La Chanson de la perdrix grise
La chanson de la perdrix grise
Ou la complainte des grillons,
C’est la musique des sillons
Que j’ai toujours si bien comprise.
Sous l’azur, dans l’air qui me grise,
Se mêle au vol des papillons
La chanson de la perdrix grise
Ou la complainte des grillons.
Et l’ennui qui me martyrise
Me darde en vain ses aiguillons,
Puisqu’à l’abri des chauds rayons
J’entends sur l’aile de la brise
La chanson de la perdrix grise.
poésie de Maurice Rollinat
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Les Visions roses
Corolles et boutons de roses,
La fraise et la mousse des bois
Mettent le désir aux abois
Au fond des cœurs les plus moroses !
Qui rappelle certaines choses
Aux bons vieux galants d’autrefois ?
Corolles et boutons de roses,
La fraise et la mousse des bois.
— Je revois tes chairs toutes roses,
Les dards aigus de tes seins froids,
Et puis tes lèvres ! quand je vois
Dans leurs si langoureuses poses
Corolles et boutons de roses !
poésie de Maurice Rollinat
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La Mousse
La mousse aime le caillou dur,
La tour que la foudre électrise,
Le tronc noueux comme un fémur
Et le roc qui se gargarise
Au torrent du ravin obscur.
Elle est noire sur le vieux mur,
Aux rameaux du chêne elle est grise,
Et verte au bord du ruisseau pur,
La mousse.
Le matin, au temps du blé mûr,
Ce joli végétal qui frise
Souffle un parfum terreux qui grise :
Il boit les larmes de l’azur,
Et le papillon vibre sur
La mousse.
poésie de Maurice Rollinat
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Les Fils de la Vierge
Bons petits cheveux si légers,
Jolis petits fils de la Vierge,
Vivent l’air pur qui vous héberge
Et la route où vous voyagez !
Suspendez-vous dans les vergers,
Flottez sur l'onde et sur la berge,
Bons petits cheveux si légers,
Jolis petits fils de la Vierge !
Les chevrettes et les bergers,
Le peuplier droit comme un cierge,
Le vieux château, la vieille auberge,
Tout sourit quand vous voltigez,
Bons petits cheveux si légers !
poésie de Maurice Rollinat
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Les Yeux morts
De ses grands yeux chastes et fous
Il ne reste pas un vestige :
Ces yeux qui donnaient le vertige
Sont allés où nous irons tous.
En vain, ils étaient frais et doux
Comme deux bluets sur leur tige ;
De ses grands yeux chastes et fous
Il ne reste pas un vestige.
Quelquefois, par les minuits roux
Pleins de mystère et de prestige,
La morte autour de moi voltige,
Mais je ne vois plus que les trous
De ses grands yeux chastes et fous !
poésie de Maurice Rollinat
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Le Solitaire
Au sommet de la tour étrange
Habite un énorme crapaud.
— Qui peut t’avoir porté si haut ?
Est-ce un diable, ou bien est-ce un ange ?
— As-tu donc trouvé dans la fange
La puissante aile du gerfaut ?
Au sommet de la tour étrange
Habite un énorme crapaud.
— Ne crains pas que je te dérange !
Et, que tu sois bête, ou suppôt
De Satan, suinte à pleine peau,
Heureux comme un rat dans sa grange,
Au sommet de la tour étrange.
poésie de Maurice Rollinat
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L'Enterrement d'une fourmi
Les Fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Au bas d’une très vieille porte,
Sous un chêne, va le convoi.
Le vent cingle sur le sol froid
La nombreuse et fragile escorte.
Les fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Un tout petit je ne sais quoi
Glisse, tiré par la plus forte :
C’est le corbillard qui transporte
La défunte au caveau du roi.
Les fourmis sont en grand émoi !
poésie de Maurice Rollinat
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L'Espérance
L’Espérance est un merle blanc
Dont nous sommes la triste haie :
Elle voltige sur la plaie
Et siffle au bord du cœur tremblant.
Mais son vol n’est qu’un faux semblant ;
Sa sérénade n’est pas vraie.
L’Espérance est un merle blanc
Dont nous sommes la triste haie.
Et tandis que, rapide ou lent,
Le Désespoir est une orfraie
Dont le cri certain nous effraie,
Et dont le bec va nous criblant,
L’Espérance est un merle blanc.
poésie de Maurice Rollinat
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La Conscience
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tous ! les obscurs et les célèbres,
L’impie et le moine à genoux,
Nous cachons en vain nos dessous
À ses regards froids et funèbres !
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tant que l’Esprit n’est pas dissous,
Et que le sang bat les vertèbres,
Elle déchiffre nos Algèbres,
Et plonge au fond de nos remous.
La Conscience voit dans nous !
poésie de Maurice Rollinat
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La Grande Cascade
À cette heure, elle n’est sensible,
La grande cascade du roc,
Qui par son tonnerre d’un bloc,
La nuit la rend toute invisible.
Et, pourtant, sa rumeur compacte
Décèle son bavement fou,
Sa chute à pic, en casse-cou,
Son ruement lourd de cataracte.
Un instant, l’astre frais et pur
Écarte son nuage obscur,
Comme un œil lève sa paupière ;
Et l’on croit voir, subitement,
Crouler des murs de diamant
Dans un abîme de lumière.
poésie de Maurice Rollinat
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