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L'Envie

Paix à ces malheureux Esprits
En qui la Haine s’accoutume
Et dont le destin se résume
À mâcher des venins aigris.

La justice étouffe leurs cris
Et les rabat dans leur écume :
Paix à ces malheureux esprits
En qui la Haine s’accoutume.

Pauvres nains tors et rabougris
Que leur impuissance consume !
Plaignons-les donc sans amertume
Et pardonnons-leur sans mépris :
Paix à ces malheureux Esprits.

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Les clochettes

Maintenant, je suis malheureux
De rencontrer ces fleurs clochettes
A bords dentelés, violettes,
Sur les talus des chemins creux.

Et pourtant ces douces fluettes
Sont encor dans leur coin frileux,
Le perchoir des papillons bleus
Qui s'en font des escarpolettes.

Mais qu'importe ! La canicule
Tire à sa fin. L'été recule...
Et, pour l'oreille de mon coeur

Inquiet et pronostiqueur,
A petits tintements moroses
Ces fleurs sonnent le glas des choses.

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Les Clochettes

Maintenant, je suis malheureux
De rencontrer ces fleurs clochettes
À bords dentelés, violettes,
Sur les talus des chemins creux.

Et pourtant ces douces fluettes
Sont encor dans leur coin frileux,
Le perchoir des papillons bleus
Qui s’en font des escarpolettes.

Mais qu’importe ! La canicule
Tire à sa fin. L’été recule...
Et, pour l’oreille de mon cœur

Inquiet et pronostiqueur,
À petits tintements moroses
Ces fleurs sonnent le glas des choses.

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Le dictame

Ruminant au logis tout un passé funèbre
Où des ferments aigris de haine et de remord
Joignaient leur goût de fiel à des saveurs de mort,
J'entrais dans cette horreur où l'esprit s'enténèbre.

Quel qu'il fût, l'être humain, rien qu'avec sa présence
M'évoquant tant de mal que j'ai souffert par lui,
M'aurait envenimé. Contre un si noir ennui
Ma révolte grinçait de son insuffisance.

A la fin, je m'enfuis, je courus les vallées :
La paix de la lumière et de l'ombre mêlées
Noyait troupeau, feuillage, aux creux, sur les penchants ;

Et, guéri comme par un magique dictame,
Je compris, ce jour-là, que le calme des champs
Ramène à leur néant les chimères de l'âme.

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Colette

La quiétude... C’est le bien de ceux qui ont à jamais choisi une part de leur destin, et rejeté l’autre.

Colette dans Paix chez les bêtesSignalez un problèmeDes citations similaires
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Pâles esprits, et vous ombres poudreuses

Pâles esprits, et vous ombres poudreuses,
Qui jouissant de la clarté du jour
Fîtes sortir cet orgueilleux séjour,
Dont nous voyons les reliques cendreuses :

Dites, esprits (ainsi les ténébreuses
Rives de Styx non passable au retour,
Vous enlaçant d'un trois fois triple tout,
N'enferment point vos images ombreuses),

Dites-moi donc (car quelqu'une de vous
Possible encor se cache ici dessous)
Ne sentez-vous augmenter votre peine,

Quand quelquefois de ces coteaux romains
Vous contemplez l'ouvrage de vos mains
N'être plus rien qu'une poudreuse plaine ?

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Albert Einstein

Les grands esprits ont toujours rencontré une opposition farouche des esprits médiocres.

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Doulcin, quand quelquefois je vois ces pauvres filles

Doulcin, quand quelquefois je vois ces pauvres filles
Qui ont le diable au corps, ou le semblent avoir,
D'une horrible façon corps et tête mouvoir,
Et faire ce qu'on dit de ces vieilles Sibylles :

Quand je vois les plus forts se retrouver débiles,
Voulant forcer en vain leur forcené pouvoir :
Et quand même j'y vois perdre tout leur savoir
Ceux qui sont en votre art tenus des plus habiles :

Quand effroyablement écrier je les oy,
Et quand le blanc des yeux renverser je leur voy,
Tout le poil me hérisse, et ne sais plus que dire.

Mais quand je vois un moine avecques son latin
Leur tâter haut et bas le ventre et le tétin,
Cette frayeur se passe, et suis contraint de rire.

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Emile Zola

La haine est sainte. Elle est l'indignation des cœurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise. Haïr c'est aimer, c'est sentir son âme chaude et généreuse, c'est vivre largement du mépris des choses honteuses et bêtes. La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit... Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est que je suis seul et que je hais.

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La châtaigneraie

Gloire à cette rencontre, en ces fonds de la Marche,
Surgissant, après tant de tours et contremarches,
D'une châtaigneraie, immense, en vétusté,
Comblant tout un ravin de son énormité !

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,
Lugubres frères noirs en la difformité,
Horrifiant l'endroit par la solennité,
Le morne, et le croulant de leurs rameaux en arches !

Grave, tombe au sol frais leur grande ombre qui marche
Sur des cèpes suintant leur venin fermenté.
Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,
Lugubres frères noirs en la difformité !

Leurs troncs où les renflés d'écorce font des marches,
Moussus, ont pour l'orfraie un escalier ouaté,
Et la sifflante bête, à la torse démarche,
Trouve, en leur gros pied cave, abri, sécurité.
Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches !

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Les Chauves-souris

Mais pourquoi voler avec tant de mystère
« Et si longuement dans ces grands corridors ?
« Vous seriez si bien à votre aise dehors,
« Dans le brouillard frais qui tombe sur la terre.

« Vous avez sans doute un vol involontaire,
« O chauves-souris noires comme un remords !
« Mais pourquoi voler avec tant de mystère
« Et si longuement dans ces grands corridors ?

« Pour ainsi hanter ce château solitaire,
« Vous n’êtes pas des âmes de mauvais morts ?
« Enfin, pour ce soir, vivent les esprits forts !
« Je reste là, sans que la frayeur m’attère.
« Mais pourquoi voler avec tant de mystère ?

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Les Dents

Je les revois à des époques reculées
Ces merveilleuses dents, froides, immaculées,
Et qui se conservaient sans toilette ni fard
Dans la virginité blanche du nénufar.
Le fait est que ces dents étaient surnaturelles
À force de blancheur et de clarté cruelles,
Et que dans les recoins les plus fuligineux
Elles avaient encore un reflet lumineux
Comme un éclair lointain, la nuit, dans une plaine ;
Et puis, au frôlement continu d’une haleine
Qui musquait le soupir, la phrase et le baiser,
Elles passaient leur vie à s’aromatiser !
Joignant le plus souvent leurs mignonnes arcades,
Elles rendaient la voix grinçante par saccades
Avec je ne sais quoi d’humide et de siffleur.
Comme dans le calice embaumé de la fleur
On voit luire au matin des perles de rosée,
Ainsi dans cette bouche indolente et rosée
Elles m’apparaissaient, opale et diamant,
Dont mon œil emportait un éblouissement.
Oh ! quand, jolis bijoux des gencives si pures,
Ces petits os carrés, habiles aux coupures,
Plutôt faits pour trancher que pour mâcher, brillaient
Dans l’entre-bâillement des lèvres qui riaient,
Que de fois une envie inquiète et farouche
M’a pris de les humer aussi comme la bouche,
Et d’y faire dormir le chagrin qui me mord !
Ainsi que sur les dents d’une tête de mort,
J’imaginais déjà la rouille de la terre
Sur la mate pâleur de cet émail dentaire ;
Je voyais la mâchoire horrible ricanant
Dans une bière, et puis à la fin s’égrenant.
Elles perdaient parfois leur attitude étrange
Quand elles s’amusaient d’une écorce d’orange,
D’un brin d’herbe ou de fil, d’une paille, d’un fruit,
Ou quand elles faisaient craquer à petit bruit
Les amandes, les noix, les marrons, l’angélique,
Dans un grignotement de souris famélique.
En tout lieu, raffinant le meurtre et le dégât
Elles martyrisaient longuement le nougat,
Massacraient les gâteaux, et lentes et câlines
Se délectaient au goût vanillé des pralines.
Ces quenottes alors prenaient un air mutin
Et s’épanouissaient dans un rire enfantin.
Quand elles miroitaient sans montrer leurs gencives,
Elles étaient toujours funèbres et pensives,
Semblant me dire : « Avance ! » ou me dire : « Va-t’en ! »
Ou bien, dignes d’orner la bouche de Satan,
Comme en arrêt devant une pâture humaine,
Mon pauvre cœur peut-être ! Une couche de haine,
De sarcasme et d’horreur y venait adhérer
Quand elles se mettaient à me considérer,
Ces infernales dents, ces adorable niques
Qui se faisaient un jeu de paraître ironiques,
Dont le regard était morsure, et qui le soir
Avaient le froid sinistre et coupant du rasoir.

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Quand je vois ces messieurs, desquels l'autorité

Quand je vois ces messieurs, desquels l'autorité
Se voit ores ici commander en son rang,
D'un front audacieux cheminer flanc à flanc,
Il me semble de voir quelque divinité.

Mais les voyant pâlir lorsque Sa Sainteté
Crache dans un bassin, et d'un visage blanc
Cautement épier s'il y a point de sang,
Puis d'un petit souris feindre une sûreté

O combien (dis-je alors) la grandeur que je voy
Est misérable au prix de la grandeur d'un Roi !
Malheureux qui si cher achète tel honneur.

Vraiment le fer meurtrier et le rocher aussi
Pendent bien sur le chef de ces seigneurs ici,
Puisque d'un vieux filet dépend tout leur bonheur

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Les Morts-vivants

Heureux qui vit sans se connaître
Indéfiniment établi
Dans la paix de son propre oubli,
À la surface de son être !

Car les clairvoyants du destin
Vivent la mort lente et soufferte,
Sentant partout la tombe ouverte
Au bord de leur pas incertain.

Ils ont usé la patience
Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
Toute leur âme est un cercueil
Où se débat la conscience.

Leur existence n’est, au fond,
Qu’une spectrale survivance
Où se confesse par avance
L’inanité de ce qu’ils font.

Le doute dans sa foi d’artiste,
De penseur et de citoyen,
Hélas ! ils n’ont plus le moyen
D’échapper à ce mal si triste !

Épaves de l’humanité,
Cœurs vides, naufragés suprêmes,
Ils traînent le dégoût d’eux-mêmes
À travers la fatalité.

Hors des mirages, des mensonges,
Des espérances, des projets,
Ils sentent qu’ils sont des objets
Fantomatisés par des songes.

D’où leur viendrait-il un secours,
Puisque leur volonté s’achève
En constatant la fin du rêve
À chaque degré de son cours ?

Comme un fruit doué de pensée
Qui guetterait obstinément
Le graduel enfoncement
De la vermineuse percée,

Chacun d’eux, exact à nourrir
Sa funéraire inquiétude,
Espionne sa décrépitude,
Se regarde et s’entend mourir.

L’idée horrible qui les hante
Poursuit leur fièvre et leur torpeur !
Ils se reposent dans la peur,
Ils agissent dans l’épouvante.

De tous les néants du passé
Leur avenir grouille et s’encombre,
Et leur Aujourd’hui n’est que l’ombre
De leur lendemain trépassé.

Si bien que la Mort qui les frôle
Assiste même à leur présent
Et que son œil stérilisant
Y lit par-dessus leur épaule.

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Le sort commun des malheureux est de ne pas vouloir croire ce qui leur est favorable.

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Tout le parfait dont le ciel nous honore

Tout le parfait dont le ciel nous honore,
Tout l'imparfait qui naît dessous les cieux,
Tout ce qui paît nos esprits et nos yeux,
Et tout cela qui nos plaisirs dévore :

Tout le malheur qui notre âge dédore,
Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
Rome du temps de ses premiers aïeux
Le tenait clos, ainsi qu'une Pandore.

Mais le destin, débrouillant ce chaos,
Où tout le bien et le mal fut endos,
A fait depuis que les vertus divines

Volant au ciel ont laissé les péchés,
Qui jusqu'ici se sont tenus cachés
Sous les monceaux de ces vieilles ruines.

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Dans l'étable

Quelle paix ont les araignées
Aux solives comme aux carreaux !
Ici, des ais de tombereaux,
Là, des pioches et des cognées.

Je viens d’échanger des poignées
De main avec les pastoureaux;
Quelle paix ont les araignées
Aux solives comme aux carreaux !

Sur des litières bien soignées
Je vois ruminer les taureaux
Qui parfois entre les barreaux
Passent leurs têtes refrognées.
— Quelle paix ont les araignées !

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Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,

Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,

Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,
Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur,

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flatter, feront d'un diable un ange :
Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.

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Les Petits Fauteuils

Assis le long du mur dans leurs petits fauteuils,
Les deux babys chaussés de bottinettes bleues,
Regardent moutonner des bois de plusieurs lieues
Où l’automne a déjà tendu ses demi-deuils.

Auprès du minet grave et doux comme un apôtre,
Côte à côte ils sont là, les jumeaux ébaubis,
Tous deux si ressemblants de visage et d’habits
Que leur mère s’y trompe et les prend l’un pour l’autre.

Aussi, sur le chemin, la bergère en sabots
S’arrête pour mieux voir leurs ivresses gentilles
Qu’un barrage exigu, fixé par deux chevilles,
Emprisonne si peu dans ces fauteuils nabots.

Avec l’humidité de la fleur qu’on arrose,
Leur bouche de vingt mois montre ses dents de lait,
Ou se ferme en traçant sur leur minois follet
Un accent circonflexe adorablement rose.

Leurs cheveux frisottés où la lumière dort
Ont la suavité vaporeuse des nimbes,
Et, sur leurs fronts bénis par les anges des limbes,
S’emmêlent, tortillés en menus crochets d’or.

Parfois, en tapotant de leurs frêles menottes
La planchette à rebords où dorment leurs pantins,
Ils poussent des cris vifs, triomphants et mutins,
Avec l’inconscience exquise des linottes.

Tout ravis quand leurs yeux rencontrent par hasard
La mouche qui bourdonne et qui fait la navette,
On les voit se pâmer, rire, et sur leur bavette
Saliver de bonheur à l’aspect d’un lézard.

En inclinant vers eux ses clochettes jaspées,
Le liseron grimpeur du vieux mur sans enduit
Forme un cadre odorant qui bouge et qui bruit
Autour de ces lutins en robes de poupées.

Et tandis que venu des horizons chagrins,
Le zéphyr lèche à nu leurs coudes à fossettes,
L’un s’amuse à pincer ses petites chaussettes,
Et l’autre, son collier d’ivoire aux larges grains.

La poule, sans jeter un gloussement d’alarme,
Regarde ses poussins se risquer autour d’eux,
Et le chien accroupi les surveille tous deux
D’un œil mélancolique où tremblote une larme.

La campagne qui meurt paraît vouloir mêler
Son râle d’agonie à leurs frais babillages ;
Maint oiselet pour eux retarde ses voyages,
Et dans un gazouillis semble les appeler.

Le feuillage muet qui perd ses découpures,
En les voyant, se croit à la saison des nids ;
Et la flore des bois et des étangs jaunis
Souffle son dernier baume à leurs narines pures.

Mais voilà que chacun, penchant son joli cou,
Ferme à demi ses yeux dont la paupière tremble ;
Une même langueur les fait bâiller ensemble
Et tous deux à la fois s’endorment tout à coup :

Cependant qu’au-dessus de la terre anxieuse
Le soleil se dérobe au fond des cieux plombés
Et que le crépuscule, embrumant les bébés,
Verse à leur doux sommeil sa paix silencieuse.

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Les Deux Poitrinaires

La brise en soupirant caresse l’herbe haute.
Tous les deux, bouche ouverte, ils marchent côte à côte,
Dos voûté, cou fluet ;
Près d’une haie en fleurs où l'ébène des mûres
Luit dans le fouillis vert des mignonnes ramures,
Ils vont, couple muet.

Ils ont la face blanche et les pommettes rouges ;
Comme les débauchés qui vivent dans les bouges
On les voit chanceler.
Leur Å“il vaguement clair dans un cercle de bistre
A cette fixité nonchalante et sinistre
Qui vous fait reculer.

Ils ont une toux sèche, aiguë, intermittente.
Elle, après chaque accès, est toute palpitante,
Et lui, crache du sang !
Et l'on flaire la mort à ces poignants symptômes,
Et l’aspect douloureux de ces vivants fantômes
Opprime le passant.

Ils se serrent les mains dans une longue étreinte
Avec le tremblement de la pudeur contrainte
Se choquant au désir,
Et pour mieux savourer l’amour qui les enfièvre,
L’une à l’autre parfois se colle chaque lèvre,
Folles de se saisir.

Autour d’eux tout s’éveille et songe à se refaire.
Homme et bête à plein souffle aspirent l’atmosphère,
Rajeunis et contents.
Tout germe et refleurit ; eux, ils sont chlorotiques ;
Tout court ; et chaque pas de ces pauvres étiques
Les rend tout haletants.

Eux seuls font mal à voir, les amants poitrinaires
Avec leurs regards blancs comme des luminaires,
Et leur maigre longueur ;
Je ne sais quoi de froid, d’étrange et de torpide
Sort de ce couple errant, hagard, presque stupide
À force de langueur.

Et pourtant il leur faut l’amour et ses morsures !
Dépravés par un mal, aiguillon des luxures,
Ils avancent leur mort ;
Et le suprême élan de leur force brisée
S’acharne à prolonger dans leur chair épuisée
Le frisson qui les tord.

Se posséder ! Pour eux que la tristesse inonde,
C’est l’oubli des douleurs pendant une seconde,
C’est l’opium d’amour !
Ils se sentent mourir avec béatitude
Dans ce spasme sans nom dont ils ont l’habitude,
Jour et nuit, nuit et jour !

Ensemble ils ont passé par les phases funèbres
Où les nœuds acérés de leurs frêles vertèbres
Leur ont crevé la peau ;
Ensemble ils ont grincé de la même torture :
Donc, ils veulent payer ensemble à la nature
L’inévitable impôt.

Et le gazon muet, quoique plein d’ironies,
Va voir l’accouplement de ces deux agonies
Naître et se consommer ;
Et les profonds échos répéteront les râles
De ces deux moribonds dont les lèvres si pâles
Revivent pour aimer !

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Brusquet à son retour vous racontera, Sire

Brusquet à son retour vous racontera, Sire,
De ces rouges prélats la pompeuse apparence,
Leurs mules, leurs habits, leur longue révérence,
Qui se peut beaucoup mieux représenter que dire.

Il vous racontera, s'il les sait bien décrire,
Les moeurs de cette cour, et quelle différence
Se voit de ces grandeurs à la grandeur de France,
Et mille autres bons points, qui sont dignes de rire.

Il vous peindra la forme et l'habit du Saint Père,
Qui comme Jupiter tout le monde tempère,
Avecques un clin d'oeil : sa faconde et sa grâce,

L'honnêteté des siens, leur grandeur et largesse,
Les présents qu'on lui fit, et de quelle caresse
Tout ce que se dit vôtre à Rome l'on embrasse.

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