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Joachim du Bellay

Brusquet à son retour vous racontera, Sire

Brusquet à son retour vous racontera, Sire,
De ces rouges prélats la pompeuse apparence,
Leurs mules, leurs habits, leur longue révérence,
Qui se peut beaucoup mieux représenter que dire.

Il vous racontera, s'il les sait bien décrire,
Les moeurs de cette cour, et quelle différence
Se voit de ces grandeurs à la grandeur de France,
Et mille autres bons points, qui sont dignes de rire.

Il vous peindra la forme et l'habit du Saint Père,
Qui comme Jupiter tout le monde tempère,
Avecques un clin d'oeil : sa faconde et sa grâce,

L'honnêteté des siens, leur grandeur et largesse,
Les présents qu'on lui fit, et de quelle caresse
Tout ce que se dit vôtre à Rome l'on embrasse.

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Dessous ce grand François, dont le bel astre luit

Dessous ce grand François, dont le bel astre luit
Au plus beau lieu du ciel, la France fut enceinte
Des lettres et des arts, et d'une troupe sainte
Que depuis sous Henri féconde elle a produit :

Mais elle n'eut plutôt fait montre d'un tel fruit,
Et plutôt ce beau part n'eut la lumière atteinte,
Que je ne sais comment sa clarté fut éteinte,
Et vit en même temps et son jour et sa nuit.

Hélicon est tari, Parnasse est une plaine,
Les lauriers sont séchés, et France, autrefois pleine
De l'esprit d'Apollon, ne l'est plus que de Mars.

Phoebus s'enfuit de nous, et l'antique ignorance
Sous la faveur de Mars retourne encore en France,
Si Pallas ne défend les lettres et les arts.

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Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los

Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los,
Et si le mien encor tu ne dédaignes dire,
D'être enclos en mes vers ton honneur ne désire,
Et par là je ne cherche en tes vers être enclos.

Laissons donc, je te prie, laissons causer ces sots,
Et ces petits galants, qui, ne sachant que dire,
Disent, voyant Ronsard et Bellay s'entr'écrire,
Que ce sont deux mulets qui se grattent le dos.

Nos louanges, Ronsard, ne font tort à personne :
Et quelle loi défend que l'un à l'autre en donne,
Si les amis entre eux des présents se font bien ?

On peut comme l'argent trafiquer la louange,
Et les louanges sont comme lettres de change,
Dont le change et le port, Ronsard, ne coûte rien.

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Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps

Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ?
Je songe au lendemain, j'ai soin de la dépense
Qui se fait chacun jour, et si faut que je pense
A rendre sans argent cent créditeurs contents.

Je vais, je viens, je cours, je ne perds point le temps,
Je courtise un banquier, je prends argent d'avance :
Quand j'ai dépêché l'un, un autre recommence,
Et ne fais pas le quart de ce que je prétends.

Qui me présente un compte, une lettre, un mémoire,
Qui me dit que demain est jour de consistoire,
Qui me rompt le cerveau de cent propos divers,

Qui se plaint, qui se deult, qui murmure, qui crie :
Avecques tout cela, dis, Panjas, je te prie,
Ne t'ébahis-tu point comment je fais des vers ?

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Quel est celui qui veut faire croire de soi

Quel est celui qui veut faire croire de soi
Qu'il est fidèle ami, mais quand le temps se change,
Du côté des plus forts soudainement se range,
Et du côté de ceux qui ont le mieux de quoi ?

Quel est celui qui dit qu'il gouverne le roi ?
J'entends quand il se voit en un pays étrange,
Et bien loin de la cour : quel homme est-ce, Lestrange ?
Lestrange, entre nous deux, je te pry, dis-le-moi.

Dis-moi, quel est celui qui si bien se déguise
Qu'il semble homme de guerre entre les gens d'église,
Et entre gens de guerre aux prêtres est pareil ?

Je ne sais pas son nom : mais quiconque il puisse être
Il n'est fidèle ami, ni mignon de son maître,
Ni vaillant chevalier, ni homme de conseil.

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Magny, je ne puis voir un prodigue d'honneur,

Magny, je ne puis voir un prodigue d'honneur,
Qui trouve tout bien fait, qui de tout s'émerveille,
Qui mes fautes approuve et me flatte l'oreille,
Comme si j'étais prince ou quelque grand seigneur.

Mais je me fâche aussi d'un fâcheux repreneur,
Qui du bon et mauvais fait censure pareille,
Qui se lit volontiers, et semble qu'il sommeille
En lisant les chansons de quelque autre sonneur.

Celui-là me déçoit d'une fausse louange,
Et gardant qu'aux bons vers les mauvais je ne change,
Fait qu'en me plaisant trop à chacun je déplais :

Celui-ci me dégoûte, et ne pouvant rien faire
Qu'il lui plaise, il me fait également déplaire
Tout ce qu'il fait lui-même et tout ce que je fais.

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Sire, celui qui est a formé toute essence

Sire, celui qui est a formé toute essence
De ce qui n'était rien. C'est l'oeuvre du Seigneur :
Aussi tout honneur doit fléchir à son honneur,
Et tout autre pouvoir céder à sa puissance.

On voit beaucoup de rois, qui sont grands d'apparence :
Mais nul, tant soit-il grand, n'aura jamais tant d'heur
De pouvoir à la vôtre égaler sa grandeur :
Car rien n'est après Dieu si grand qu'un roi de France.

Puis donc que Dieu peut tout, et ne se trouve lieu
Lequel ne soit enclos sous le pouvoir de Dieu,
Vous, de qui la grandeur de Dieu seul est enclose,

Elargissez encor sur moi votre pouvoir,
Sur moi, qui ne suis rien : afin de faire voir
Que de rien un grand roi peut faire quelque chose.

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Comte, qui ne fis onc compte de la grandeur

Comte, qui ne fis onc compte de la grandeur,
Ton Du Bellay n'est plus : ce n'est plus qu'une souche
Qui dessus un ruisseau d'un dos courbé se couche,
Et n'a plus rien de vif, qu'un petit de verdeur.

Si j'écris quelquefois, je n'écris point d'ardeur,
J'écris naïvement tout ce qu'au coeur me touche,
Soit de bien, soit de mal, comme il vient à la bouche,
En un style aussi lent que lente est ma froideur.

Vous autres cependant, peintres de la nature,
Dont l'art n'est pas enclos dans une portraiture,
Contrefaites des vieux les ouvrages plus beaux.

Quant à moi, je n'aspire à si haute louange,
Et ne sont mes portraits auprès de vos tableaux
Non plus qu'est un Janet auprès d'un Michel-Ange.

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Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors !

Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors !
Ô front crêpe et serein ! et vous, face dorée !
Ô beaux yeux de cristal ! ô grand bouche honorée,
Qui d'un large repli retrousses tes deux bords !

Ô belles dents d'ébène ! ô précieux trésors,
Qui faites d'un seul ris toute âme enamourée !
Ô gorge damasquine en cent plis figurée !
Et vous, beaux grands tétins, dignes d'un si beau corps !

Ô beaux ongles dorés ! ô main courte et grassette !
Ô cuisse délicate ! et vous, jambe grossette,
Et ce que je ne puis honnêtement nommer !

Ô beau corps transparent ! ô beaux membres de glace !
Ô divines beautés ! pardonnez-moi, de grâce,
Si, pour être mortel, je ne vous ose aimer.

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Ronsard, j'ai vu l'orgueil des colosses antiques

Ronsard, j'ai vu l'orgueil des colosses antiques,
Les théâtres en rond ouverts de tous côtés,
Les colonnes, les arcs, les hauts temples voûtés,
Et les sommets pointus des carrés obélisques.

J'ai vu des empereurs les grands thermes publiques,
J'ai vu leurs monuments que le temps a domptés,
J'ai vu leurs beaux palais que l'herbe a surmontés,
Et des vieux murs romains les poudreuses reliques.

Bref, j'ai vu tout cela que Rome a de nouveau,
De rare, d'excellent, de superbe et de beau :
Mais je n'y ai point vu encore si grand chose

Que cette Marguerite, où semble que les cieux,
Pour effacer l'honneur de tous les siècles vieux,
De leurs plus beaux présents ont l'excellence enclose.

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