L'oeuvre est une sueur.
Jean Cocteau dans Le secret professionnel
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Des citations similaires
Un chef-d'oeuvre est une bataille gagnée contre la mort.
Jean Cocteau dans Secrets de beauté
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Le chef d'oeuvre n'est, après tout, qu'un numéro de chien savant sur une terre peu solide.
Jean Cocteau dans Journal d'un inconnu
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Fais de toi ton oeuvre posthume.
citation de Tristan Corbiere
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Pas de chef-d'oeuvre dans la paresse!
citation de Salvador Dali
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L'auteur dans son oeuvre doit être comme dieu dans l'univers, présent partout et visible nulle part.
citation de Gustave Flaubert
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Les oeuvres des enfants ont leur place à côté des chefs-d'oeuvre des grands maîtres.
Henry Miller dans Peindre c'est aimer à nouveau
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La Mauvaise Rencontre
Il fait un de ces temps où la sueur vous trempe,
Où l’on est de plomb pour marcher,
Gorge sèche et feu dans les tempes.
Sur le haut d’un petit rocher
Un grand chat noir se tient juché,
Tandis que juste au bas une vipère rampe.
D’où vient ce chat lisse et narquois
Qui n’a pas du tout l’air de vivre dans les bois ?
Pourquoi, si tard, cette vipère
N’est-elle pas dans son repaire ?
L’une, par sa langue fourchue,
L’autre, par le vert de ses yeux,
Illuminent, mystérieux,
Leur coin de lumière déchue.
Le silence plein de féerie
Parfois est coupé seulement
D’un sarcastique sifflement,
D’une amère miaulerie.
Et, par ce soleil au déclin,
Le reptile et le beau félin
Sont d’une horreur inoubliable.
Il semble qu’en ce lieu discret
Sous deux formes vous apparaît
La personne même du diable !
poésie de Maurice Rollinat
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Je vis haut élevé sur colonnes d'ivoire
Je vis haut élevé sur colonnes d'ivoire,
Dont les bases étaient du plus riche métal,
A chapiteaux d'albâtre et frises de cristal,
Le double front d'un arc dressé pour la mémoire.
A chaque face était portraite une victoire,
Portant ailes au dos, avec habit nymphal,
Et haut assise y fut sur un char triomphal
Des empereurs romains la plus antique gloire.
L'ouvrage ne montrait un artifice humain,
ais semblait être fait de cette propre main
Qui forge en aiguisant la paternelle foudre.
Las, je ne veux plus voir rien de beau sous les cieux,
Puisqu'un oeuvre si beau j'ai vu devant mes yeux
D'une soudaine chute être réduit en poudre.
poésie de Joachim du Bellay
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Espérez-vous que la postérité
Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'oeuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?
Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.
Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,
Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robe.
poésie de Joachim du Bellay
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Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique
Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique
De cent brasses de haut : cent colonnes d'un rond
Toutes de diamant ornaient le brave front :
Et la façon de l'oeuvre était à la dorique.
La muraille n'était de marbre ni de brique
Mais d'un luisant cristal, qui du sommet au fond
Elançait mille rais de son ventre profond
Sur cent degrés dorés du plus fin or d'Afrique.
D'or était le lambris, et le sommet encor
Reluisait écaillé de grandes lames d'or :
Le pavé fut de jaspe et d'émeraude fine.
O vanité du monde ! un soudain tremblement
Faisant crouler du mont la plus basse racine,
Renversa ce beau lieu depuis le fondement.
poésie de Joachim du Bellay
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Où que je tourne l'oeil, soit vers le Capitole
Où que je tourne l'oeil, soit vers le Capitole,
Vers les bains d'Antonin ou Dioclétien,
Et si quelque oeuvre encor dure plus ancien
De la porte Saint-Paul jusques à Ponte-mole :
Je déteste à part moi ce vieux faucheur, qui vole,
Et le ciel, qui ce tout a réduit en un rien :
Puis songeant que chacun peut répéter le sien,
Je me blâme, et connais que ma complainte est folle.
Aussi serait celui par trop audacieux,
Qui voudrait accuser ou le temps ou les cieux,
Pour voir une médaille ou colonne brisée.
Et qui sait si les cieux referont point leur tour,
Puisque tant de seigneurs nous voyons chacun jour
Bâtir sur la Rotonde et sur le Colisée ?
poésie de Joachim du Bellay
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Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde
Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde,
S'il n'a le nez armé d'une contresenteur,
Étouffé bien souvent de la grand puanteur
Demeure enseveli dans l'ordure profonde :
Ainsi le bon Marcel ayant levé la bonde,
Pour laisser écouler la fangeuse épaisseur
Des vices entassés, dont son prédécesseur
Avait six ans devant empoisonné le monde
Se trouvant le pauvret de telle odeur surpris,
Tomba mort au milieu de son oeuvre entrepris,
N'ayant pas à demi cette ordure purgée.
Mais quiconque rendra tel ouvrage parfait,
Se pourra bien vanter d'avoir beaucoup plus fait
Que celui qui purgea les étables d'Augée.
poésie de Joachim du Bellay
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Si par peine et sueur et par fidélité
Si par peine et sueur et par fidélité,
Par humble servitude et longue patience,
Employer corps et biens, esprit et conscience,
Et du tout mépriser sa propre utilité,
Si pour n'avoir jamais par importunité
Demandé bénéfice ou autre récompense,
On se doit enrichir, j'aurai (comme je pense)
Quelque bien à la fin, car je l'ai mérité.
Mais si par larcin avancé l'on doit être,
Par mentir, par flatter, par abuser son maître,
Et pis que tout cela faire encor bien souvent :
Je connais que je sème au rivage infertile,
Que je veux cribler l'eau, et que je bats le vent,
Et que je suis, Vineus, serviteur inutile.
poésie de Joachim du Bellay
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L'Ame du Vin
Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles:
"Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité!
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content;
J'allumerai les yeux de ta femme ravie;
À ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.
En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur!"
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
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Le Babylonien ses hauts murs vantera
Le Babylonien ses hauts murs vantera
Et ses vergers en l'air, de son Ephésienne
La Grèce décrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera :
La même Grèce encor vanteuse publiera
De son grand Jupiter l'image Olympienne,
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux Labyrinth' la Créte n'oubliera :
L'antique Rhodien élèvera la gloire
De son fameux Colosse, au temple de Mémoire :
Et si quelque oeuvre encor digne se peut vanter
De marcher en ce rang, quelque plus grand faconde
Le dira : quant à moi, pour tous je veux chanter
Les sept coteaux romains, sept miracles du monde.
poésie de Joachim du Bellay
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Sire, celui qui est a formé toute essence
Sire, celui qui est a formé toute essence
De ce qui n'était rien. C'est l'oeuvre du Seigneur :
Aussi tout honneur doit fléchir à son honneur,
Et tout autre pouvoir céder à sa puissance.
On voit beaucoup de rois, qui sont grands d'apparence :
Mais nul, tant soit-il grand, n'aura jamais tant d'heur
De pouvoir à la vôtre égaler sa grandeur :
Car rien n'est après Dieu si grand qu'un roi de France.
Puis donc que Dieu peut tout, et ne se trouve lieu
Lequel ne soit enclos sous le pouvoir de Dieu,
Vous, de qui la grandeur de Dieu seul est enclose,
Elargissez encor sur moi votre pouvoir,
Sur moi, qui ne suis rien : afin de faire voir
Que de rien un grand roi peut faire quelque chose.
poésie de Joachim du Bellay
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L'extraordinaire est une chose, le mystère en est une autre.
Arthur Conan Doyle dans Sherlock Holmes, Une étude en rouge
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Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité.
citation de Albert Einstein
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Le Faciès humain
Notre âme, ce cloaque ignoré de la sonde,
Transparaît louchement dans le visage humain ;
— Tel un étang sinistre au long d’un vieux chemin
Dissimule sa boue au miroir de son onde.
Si la face de l’homme et de l’eau taciturne
Réfléchit quelquefois des lueurs du dedans,
C’est toujours à travers des lointains très prudents,
Comme un falot perdu dans le brouillard nocturne.
Pour l’esprit souterrain, c’est une carapace
Que ce marbre animé, larmoyant et rieur
Où le souffle enragé du rêve intérieur
Ne se trahit pas plus qu’un soupir dans l’espace.
Peut-être y lirait-on la douleur et la honte
La colère et l’orgueil, la peur et le regret ;
Mais la tentation lui garde son secret,
Et la perversité rarement s’y raconte.
Qui donc a jamais vu les haines endormies,
Les projets assassins, les vices triomphants,
Les luxures de vieux, de vierges et d’enfants,
Sourdre distinctement des physionomies ?
La joue, en devenant tour à tour blême et rouge,
Ne manifeste rien des mystères du cœur ;
La bouche est un Protée indécis et moqueur,
Et l’Énigme revêt la narine qui bouge.
Se rapprochant ou non, battantes ou baissées,
Les paupières, sans doute, ont un jeu préconçu
Sur leur vitrage où doit glisser inaperçu
Le reflet cauteleux des mauvaises pensées.
L’âme écrit seulement ce qu’elle veut écrire
Sur le front jeune ou vieux, limpide ou racorni,
Et ne laisse filtrer qu’un sens indéfini
Dans l’éclair du regard et le pli du sourire.
Elle exerce avec art son guet et sa police
Sur tous les messagers de la sensation,
Et fixe le degré de locomotion
Où devra s’arrêter chaque organe complice.
Calculant sa mimique et dardant sa vitesse,
Elle parcourt les traits, mais sans y déployer
L’ombre des cauchemars qui la font tournoyer
Dans ses bas-fonds d’horreur et de scélératesse.
La strideur de son cri profond et solitaire
N’y fait qu’un roulement d’échos fallacieux ;
Et les lèvres, le front, le nez comme les yeux
S’entendent pour voiler tout ce qu’elle veut taire.
Et l’homme a beau savoir combien le Mal nous ronge,
L’horrible expérience a beau coûter si cher,
À peine surprend-il, sur ce rideau de chair,
Les apparitions informes du mensonge.
Pourtant, il vient une heure où le visage exprime
La rage des démons ou la stupeur des morts,
C’est quand l’Enfer vengeur et divin du remords
Éclaire à fleur de peau les ténèbres du Crime ;
C’est lui qui, du fin fond de cette cave obscure,
Soutire lentement, comme une âcre vapeur,
L’abominable aveu dont la parole a peur,
Et le projette enfin sur toute la figure.
Alors le faciès du coupable qui souffre
Exhibe les poisons de son hideux péché ;
Il mime le forfait si longuement caché
Et répercute un coin le plus noir de son gouffre.
Et contre l’attentat qu’elle crie et proclame
Avec sa flamboyante et froide nudité,
Impitoyablement surgit la Vérité
Sur ce masque imbibé de la sueur de l’âme.
poésie de Maurice Rollinat
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La Laveuse
Voici l’heure où les ménagères
Guettent le retour des bergères.
Avec des souffles froids et saccadés, le vent
Fait moutonner au loin les épaisses fougères
Dans le jour qui va s’achevant.
Là-bas sur un grand monticule
Un moulin à vent gesticule.
Les feuilles d’arbre ont des claquements de drapeaux,
Et l’hymne monotone et doux du crépuscule
Est entonné par les crapauds.
Des silhouettes désolées
Se convulsent dans les vallées,
Et, sur les bords herbeux des routes sans maisons,
Les mètres de cailloux semblent des mausolées
Qui donnent parmi les gazons.
Déjà plus d’un hibou miaule,
Et le pâtre, armé d’une gaule,
Par des chemins boueux, profonds comme des trous,
S’en va passer la nuit sur l’herbe, au pied d’un saule,
Avec ses taureaux bruns et roux.
Dans la solitude profonde
Les vieux chênes à tête ronde,
Fantastiques, ont l’air de vouloir s’en aller
Au fond de l’horizon, que le brouillard inonde,
Et qui paraît se reculer.
Mais les choses dans la pénombre
Se distinguent : figure, nombre
Et couleur des objets inertes ou bougeurs,
Tout cela reste encor visible, quoique sombre,
Sous les nuages voyageurs.
Or, à cette heure un peu hagarde,
Je longe une brande blafarde,
Et pour me rassurer je chante à demi-voix,
Lorsque soudain j’entends un bruit sec. — Je regarde,
Pâle, et voici ce que je vois :
Au bord d’un étang qui clapote,
Une vieille femme en capote,
A genoux, les sabots piqués dans le sol gras,
Lave du linge blanc et bleu qu’elle tapote
Et retapote à tour de bras.
— « Par où donc est-elle venue,
« Cette sépulcrale inconnue ? »
Et je m’arrête alors, pensif et répétant,
Au milieu du brouillard qui tombe de la nue.
Ce soliloque inquiétant.
Œil creux, nez crochu, bouche plate,
Sec et mince comme une latte,
Ce fantôme laveur d’un âge surhumain,
Horriblement coiffé d’un mouchoir écarlate,
Est là, presque sur mon chemin.
Et la centenaire aux yeux jaunes,
Accroupie au pied des grands aunes,
Sorcière de la brande où je m’en vais tout seul,
Frappe à coups redoublés un drap, long de trois aunes,
Qui pourrait bien être un linceul.
Alors, tout à l’horreur des choses
Si fatidiques dans leurs poses,
Je sens la peur venir et la sueur couler,
Car la hideuse vieille en lavant fait des pauses
Et me regarde sans parler.
Et le battoir tombe et retombe
Sur cette nappe de la tombe,
Mêlant son diabolique et formidable bruit
Aux sifflements aigus du vent qui devient trombe ;
Et tout s’efface dans la nuit.
— « Si loin ! pourvu que je me rende ! »
Et je me sauve par la brande
Comme si je sentais la poursuite d’un pas ;
Et dans l’obscurité ma terreur est si grande
Que je ne me retourne pas.
Ici, là, fondrière ou flaque,
Complices de la nuit opaque !
Et la rafale beugle ainsi qu’un taureau noir,
Et voici que sur moi vient s’acharner la claque
De l’abominable battoir.
Enfin, ayant fui de la sorte
A travers la campagne morte,
J’arrive si livide, et si fou de stupeur
Que lorsque j’apparais brusquement à la porte
Mon apparition fait peur !
poésie de Maurice Rollinat
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