Citations sur Le ton fait la chanson., page 5
La Relique
Avant son mariage, – ô souffrance mortelle !
Elle me la donna sa chemise en dentelle,
Celle qu’elle avait le doux soir
Où, cédant à mes pleurs qui lui disaient : « Viens, Berthe ! »
Près de moi haletant sur la couche entr’ouverte,
Frémissante elle vint s’asseoir.
Ce linge immaculé qu’embaumait son corps vierge,
Quand elle vint me faire, aussi pâle qu’un cierge,
Ses chers adieux si redoutés,
Elle me le tendit d’un air mélancolique
En soupirant : « Voici la suprême relique
De nos défuntes voluptés.
« Je te la donne, ami, ma chemise brodée :
Car, la première fois que tu m’as possédée,
Je la portais, t’en souviens-tu ?
Elle seule a connu les brûlantes ivresses
Que ta voix musicale et pleine de caresses
Faisait courir dans ma vertu.
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poésie de Maurice Rollinat
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Le Boucher
Tiens ? t’es donc plus boucher ? dit la vieille au gros homme
Qui venait de vendre son fonds,
Et lui répondit grave, avec un air profond :
« Non ! et j’vas vous raconter comme :
Ah ! l’ métier était bon ! Mes viandes ?
Vous savez si ça s’débitait !
Tell’ment partout on m’réputait
Que j’pouvais pas fournir aux d’mandes.
C’est moi-mêm’ qu’abattais les bêtes
Promis’ aux crochets d’mon étal,
Et j’vous crevais comme un brutal
Les cous, les poitrails et les têtes.
Si j’suis si gros, q’ça m’gên’ quand j’bouge,
Si j’ai l’teint si frais, l’corps si gras,
C’est q’par le nez, la bouch’, les bras,
Tout l’temps j’pompais vif du sang rouge.
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poésie de Maurice Rollinat
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Trois Ivrognes
Au cabaret, un jour de grand marché forain,
Un bel ivrogne, pâle, aux longs cheveux d’artiste,
Dans le délire ardent de son esprit chagrin,
Ainsi parla, debout, d’une voix âpre et triste :
« R’bouteux, louv’tier, batteur d’étangs et de rivière,
Menuisier,
Avec tous ces états j’réussis qu’une affaire :
M’ennuyer !
Arrangez ça ! d’un’ part, j’vois q’doutance et tromp’rie ;
D’l’aut’ côté,
J’trouv’ le mensong’ trop l’mêm’, l’existenc’ trop pourrie
D’vérité.
Oui ! j’cherche tant l’dessous de c’que j’touche, de c’que j’rêve
Inqu’et d’tout,
Que j’suis noir, idéal, mélancoliq’ sans trêve,
Et partout.
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poésie de Maurice Rollinat
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L'Enjôleur
Loin des oreilles importunes,
Le gars mangeant avec le vieux,
D’un ton fier et malicieux
Lui conte ses bonnes fortunes,
De quelle sorte il fait sa cour,
Et ce qu’il pense de l’amour.
« Oui ! j’ai tout’ les fill’, mon pèr’ Jacques !
N’import’ laquell’, quand j’ la veux bien !
L’ignorant’, l’instruit’, cell’ qui s’ tient,
Comm’ la dévot’ qui fuit ses pâques.
Q’ ça soit l’ cœur ou l’ Diab’ qui s’en mêle,
L’amour comm’ la mort prend chacun.
Si deux corps d’vaient pas en fair’ qu’un
Yaurait pas des mâl’ et des f’melles !
Cont’ le sang, s’i’ veut qu’on s’unisse,
Tout’ les plus bonn’ raisons val’ rin :
I mèn’ le gars comme un taurin
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poésie de Maurice Rollinat
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La Fille amoureuse
La belle fille blanche et rousse,
De la sorte, au long du buisson,
Entretient la mère Lison
À voix mélancolique et douce :
« Moi cont’ laquell’ sont à médire
Les fill’ encor ben plus q’ les gars,
J’ tiens à vous esposer mon cas,
Et c’est sans hont’ que j’ vas vous l’ dire,
Pac’ que vous avez l’humeur ronde,
Et, q’ rapportant sans v’nin ni fiel
Tout’ les affair’ au naturel,
Vous les jugez au r’bours du monde.
Tout’ petit’, j’étais amoureuse,
J’étais déjà foll’ d’embrasser...
Et, mes seize ans v’naient d’ commencer,
Que j’ m’ai senti d’êtr’ langoureuse,
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poésie de Maurice Rollinat
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Le Pêcheur d'écrevisses
Nez plat, grosse bouche en fer d’âne,
Et, sous les pommettes deux creux
Dans un long visage cireux,
Tout en menton et tout en crâne ;
Glabre, sec et la peau ridée ;
Un petit œil vif et louchon ;
Une jambe en tire-bouchon,
L’autre racornie et coudée ;
Boitant, mais de telle manière
Que, d’un côté marchant plus bas,
Il avait l’air, à chaque pas,
D’entrer un pied dans une ornière.
Les bras tombant à la rotule
Avec une très courte main :
Tel était le pauvre Romain,
Mon visiteur du crépuscule.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Les Heures Claires
O la splendeur de notre joie,
Tissée en or dans l'air de soie!
Voici la maison douce et son pignon léger,
Et le jardin et le verger.
Voici le banc, sous les pommiers
D'où s'effeuille le printemps blanc,
A pétales frôlants et lents.
Voici des vols de lumineux ramiers
Plânant, ainsi que des présages,
Dans le ciel clair du paysage.
Voici--pareils à des baisers tombés sur terre
De la bouche du frêle azur--
Deux bleus étangs simples et purs,
Bordés naïvement de fleurs involontaires.
O la splendeur de notre joie et de nous-mêmes,
En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes!
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poésie de Emile Verhaeren
Ajouté par Lucian Velea
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A celle qui est restée en France
I
Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d'ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi.
Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi,
Ce livre qui contient le spectre de ma vie,
Mes angoisses, mon aube, hélas ! de pleurs suivie,
L'ombre et son ouragan, la rose et son pistil,
Ce livre azuré, triste, orageux, d'où sort-il ?
D'où sort le blême éclair qui déchire la brume ?
Depuis quatre ans, j'habite un tourbillon d'écume ;
Ce livre en a jailli. Dieu dictait, j'écrivais ;
Car je suis paille au vent. Va ! dit l'esprit. Je vais.
Et, quand j'eus terminé ces pages, quand ce livre
Se mit à palpiter, à respirer, à vivre,
Une église des champs, que le lierre verdit,
Dont la tour sonne l'heure à mon néant, m'a dit :
Ton cantique est fini ; donne-le-moi, poëte.
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poésie de de auteur inconnu/anonyme
Ajouté par Lucian Velea
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Un homme amoureux n'est pas tout à fait complet aussi longtemps qu'il n'est pas marié. Après il est terminé.
citation de Zsa Zsa Gabor
Ajouté par Simona Enache
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Personne ne survit au fait d'être estimé au-dessus de sa valeur.
aphorisme de Oscar Wilde
Ajouté par Simona Enache
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