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Ayant tant de malheurs gémi profondément

Ayant tant de malheurs gémi profondément,
Je vis une cité quasi semblable à celle
Que vit le messager de la bonne nouvelle,
Mais bâti sur le sable était son fondement.

Il semblait que son chef touchât au firmament,
Et sa forme n'était moins superbe que belle :
Digne, s'il en fut onc, digne d'être immortelle,
Si rien dessous le ciel se fondait fermement.

J'étais émerveillé de voir si bel ouvrage,
Quand du côté du nord vint le cruel orage,
Qui soufflant la fureur de son coeur dépité

Sur tout ce qui s'oppose encontre sa venue,
Renversa sur-le-champ, d'une poudreuse nue,
Les faibles fondements de la grande cité.

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Par armes et vaisseaux Rome dompta le monde

Par armes et vaisseaux Rome dompta le monde,
Et pouvait-on juger qu'une seule cité
Avait de sa grandeur le terme limité
Par la même rondeur de la terre et de l'onde.

Et tant fut la vertu de ce peuple féconde
En vertueux neveux, que sa postérité,
Surmontant ses aïeux en brave autorité,
Mesura le haut ciel à la terre profonde :

Afin qu'ayant rangé tout pouvoir sous sa main,
Rien ne pût être borne à l'empire romain :
Et que, si bien le temps détruit les républiques,

Le temps ne mît si bas la romaine hauteur,
Que le chef déterré aux fondements antiques,
Qui prirent nom de lui, fut découvert menteur.

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Celle que Pyrrhe et le Mars de Libye

Celle que Pyrrhe et le Mars de Libye
N'ont su dompter, cette brave cité
Qui d'un courage au mal exercité
Soutint le choc de la commune envie,

Tant que sa nef par tant d'ondes ravie
Eut contre soi tout le monde incité,
On n'a point vu le roc d'adversité
Rompre sa course heureusement suivie :

Mais défaillant l'objet de sa vertu,
Son pouvoir s'est de lui-même abattu,
Comme celui que le cruel orage

A longuement gardé de faire abord,
Si trop grand vent le chasse sur le port,
Dessus le port se voit faire naufrage.

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Je vis un fier torrent, dont les flots écumeux

Je vis un fier torrent, dont les flots écumeux
Rongeaient les fondements d'une vieille ruine :
Je le vis tout couvert d'une obscure bruine,
Qui s'élevait par l'air en tourbillons fumeux :

Dont se formait un corps à sept chefs merveilleux,
Qui villes et châteaux couvait sous sa poitrine,
Et semblait dévorer d'une égale rapine
Les plus doux animaux et les plus orgueilleux.

J'étais émerveillé de voir ce monstre énorme
Changer en cent façons son effroyable forme,
Lorsque je vis sortir d'un antre scythien

Ce vent impétueux, qui souffle la froidure,
Dissiper ces nuaux, et en si peu que rien
S'évanouir par l'air cette horrible figure.

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Muse, qui autrefois chantas la verte Olive

Muse, qui autrefois chantas la verte Olive,
Empenne tes deux flancs d'une plume nouvelle,
Et te guidant au ciel avecques plus haute aile,
Vole où est d'Apollon la belle plante vive.

Laisse, mon cher souci, la paternelle rive,
Et portant dsormais une charge plus belle,
Adore ce haut nom dont la gloire immortelle
De notre pôle arctique à l'autre pôle arrive.

Loue l'esprit divin, le courage indomptable,
La courtoise douceur, la bonté charitable,
Qui soutient la grandeur et la gloire de France.

Et dis : Cette princesse et si grande et si bonne
Porte dessus son chef de France la couronne :
Mais dis cela si haut, qu'on l'entende à Florence.

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Sur la rive d'un fleuve une nymphe éplorée,

ur la rive d'un fleuve une nymphe éplorée,
Croisant les bras au ciel avec mille sanglots,
Accordait cette plainte au murmure des flots,
Outrageant son beau teint et sa tresse dorée :

Las, où est maintenant cette face honorée,
Où est cette grandeur et cet antique los,
Où tout l'heur et l'honneur du monde fut enclos,
Quand des hommes j'étais et des dieux adorée ?

N'était-ce pas assez que le discord mutin
M'eût fait de tout le monde un publique butin,
Si cet hydre nouveau, digne de cent Hercules,

Foisonnant en sept chefs de vices monstrueux
Ne m'engendrait encore à ces bords tortueux
Tant de cruels Nérons et tant de Caligules ?

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Marcel Proust

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire: "Je m’endors." Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage: une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil; elle ne choquait pas ma raison mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était plus allumé.

Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann (1913)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique

Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique
De cent brasses de haut : cent colonnes d'un rond
Toutes de diamant ornaient le brave front :
Et la façon de l'oeuvre était à la dorique.

La muraille n'était de marbre ni de brique
Mais d'un luisant cristal, qui du sommet au fond
Elançait mille rais de son ventre profond
Sur cent degrés dorés du plus fin or d'Afrique.

D'or était le lambris, et le sommet encor
Reluisait écaillé de grandes lames d'or :
Le pavé fut de jaspe et d'émeraude fine.

O vanité du monde ! un soudain tremblement
Faisant crouler du mont la plus basse racine,
Renversa ce beau lieu depuis le fondement.

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Plus riche assez que ne se montrait celle

Plus riche assez que ne se montrait celle
Qui apparut au triste Florentin,
Jetant ma vue au rivage latin,
Je vis de loin surgir une nacelle :

Mais tout soudain la tempête cruelle,
Portant envie à si riche butin,
Vint assaillir d'un aquilon mutin
La belle nef des autres la plus belle.

Finalement l'orage impétueux
Fit abîmer d'un gouffre tortueux
La grand richesse à nulle autre seconde.

Je vis sous l'eau perdre le beau trésor,
La belle nef, et les roches encor,
Puis vis la nef se ressourdre sur l'onde.

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Si après quarante ans de fidèle service

Si après quarante ans de fidèle service
Que celui que je sers a fait en divers lieux,
Employant, libéral, tout son plus et son mieux
Aux affaires qui sont de plus digne exercice,

D'un haineux étranger l'envieuse malice
Exerce contre lui son courage odieux,
Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
Oppose à la vertu l'ignorance et le vice,

Me dois-je tourmenter, moi, qui suis moins que rien,
Si par quelqu'un (peut-être) envieux de mon bien
Je ne trouve à mon gré la faveur opportune ?

Je me console donc, et en pareille mer,
Voyant mon cher seigneur au danger d'arrimer,
Il me plaît de courir une même fortune.

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Non autrement qu'on voit la pluvieuse nue

Non autrement qu'on voit la pluvieuse nue
Des vapeurs de la terre en l'air se soulever,
Puis se courbant en arc, afin de s'abreuver,
Se plonger dans le sein de Téthys la chenue,

Et montant derechef d'où elle était venue,
Sous un grand ventre obscur tout le monde couver,
Tant que finablement on la voit se crever,
Or en pluie, or en neige, or en grêle menue :

Cette ville qui fut l'ouvrage d'un pasteur,
S'élevant peu à peu, crut en telle hauteur
Que reine elle se vit de la terre et de l'onde :

Tant que ne pouvant plus si grand faix soutenir,
Son pouvoir dissipé s'écarta par le monde,
Montrant que tout en rien doit un jour devenir.

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Valeriu Butulescu

Elle me semblait une fleur, tant elle était belle, parfumée et passive.

aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve GomezSignalez un problèmeDes citations similaires
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Sire, celui qui est a formé toute essence

Sire, celui qui est a formé toute essence
De ce qui n'était rien. C'est l'oeuvre du Seigneur :
Aussi tout honneur doit fléchir à son honneur,
Et tout autre pouvoir céder à sa puissance.

On voit beaucoup de rois, qui sont grands d'apparence :
Mais nul, tant soit-il grand, n'aura jamais tant d'heur
De pouvoir à la vôtre égaler sa grandeur :
Car rien n'est après Dieu si grand qu'un roi de France.

Puis donc que Dieu peut tout, et ne se trouve lieu
Lequel ne soit enclos sous le pouvoir de Dieu,
Vous, de qui la grandeur de Dieu seul est enclose,

Elargissez encor sur moi votre pouvoir,
Sur moi, qui ne suis rien : afin de faire voir
Que de rien un grand roi peut faire quelque chose.

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Puis m'apparut une pointe aiguisée

Puis m'apparut une pointe aiguisée
D'un diamant de dix pieds en carré,
A sa hauteur justement mesuré,
Tant qu'un archer pourrait prendre visée.

Sur cette pointe une urne fut posée
De ce métal sur tous plus honoré :
Et reposait en ce vase doré
D'un grand César la cendre composée.

Aux quatre coins étaient couchés encor
Pour piédestal quatre grands lions d'or,
Digne tombeau d'une si digne cendre.

Las, rien ne dure au monde que tourment !
Je vis du ciel la tempête descendre,
Et foudroyer ce brave monument.

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Celle qui de son chef les étoiles passait,

Celle qui de son chef les étoiles passait,
Et d'un pied sur Thétis, l'autre dessous l'Aurore,
D'une main sur le Scythe, et l'autre sur le More,
De la terre et du ciel la rondeur compassait :

Jupiter ayant peur, si plus elle croissait,
Que l'orgueil des Géants se relevât encore,
L'accabla sous ces monts, ces sept monts qui sont ore
Tombeaux de la grandeur qui le ciel menaçait.

Il lui mit sur le chef la croupe Saturnale,
Puis dessus l'estomac assit la Quirinale,
Sur le ventre il planta l'antique Palatin,

Mit sur la dextre main la hauteur Célienne,
Sur la senestre assit l'échine Exquilienne,
Viminal sur un pied, sur l'autre l'Aventin

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Pâles esprits, et vous ombres poudreuses

Pâles esprits, et vous ombres poudreuses,
Qui jouissant de la clarté du jour
Fîtes sortir cet orgueilleux séjour,
Dont nous voyons les reliques cendreuses :

Dites, esprits (ainsi les ténébreuses
Rives de Styx non passable au retour,
Vous enlaçant d'un trois fois triple tout,
N'enferment point vos images ombreuses),

Dites-moi donc (car quelqu'une de vous
Possible encor se cache ici dessous)
Ne sentez-vous augmenter votre peine,

Quand quelquefois de ces coteaux romains
Vous contemplez l'ouvrage de vos mains
N'être plus rien qu'une poudreuse plaine ?

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Le mal de toi

Y a plus de soleil
Quand j´me réveille,
Matin chagrin
Quand j´ai le mal de toi.
Cassé la nuit,
Le jour ausi.
Plus faim, pas bien
Quand j´ai le mal de toi

Mais quand j´ai le mal de toi,
Je raconte n´importe quoi:
Que tu n´me manques pas,
Que j´t´attends pas,
Que j´ai des ailes,
Une vie nouvelle.
Sourire devant,
Souffrir dedans.
J´peux mentir comme ça
Quand j´ai le mal de toi.

Ton pull sur moi
Me donne moins froid,
Parfum qui r´vient
Quand j´ai le mal de toi.
T´écrire une lettre,
Partir peut-être.
Mourir, c´est rien
Quand j´ai le mal de toi.

Mais quand j´ai le mal de toi,
Je raconte n´importe quoi:
Que tu n´me manques pas,
Que j´t´attends pas,
Que j´ai des ailes,
Une vie nouvelle.
Sourire devant,
Souffrir dedans.
J´peux mentir comme ça
Quand j´ai le mal de toi

Et puis l´espoir, j´suis sûr de t´voir,
Demain, ce soir ou bien plus tard.
Je n´veux plus croire qu´on nous sépare
Quand j´ai le mal de toi.
Ça y est t´es là, j´entends ta voix.
J´ai l´cœur qui bat, tu cours vers moi.
T´es dans mes bras... J´délire comme ça
Quand j´ai le mal de toi.

Mais quand j´ai le mal de toi,
Je raconte n´importe quoi:
Que tu n´me manques pas,
Que j´t´attends pas,
Que j´ai des ailes,
Une vie nouvelle.
Sourire devant,
Souffrir dedans.
J´peux mentir comme ça
Quand j´ai le mal de toi.

chanson interprété par Francois FeldmanSignalez un problèmeDes citations similaires
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La Réprouvée

Quelle était donc, ainsi, tout de noir recouverte,
Cette femme, là-bas, d’un si lugubre effet,
En me croisant, m’ayant laissé voir qu’elle avait
Le crâne dans du linge et la figure verte ?...

Mais, verte ! de ce vert végétal, cru, blanc jaune,
Comme un gros masque d’herbe et de feuilles de chou !
Elle avait passé là, d’un pied de caoutchouc,
Sans bruit, avec un air de chercheuse d’aumône.

Je la suivais des yeux, je la suivis des pas ;
Et, quand je fus près d’elle, en tremblant, presque bas,
Dans le son de ma voix mettant toute mon âme ;
« Mais qui donc êtes-vous, lui dis-je, pauvre femme ? »

Alors, parlant de dos, elle me répondit :
« C’que j’suis ? Vous n’savez pas ? eh ben ! j’suis l’êtr’ maudit !
Oh ! l’plus misérable et l’plus triste
Comm’ le plus inr’gardab’ q’existe !
N’ayant rien qu’à s’montrer pour fair’ le désert ;
J’suis la femm’ dont, au moins depuis vingt ans, l’cancer
A mangé p’tit à p’tit la fac’, comme un’ lent’ bête ;
Celle qui traîne après ell’ du dégoût et d’l’effroi,
À qui, s’renfermant vit’, les gens de son endroit
Donn’ du pain en r’tournant la tête !

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Je vis haut élevé sur colonnes d'ivoire

Je vis haut élevé sur colonnes d'ivoire,
Dont les bases étaient du plus riche métal,
A chapiteaux d'albâtre et frises de cristal,
Le double front d'un arc dressé pour la mémoire.

A chaque face était portraite une victoire,
Portant ailes au dos, avec habit nymphal,
Et haut assise y fut sur un char triomphal
Des empereurs romains la plus antique gloire.

L'ouvrage ne montrait un artifice humain,
ais semblait être fait de cette propre main
Qui forge en aiguisant la paternelle foudre.

Las, je ne veux plus voir rien de beau sous les cieux,
Puisqu'un oeuvre si beau j'ai vu devant mes yeux
D'une soudaine chute être réduit en poudre.

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Si l'aveugle fureur, qui cause les batailles

Si l'aveugle fureur, qui cause les batailles,
Des pareils animaux n'a les coeurs allumés,
Soit ceux qui vont courant ou soit les emplumés,
Ceux-là qui vont rampant ou les armés d'écailles :

Quelle ardente Erinnys de ses rouges tenailles
Vous pincetait les coeurs de rage envenimés,
Quand si cruellement l'un sur l'autre animés
Vous détrempiez le fer en vos propres entrailles ?

Etait-ce point, Romains, votre cruel destin,
Ou quelque vieux péché qui d'un discord mutin
Exerçait contre vous sa vengeance éternelle ?

Ne permettant des dieux le juste jugement,
Vos murs ensanglantés par la main fraternelle
Se pouvoir assurer d'un ferme fondement.

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La Complaînte du désespéré

Qui prêtera la parole
A la douleur qui m'affole ?
Qui donnera les accents
A la plainte qui me guide :
Et qui lâchera la bride
A la fureur que je sens ?

Qui baillera double force
A mon âme, qui s'efforce
De soupirer mes douleurs ?
Et qui fera sur ma face
D'une larmoyante trace
Couler deux ruisseaux de pleurs ?...

Et vous mes vers, dont la course
A de sa première source
Les sentiers abandonnés,
Fuyez à bride avalée.
Et la prochaine vallée
De votre bruit étonnez.

Votre eau, qui fut claire et lente,
Ores trouble et violente,
Semblable à ma douleur soit,
Et plus ne mêlez votre onde
A l'or de l'arène blonde,
Dont votre fond jaunissoit...

Chacune chose décline
Au lieu de son origine
Et l'an, qui est coutumier
De faire mourir et naître,
Ce qui fut rien, avant qu'être,
Réduit à son rien premier.

Mais la tristesse profonde,
Qui d'un pied ferme se fonde
Au plus secret de mon coeur,
Seule immuable demeure,
Et contre moi d'heure en heure
Acquiert nouvelle vigueur...

Quelque part que je me tourne,
Le long silence y séjourne
Comme en ces temples dévots,
Et comme si toutes choses
Pêle-mêle étaient r'encloses
Dedans leur premier Chaos...

Maudite donc la lumière
Qui m'éclaira la première,
Puisque le ciel rigoureux
Assujettit ma naissance
A l'indomptable puissance
D'un astre si malheureux...

Heureuse la créature
Qui a fait sa sépulture
Dans le ventre maternel !
Heureux celui dont la vie
En sortant s'est vue ravie
Par un sommeil éternel !...

Sus, mon âme, tourne arrière,
Et borne ici la carrière
De tes ingrates douleurs.
Il est temps de faire épreuve,
Si après la mort on treuve
La fin de tant de malheurs.

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