Citations sur lâ€amour câ€est, page 30
Les Parfums
Un parfum chante en moi comme un air obsédant :
Tout mon corps se repaît de sa moindre bouffée,
Et je crois que j’aspire une haleine de fée,
Qu’il soit proche ou lointain, qu’il soit vague ou strident.
Fils de l’air qui les cueille ou bien qui les déterre,
Ils sont humides, mous, froids ou chauds comme lui,
Et, comme l’air encor, dès que la lune a lui,
Ils ont plus de saveur ayant plus de mystère.
Oh oui ! dans l’ombre épaisse ou dans le demi-jour,
Se gorger de parfums comme d’une pâture,
C’est bien subodorer l’urne de la Nature,
Humer le souvenir, et respirer l’amour !
Ces doux asphyxieurs aussi lents qu’impalpables
Divinisent l’extase au milieu des sophas,
Et les folles Iñès et les pâles Raphas
En pimentent l’odeur de leurs baisers coupables.
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Chopin
Chopin, frère du gouffre, amant des nuits tragiques,
Âme qui fus si grande en un si frêle corps,
Le piano muet songe à tes doigts magiques
Et la musique en deuil pleure tes noirs accords.
L’harmonie a perdu son Edgar Pœ farouche
Et la mer mélodique un de ses plus grands flots.
C’est fini ! le soleil des sons tristes se couche,
Le Monde pour gémir n’aura plus de sanglots !
Ta musique est toujours – douloureuse ou macabre
L’hymne de la révolte et de la liberté,
Et le hennissement du cheval qui se cabre
Est moins fier que le cri de ton cœur indompté.
Les délires sans nom, les baisers frénétiques
Faisant dans l’ombre tiède un cliquetis de chairs,
Le vertige infernal des valses fantastiques,
Les apparitions vagues des défunts chers ;
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Croissez et multipliez
Ne sortant pas de faire jeûne,
Une fois, le père Lucas,
Sincère, et du fond de son âme,
Disait à ses quatre grands gars,
Tous, de l’aîné jusqu’au plus jeune,
Bien en âge de prendre femme :
« Mes enfants, faut peupler d’son espèc’ ! Ya pas d’trêve !
Faut q’tout c’qui vit engendre ! et qu’toujours s’accroissant,
Les êtr’ les uns aux autr’, sans fin, se r’pass’ leur sang,
Tel’ qu’aux racin’ des arb’ la terr’ coule sa sève.
Tout’ femelle est un champ où l’bon mâle i’ doit s’mer
La grain’ d’humanité qu’est dans l’grenier d’son être :
B’sogn’ douce et ben commod’ ! Puisqu’ y a besoin q’d’aimer,
Et q’sans plaisi’ pour l’homm’, l’enfant pourrait pas naître.
Dans c’champ-là qu’est l’plus nobl’ faut fair’ de beaux sillons,
Q’l’homme y mèn’ la charrue au c’mand’ment d’la nature,
Avec la bell’ chaleur du sang pour aiguillon
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Les Plaintes
Venus des quatre coins de l’horizon farouche,
De la cime des pics et du fond des remous,
Les aquilons rageurs sont d’invisibles fous
Qui fouettent sans lanière et qui hurlent sans bouche.
Les ruisseaux n’ont jamais que des bruits susurreurs
Dans leur tout petit lit qui serpente et qui vague,
Et l’on n’entend sortir qu’un murmure très vague
Des étangs recueillis sous les saules pleureurs.
Mais la mer qui gémit comme une âme qui souffre,
Tord sous les cieux muets ses éternels sanglots
Où viennent se mêler dans l’écume des flots
Les suffocations des noyés qu’elle engouffre.
Quand s’exhalent, après que l’orage a cessé,
Les souffles de la nuit plus légers que des bulles,
La plainte en la mineur des crapauds noctambules
Fait gémir le sillon, l’ornière et le fossé.
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

À travers champs
Hors de Paris, mon cœur s’élance,
Assez d’enfer et de démons :
Je veux rêver dans le silence
Et dans le mystère des monts.
Barde assoiffé de solitude
Et bohémien des guérets,
J’aurai mon cabinet d’étude
Dans les clairières des forêts.
Et là, mes vers auront des notes
Aussi douces que le soupir
Des rossignols et des linottes
Lorsque le jour va s’assoupir.
Parfumés d’odeurs bocagères,
Ensoleillés d’agreste humour,
Ils auront, comme les bergères,
L’ingénuité dans l’amour.
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Le Val des marguerites
C’est au fond d’un ravin fantastique et superbe
Où maint rocher lépreux penche et dresse le front :
Une espèce de puits gigantesquement rond
Dont l’eau n’aurait servi qu’à faire pousser l’herbe.
Là, le mystère ému déployant ses deux ailes
Fantomatise l’air, les pas et les reflets :
Il semble, à cet endroit, que des lutins follets
Accrochent leurs zigzags à ceux des demoiselles.
L’horreur des alentours en ferme les approches ;
L’écho n’y porte pas le sifflet des convois ;
Ses murmures voilés ont le filet de voix
Des gouttelettes d’eau qui filtrent sous les roches.
C’est si mort et si frais, il y flotte, il y vague
Tant de silence neuf, de bruit inentendu,
Que l’on pressent toujours en ce vallon perdu
Quelque apparition indéfiniment vague !
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Les Bottines d'étoffe
Dans un bourg de province appelé Saint-Christophe,
Un jour que je rôdais près des chevaux de bois,
Au son désespéré d’un grand orgue aux abois,
J’entrevis tout à coup deux bottines d’étoffe.
L’une semblait dormir sur le frêle étrier,
L’autre bougeait avec une certaine morgue.
A quelque pas, sans trêve, un vieux ménétrier
Se démanchait le bras comme le joueur d’orgue.
Les grincements aigus du violon m’entraient
Dans l’âme, et m’égaraient au fond d’un spleen sans bornes,
Et toujours, toujours les bottines se montraient
Dans le gai tournoiement des petits chevaux mornes.
Pauvres petits chevaux ! roides sous le harnais,
Vertigineusement ils roulaient dans le vague.
Leur maître, un acrobate à l’accent béarnais,
S’essoufflait à crier : « A la bague ! A la bague ! »
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Les Météores
Hugo ! monde farouche ! Etna de poésie !
Pour l’éteindre, la mer n’aurait pas assez d’eau.
Prodigieux contraste ! immense fantaisie !
Créant Esméralda près de Quasimodo !…
Hugo ! c’est le clairon gigantesque qui sonne
La fanfare du droit et de la liberté !
Et ses vers, blancs chevaux que l’art caparaçonne,
Galopent dans la nuit du rêve illimité.
Barbier ! brasier lyrique où l’ïambe s’allume !
Forge cyclopéenne et rugissante ! enfer
Où le métal rougi se tord sur une enclume
Que martèlent sans fin des assommeurs de fer.
Lamartine ! Eden pur où des harpes étranges
Vibrent si doucement dans un air embaumé
Qu’on dirait un écho de la lyre des anges
Tombé du haut du ciel sur le monde charmé.
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

La Pensée
C’est l’ennemi sournois, mais sûr,
Sphinx intime, cancer obscur,
De ce tas de cendres futur
Appelé l’homme.
Elle fausse tous ses ressorts,
Épuise tous ses réconforts
Et chicane tous ses efforts
Qu’elle consomme.
Sans doute, elle évoque à ses yeux
Maint rêve descendu des cieux
Avec le vol délicieux
De la colombe,
Mais elle nourrit son remord
Et le réveille quand il dort
Par des chuchotements de mort
Et d’outre-tombe.
Hélas ! chacun est l’écheveau
Qu’embrouille au fond de son caveau
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!

Le Chat
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
