Citations sur La vérité perce toujours, page 24
Ici de mille fards la traïson se déguise
Ici de mille fards la traïson se déguise,
Ici mille forfaits pullulent à foison,
Ici ne se punit l'homicide ou poison,
Et la richesse ici par usure est acquise
Ici les grands maisons viennent de bâtardise,
Ici ne se croit rien sans humaine raison,
Ici la volupté est toujours de saison,
Et d'autant plus y plaît que moins elle est permise.
Pense le demeurant. Si est-ce toutefois
Qu'on garde encore ici quelque forme de lois,
Et n'en est point du tout la justice bannie.
Ici le grand seigneur n'achète l'action,
Et pour priver autrui de sa possession
N'arme son mauvais droit de force et tyrannie.
poésie de Joachim du Bellay de Les Regrets (1558)
Ajouté par Dan Costinaş
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La Maladie
La maladie est une femme
Invisible comme un remord
Qui flétrit, tout prêts pour la mort,
La bouche rose et l’œil de flamme.
Elle vous surprend dans sa trame
Et vous plante sa dent qui mord.
La maladie est une femme
Invisible comme un remord.
Qu’elle soit noble, étrange, infâme,
Avec elle on a toujours tort !
Elle vous vide, elle vous tord
La chair, l’esprit, le cœur et l’âme ;
La maladie est une femme.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le Touriste
Le plein midi darde ses flèches
Dans l’air chaud comme une fournaise.
Je chemine tout à mon aise,
Loin des fiacres et des calèches.
Ici, promenades et pêches.
J’aime ça, ne vous en déplaise ;
Le plein midi darde ses flèches
Dans l’air chaud comme une fournaise.
Cher pays, comme tu m’allèches
Par tes rocs et ta terre glaise !
Je n’ai pas de jument anglaise,
Mais j’ai deux jambes toujours fraîches.
Le plein midi darde ses flèches.
poésie de Maurice Rollinat
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La Joconde
Le mystère infini de la beauté mauvaise
S’exhale en tapinois de ce portrait sorcier
Dont les yeux scrutateurs sont plus froids que l’acier,
Plus doux que le velours et plus chauds que la braise.
C’est le mal ténébreux, le mal que rien n’apaise ;
C’est le vampire humain savant et carnassier
Qui fascine les cœurs pour les supplicier
Et qui laisse un poison sur la bouche qu’il baise.
Cet infernal portrait m’a frappé de stupeur ;
Et depuis, à travers ma fièvre ou ma torpeur,
Je sens poindre au plus creux de ma pensée intime
Le sourire indécis de la femme-serpent :
Et toujours mon regard y flotte et s’y suspend
Comme un brouillard peureux au-dessus d’un abîme.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Fuyons Paris
0 ma si fragile compagne,
Puisque nous souffrons à Paris,
Envolons-nous dans la campagne
Au milieu des gazons fleuris.
Loin, bien loin des foules humaines,
Où grouillent tant de cœurs bourbeux,
Allons passer quelques semaines
Chez les peupliers et les boeufs.
Fuyons les viles courtisanes
Aux flancs de marbre, aux doigts crochus,
Viens ! nous verrons des paysannes
Aux seins bombés sous les fichus.
Nos boulevards seront des plaines
Où le seigle ondoie au zéphir,
Et des clairières toutes pleines
De fleurs de pourpre et de saphir.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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A l'inaccessible
Argile toujours vierge, inburinable airain,
Magicien masqué plus tyran que la femme,
Art ! Terrible envoûteur qui martyrise l'âme,
Railleur mystérieux de l'esprit pèlerin !
Il n'est pas de poète insoumis à ton frein
Et tous ceux dont la gloire ici-bas te proclame
Savent que ton autel épuisera leur flamme
Et qu'ils récolteront ton mépris souverain.
Rageuse inquiétude et patience blême
Usent leurs ongles d'or à fouiller ton problème ;
L'homme évoque pourtant ton mirage moqueur ;
Longuement il te cherche et te poursuit sans trêve,
Abîme où s'engloutit la tendresse du coeur,
Zénith où cogne en vain l'avidité du rêve !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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À l'Inaccessible
Argile toujours vierge, inburinable airain,
Magicien masqué plus tyran que la femme,
Art ! Terrible envoûteur qui martyrise l’âme,
Railleur mystérieux de l’esprit pèlerin !
Il n’est pas de poète insoumis à ton frein :
Et tous ceux dont la gloire ici-bas te proclame
Savent que ton autel épuisera leur flamme
Et qu’ils récolteront ton mépris souverain.
Rageuse inquiétude et patience blême
Usent leurs ongles d’or à fouiller ton problème ;
L’homme évoque pourtant ton mirage moqueur ;
Longuement il te cherche et te poursuit sans trêve,
Abîme où s’engloutit la tendresse du cœur,
Zénith où cogne en vain l’avidité du rêve !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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A son livre
Mon livre (et je ne suis sur ton aise envieux),
Tu t'en iras sans moi voir la Cour de mon Prince.
Hé, chétif que je suis, combien en gré je prinsse
Qu'un heur pareil au tien fût permis à mes yeux ?
Là si quelqu'un vers toi se montre gracieux,
Souhaite-lui qu'il vive heureux en sa province :
Mais si quelque malin obliquement te pince,
Souhaite-lui tes pleurs et mon mal ennuyeux.
Souhaite-lui encor qu'il fasse un long voyage,
Et bien qu'il ait de vue éloigné son ménage,
Que son coeur, où qu'il voise, y soit toujours présent :
Souhaite qu'il vieillisse en longue servitude,
Qu'il n'éprouve à la fin que toute ingratitude,
Et qu'on mange son bien pendant qu'il est absent.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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Le Tombeau de Charles Baudelaire
Le temple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d'égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche
Ou que le gaz récent torde la mèche louche
Essuyeuse on le sait des opprobres subis
Il allume hagard un immortel pubis
Dont le vol selon le réverbère découche
Quel feuillage séché dans les cités sans soir
Votif pourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbre vainement de Baudelaire
Au voile qui la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même un poison tutélaire
Toujours à respirer si nous en périssons.
poésie de Stephane Mallarme
Ajouté par Simona Enache
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Mephistopheles: Le veau d'or est toujours debout;
On encense
Sa puissance
D'un bout du monde ? l'autre bout!
Pour fêter l'infâme idole,
Rois et peuples confondus,
Au bruit sombre des écus
Dansent une ronde folle
Autour de son piédestal!
Et Satan conduit le bal!
Tous: Et Satan conduit le bal!
Mephistopheles: Le veau d'or est vainqueur des dieux;
Dans sa gloire
Dérisoire
Le monstre abjecte insulte aux cieux!
Il contemple, ô rage étrange!
A ses pieds le genre humain
Se ruant, le fer en main,
Dans le sang et dans la fange
Où brille l'ardent métal!
[...] Read more
réplique de Faust de Goethe (1808)
Ajouté par Simona Enache
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