Citations sur front-page.com, page 3
Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici
Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici,
Tu me dis, mon La Haye, il m'en souvient encore :
Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
Et comme tu t'en vas, retourne-t'en ainsi.
Et tel comme je vins, je m'en retourne aussi :
Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil.
Ce triste repentir, qui me ronge et me lime,
Ne vient (car j'en suis net) pour sentir quelque crime,
Mais pour m'être trois ans à ce bord arrêté :
Et pour m'être abusé d'une ingrate espérance,
Qui pour venir ici trouver la pauvreté,
M'a fait (sot que je suis) abandonner la France
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!


La Vie antérieure
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal (1857)
Ajouté par anonyme
Commentez! | Vote! | Copie!

Ô marâtre nature
Ô marâtre nature (et marâtre es-tu bien,
De ne m'avoir plus sage ou plus heureux fait naître),
Pourquoi ne m'as-tu fait de moi-même le maître,
Pour suivre ma raison et vivre du tout mien ?
Je vois les deux chemins, et ce mal, et de bien :
Je sais que la vertu m'appelle à la main dextre,
Et toutefois il faut que je tourne à semestre,
Pour suivre un traître espoir, qui m'a fait du tout sien.
Et quel profit en ai-je ? O belle récompense !
Je me suis consumé d'une vaine dépense,
Et n'ai fait autre acquêt que de mal et d'ennui.
L'étranger recueillit le fruit de mon service,
je travaille mon corps d'un indigne exercice,
Et porte sur mon front la vergogne d'autrui.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors !
Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors !
Ô front crêpe et serein ! et vous, face dorée !
Ô beaux yeux de cristal ! ô grand bouche honorée,
Qui d'un large repli retrousses tes deux bords !
Ô belles dents d'ébène ! ô précieux trésors,
Qui faites d'un seul ris toute âme enamourée !
Ô gorge damasquine en cent plis figurée !
Et vous, beaux grands tétins, dignes d'un si beau corps !
Ô beaux ongles dorés ! ô main courte et grassette !
Ô cuisse délicate ! et vous, jambe grossette,
Et ce que je ne puis honnêtement nommer !
Ô beau corps transparent ! ô beaux membres de glace !
Ô divines beautés ! pardonnez-moi, de grâce,
Si, pour être mortel, je ne vous ose aimer.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Forêt brûlée
On voit ce grand fond de vallée
Fuligineux sous les cieux ronds :
LÃ , terrain, herbes, rameaux, troncs,
Toute une forêt fut brûlée !
D'elle, si verte et si peuplée,
Qui, si fière, portait son front,
Narguait le vent, raillait l'affront
Du tonnerre et de la gelée,
Il reste la place... raclée,
Croupissante et noire, meublée
D'un seul arbre, cuit tout de bon :
Un paysage de charbon
Dans un gouffre de la vallée !
D'elle, si verte et si peuplée,
Qui, si fière, portait son front,
Narguait le vent, raillait l'affront
Du tonnerre et de la gelée,
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!


Don Juan aux enfers
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
[...] Read more
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!


L'Amour du mensonge
Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond;
Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,
Je me dis: Qu'elle est belle! et bizarrement fraîche!
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.
Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs?
[...] Read more
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!

L'Angoisse
Depuis que l’Horreur me fascine,
Je suis l’oiseau de ce serpent.
Je crois toujours qu’on m’assassine,
Qu’on m’empoisonne ou qu’on me pend.
L’Unité se double et se triple
Devant mon œil épouvanté,
Et le Simple devient multiple
Avec une atroce clarté.
Pour mon oreille, un pied qui frôle
Les marches de mon escalier,
Sur les toits un chat qui miaule,
Dans la rue un cri de roulier,
Le sifflet des locomotives,
Le chant lointain du ramoneur,
Tout bruit a des notes plaintives
Et se tonalise en mineur.
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!


À une Mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,
Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
À sa douceur.
Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.
Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons;
[...] Read more
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!

La Charrette à bœufs
Ces rout’ à tas d’ cailloux où des beaux ch’vaux d’ calèches
S’ rencontr’ avec des ân’, des perch’rons, des mulets,
Où pass’ carriol’, patach’, tap’-culs, cabriolets
Att’lés d’ bidets pansus quand c’est pas d’ ross’ ben sèches,
Pour moi, c’est des ch’mins d’ vill’, censément comm’ des rues
Qui s’allong’raient sans fin et n’auraient pas d’ pavés,
Et tout c’ qui roul’ dessus, crasseux comm’ bien lavé,
De bruit, d’ forme et d’ couleur, m’ blesse l’oreille et la vue.
Sur ces rubans d’ terrain des berg’, des p’tit’ montagnes,
M’né par des maquignons, des laquais, des monsieurs,
Tout ça s’ démèn’, court, trott’, craq’ du r’sort et d’ l’essieu,
Mais tout ça : rout’, voitur’, ch’vaux, gens, c’est pas campagne !
Dans l’ sérieux d’ nos vallons comparez donc l’ passage
D’ ceux ch’vaux vêtus d’harnais qu’un ch’ti fouet cingl’ d’affronts
Avec nos bœufs tout nus qui n’ont que l’ joug au front ?
Eux et moi que j’ les mène on s’ mêle au paysage !
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
