vide où, par instants, des vents de feu circulent,
Tend son gouffre comblé par son rutilement ;
L'onde et la nue, ayant même bleuissement,
Face à face vibrants, s'éblouissent et brûlent.

Là, ce que la Nature a de plus éternel :
L'Espace, l'Océan, la Montagne, le Ciel,
Souffre pompeusement la lumière embrasée :

Puis, la Nuit vient, gazant sous ses voiles bénis
La Lune, spectre errant de ces quatre infinis
Qui boivent les soupirs de son âme glacée.

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Le fou

Je rêve un pays rouge et suant le carnage,
Hérissé d'arbres verts en forme d'éteignoir,
Des calvaires autour, et dans le voisinage
Un étang où pivote un horrible entonnoir.

Farouche et raffolant des donjons moyen âge,
J'irais m'ensevelir au fond d'un vieux manoir :
Comme je humerais le mystère qui nage
Entre de vastes murs tendus de velours noir !

Pour jardins, je voudrais deux ou trois cimetières
Où je pourrais tout seul rôder des nuits entières ;
Je m'y promènerais lugubre et triomphant,

Escorté de lézards gros comme ceux du Tigre.
- Oh ! fumer l'opium dans un crâne d'enfant,
Les pieds nonchalamment appuyés sur un tigre !

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Un jour d'hiver

Arqué haut sur les monts et d'un bleu sans nuages
Qu'un triomphant soleil embrase éblouissant,
Le ciel, par la vallée où la chaleur descend,
Anime, en plein hiver, la mort des paysages.

Il semble qu'ici, là, la mouche revoltige,
Tourne dans la poussière ardente du rayon ;
On va voir le martin-pêcheur, le papillon,
L'un raser le ruisseau, l'autre effleurer la tige !

Le ravin clair bénit l'horizon rallumé ;
Du branchage et du tronc l'arbre désembrumé
Contemple, radieux, le luisant de la pierre.

Et, dans l'espace, au loin, partout, les yeux surpris
Ont la sensation d'un été chauve et gris
Dont la stérilité rirait à la lumière.

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La Tonnelle

À l’heure où le grillon racle sa ritournelle,
Lorsque le jour s’en va du monde curieux,
La tonnelle profonde, au banc mystérieux,
Tressaille en regardant la montagne éternelle.

Là, mon rêve enivré d’une paix solennelle
Poursuit nonchalamment son vol silencieux,
Car tous les bruits du soir, rauques et gracieux,
Arrivent tamisés dans la bonne tonnelle.

Aux quatre coins du clos, le moindre vent rôdeur
Emporte la sauvage et résineuse odeur
Des branches de sapins dont elle est recouverte ;

Et de loin, le soleil qui meurt dans les cieux blancs,
À travers son treillis de feuillages tremblants
Jette un rayon pourpré dans sa pénombre verte.

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La ronce et le serpent

Foisonnantes, couvant des venins séculaires
Dans ce marécageux semis d'herbe et de rocs,
Les ronces, par fouillis épais comme des blocs,
Embusquaient sourdement leurs dards triangulaires.

Ah certe ! Elles guettaient si bien l'occasion
Du Mal, si scélérate épiait leur adresse,
Que l'accrochant éclair de leurs griffes traîtresses
Fut plus subtil encor que ma précaution.

J'enrageais ! Quand mon pied heurte un serpent... la bête
Aurait pu se venger ? elle écarta la tête,
Et s'enfuit d'un train plus rampant.

Allons ! que ton humeur à présent se défronce,
Me dis-je ! - Et, j'oubliai pour un si doux serpent
La méchanceté de la ronce.

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L'ormeau

D'un branchu semblant un grand fagot qui s'évase,
Il végète sa mort - à jamais défeuillé ;
Pourtant, sous tous les ciels, dans l'air sec et mouillé,
Son très étrange aspect vous met l'oeil en extase !

C'est que, depuis l'énorme et ronde fourmilière
Grouillant au pied pourri de ce petit ormeau,
Tout son tronc est moussu comme un toit de hameau,
Soutaché de lichen, et festonné de lierre.

Donc, il cumule ainsi la double vétusté
De l'horreur et de la beauté.
Que de neige ou de fleurs la terre soit couverte...

Lui seul ne change pas ! - Seul, toujours il fait voir
Sa vieille tête en fouillis noir
Et son vieux corps en robe verte.

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L'Étang

Plein de très vieux poissons frappés de cécité,
L'étang, sous un ciel bas roulant de sourds tonnerres,
Étale entre ses joncs plusieurs fois centenaires
La clapotante horreur de son opacité.

Là-bas, des farfadets servent de luminaires
À plus d’un marais noir, sinistre et redouté ;
Mais lui ne se révèle en ce lieu déserté
Que par ses bruits affreux de crapauds poitrinaires.

Or, la lune qui point tout juste en ce moment,
Semble s’y regarder si fantastiquement,
Que l'on dirait, à voir sa spectrale figure,

Son nez plat et le vague étrange de ses dents,
Une tête de mort éclairée en dedans
Qui viendrait se mirer dans une glace obscure.

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À l'Inaccessible

Argile toujours vierge, inburinable airain,
Magicien masqué plus tyran que la femme,
Art ! Terrible envoûteur qui martyrise l’âme,
Railleur mystérieux de l’esprit pèlerin !

Il n’est pas de poète insoumis à ton frein :
Et tous ceux dont la gloire ici-bas te proclame
Savent que ton autel épuisera leur flamme
Et qu’ils récolteront ton mépris souverain.

Rageuse inquiétude et patience blême
Usent leurs ongles d’or à fouiller ton problème ;
L’homme évoque pourtant ton mirage moqueur ;

Longuement il te cherche et te poursuit sans trêve,
Abîme où s’engloutit la tendresse du cœur,
Zénith où cogne en vain l’avidité du rêve !

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La Dernière Nuit

Or, ce fut par un soir plein d’un funèbre charme,
Qu’après avoir suivi des chemins hasardeux
Ils s’assirent enfin dans un vallon hideux
Où maint reptile errant commençait son vacarme.

Et tandis que l’orfraie avec son cri d’alarme
Clapotait lourdement dans un vol anxieux,
Sous la compassion sidérale des cieux
Ils gémirent longtemps sans verser une larme[.]

Tout à coup, le buisson les vit avec stupeur
Unir dans un baiser leurs lèvres violettes
Ricanant à la fois de tendresse et de peur.

Et puis, les deux amants joignirent leurs squelettes,
Crispèrent leur étreinte en ne faisant plus qu’un
Et moururent ensemble au bord du fossé brun.

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