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Si la vertu, qui est de nature immortelle

Si la vertu, qui est de nature immortelle,
Comme immortelles sont les semences des cieux,
Ainsi qu'à nos esprits, se montrait à nos yeux,
Et nos sens hébétés étaient capables d'elle,

Non ceux-là seulement qui l'imaginent telle,
Et ceux auxquels le vice est un monstre odieux,
Mais on verrait encor les mêmes vicieux
Epris de sa beauté, des beautés la plus belle.

Si tant aimable donc serait cette vertu
A qui la pourrait voir, Vineus, t'ébahis-tu
Si j'ai de ma princesse au coeur l'image empreinte ?

Si sa vertu j'adore, et si d'affection
Je parle si souvent de sa perfection,
Vu que la vertu même en son visage est peinte

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Digne fils de Henri, notre Hercule gaulois,

Digne fils de Henri, notre Hercule gaulois,
Notre second espoir, qui portes sur ta face
Retraite au naturel la maternelle grâce
Et gravée en ton coeur la vertu de Valois :

Cependant que le ciel, qui jà dessous tes lois
Trois peuples a soumis, armera ton audace
D'une plus grand vigueur, suis ton père à la trace,
Et apprends à dompter l'Espagnol et l'Anglois.

Voici de la vertu la pénible montée,
Qui par le seul travail veut être surmontée :
Voilà de l'autre part le grand chemin battu,

Où au séjour du vice on monte sans échelle.
Deçà, Seigneur, deçà, où la vertu t'appelle,
Hercule se fit dieu par la seule vertu.

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Baif, qui, comme moi, prouves l'adversité

Baif, qui, comme moi, prouves l'adversité,
Il n'est pas toujours bon de combattre l'orage,
Il faut caler la voile, et de peur du naufrage
Céder à la fureur de Neptune irrité.

Mais il ne faut aussi par crainte et vilité
S'abandonner en proie : il faut prendre courage,
Il faut feindre souvent l'espoir par le visage,
Et faut faire vertu de la nécessité.

Donques sans nous ronger le coeur d'un trop grand soin,
Mais de notre vertu nous aidant au besoin,
Combattons le malheur. Quant à moi, je proteste

Que je veux désormais fortune dépiter,
Et que si elle entreprend le me faire quitter,
Je le tiendrai, Baïf, et fût-ce de ma reste.

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Tout le parfait dont le ciel nous honore

Tout le parfait dont le ciel nous honore,
Tout l'imparfait qui naît dessous les cieux,
Tout ce qui paît nos esprits et nos yeux,
Et tout cela qui nos plaisirs dévore :

Tout le malheur qui notre âge dédore,
Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
Rome du temps de ses premiers aïeux
Le tenait clos, ainsi qu'une Pandore.

Mais le destin, débrouillant ce chaos,
Où tout le bien et le mal fut endos,
A fait depuis que les vertus divines

Volant au ciel ont laissé les péchés,
Qui jusqu'ici se sont tenus cachés
Sous les monceaux de ces vieilles ruines.

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Si onques de pitié ton âme fut atteinte

Si onques de pitié ton âme fut atteinte,
Voyant indignement ton ami tourmenté,
Et si onques tes yeux ont expérimenté
Les poignants aiguillons d'une douleur non feinte,

Vois la mienne en ces vers sans artifice peinte,
Comme sans artifice est ma simplicité :
Et si pour moi tu n'es à pleurer incité,
Ne te ris pour le moins des soupirs de ma plainte.

Ainsi, mon cher Vineus, jamais ne puisses-tu
Eprouver les regrets qu'éprouve une vertu
Qui se voit défrauder du loyer de sa peine :

Ainsi l'oeil de ton roi favorable te soit,
Et ce qui des plus fins l'espérance déçoit,
N'abuse ta bonté d'une promesse vaine.

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Si après quarante ans de fidèle service

Si après quarante ans de fidèle service
Que celui que je sers a fait en divers lieux,
Employant, libéral, tout son plus et son mieux
Aux affaires qui sont de plus digne exercice,

D'un haineux étranger l'envieuse malice
Exerce contre lui son courage odieux,
Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
Oppose à la vertu l'ignorance et le vice,

Me dois-je tourmenter, moi, qui suis moins que rien,
Si par quelqu'un (peut-être) envieux de mon bien
Je ne trouve à mon gré la faveur opportune ?

Je me console donc, et en pareille mer,
Voyant mon cher seigneur au danger d'arrimer,
Il me plaît de courir une même fortune.

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Charles Baudelaire

L'Amour du mensonge

Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond;

Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

Je me dis: Qu'elle est belle! et bizarrement fraîche!
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.

Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs?

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,
Qui ne recèlent point de secrets précieux;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux!

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence?
Masque ou décor, salut! J'adore ta beauté.

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Les Larmes du monde

Dans les yeux de l’Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.
Tous nos rires, tous nos vacarmes
Sanglotent leur inanité !

En vain l’orgueil et la santé
Sont nos boucliers et nos armes,
Dans les yeux de l’Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.

Et l’inerte Fatalité
Qui se repait de nos alarmes,
Sourit à l’océan de larmes
Qui roule pour l'éternité
Dans les yeux de l’Humanité !

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Gordes, que Du Bellay aime plus que ses yeux,

Gordes, que Du Bellay aime plus que ses yeux,
Vois comme la nature, ainsi que du visage,
Nous a faits différents de moeurs et de courage,
Et ce qui plaît à l'un, à l'autre est odieux.

Tu dis : je ne puis voir un sot audacieux
Qui un moindre que lui brave à son avantage,
Qui s'écoute parler, qui farde son langage,
Et fait croire de lui qu'il est mignon des dieux.

Je suis tout au contraire, et ma raison est telle :
Celui dont la douleur courtoisement m'appelle,
Me fait outre mon gré courtisan devenir :

Mais de tel entretien le brave me dispense :
Car n'étant obligé vers lui de récompense,
Je le laisse tout seul lui-même entretenir.

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La Chanson des amoureuses

Nos soupirs s’en vont dans la tombe
Comme des souffles dans la nuit,
Et nos plaintes sont un vain bruit
Comme celles de la colombe.

Tout prend son vol et tout retombe,
Tout s’enracine et tout s’enfuit !
Nos soupirs s’en vont dans la tombe
Comme des souffles dans la nuit.

C’est toujours la mort qui surplombe
Le nouvel amour qui séduit,
Et pas à pas, elle nous suit
Dans la volupté qui nous plombe.
Nos soupirs s’en vont dans la tombe.

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Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !

Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !
Trêve que le chrétien ne peut assez chanter,
Puisque seule tu as la vertu d'enchanter
De nos travaux passés la souvenance grève.

Tu dois durer cinq ans : et que l'envie en crève :
Car si le ciel bénin te permet enfanter
Ce qu'on attend de toi, tu te pourras vanter
D'avoir fait une paix qui ne sera si brève.

Mais si le favori en ce commun repos
Doit avoir désormais le temps plus à propos
D'accuser l'innocent, pour lui ravir sa terre :

Si le fruit de la paix du peuple tant requis
A l'avare avocat est seulement acquis :
Trêve, va-t'en en paix, et retourne la guerre.

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Morel, quand quelquefois je perds le temps à lire

Morel, quand quelquefois je perds le temps à lire
Ce que font aujourd'hui nos trafiqueurs d'honneurs,
Je ris de voir ainsi déguiser ces seigneurs,
Desquels (comme l'on dit) ils font comme de cire.

Et qui pourrait, bons dieux ! se contenir de rire
Voyant un corbeau peint de diverses couleurs,
Un pourceau couronné de roses et de fleurs,
Ou le portrait d'un âne accordant une lyre ?

La louange, à qui n'a rien de louable en soi,
Ne sert que de le faire à tous montrer au doigt,
Mais elle est le loyer de cil qui la mérite.

C'est ce qui fait, Morel, que si mal volontiers
Je dis ceux dont le nom fait rougir les papiers,
Et que j'ai si fréquent celui de Marguerite.

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La Pensée

C’est l’ennemi sournois, mais sûr,
Sphinx intime, cancer obscur,
De ce tas de cendres futur
Appelé l’homme.
Elle fausse tous ses ressorts,
Épuise tous ses réconforts
Et chicane tous ses efforts
Qu’elle consomme.

Sans doute, elle évoque à ses yeux
Maint rêve descendu des cieux
Avec le vol délicieux
De la colombe,
Mais elle nourrit son remord
Et le réveille quand il dort
Par des chuchotements de mort
Et d’outre-tombe.

Hélas ! chacun est l’écheveau
Qu’embrouille au fond de son caveau
Ce vieux spectre toujours nouveau ;
Mauvaise mère
Dont les petits qu’elle a couvés,
Par elle-même dépravés
Deviennent les enfants-trouvés
De la Chimère.

En nous elle plombe et tarit
L’illusion verte qui rit ;
Elle étend sur l’âme et l’esprit
Sa glu chancreuse ;
Puis, sur eux, tirant ses verrous,
Les écrase entre ses écrous,
Et, féroce, y creuse des trous
Qu’elle recreuse.

Sans cesse elle revient au deuil
Comme un flot revient à l’écueil ;
Elle grossit en un clin d’œil
Ce qui nous froisse ;
Tout le jour elle nous a nui,
Et l’implacable dans la nuit
Nous tricote encor de l’ennui
Et de l’angoisse.

Elle glace nos jeux, nos arts
Qui lazzaronaient en lézards,
Nous prédit les mauvais hasards
Des occurrences ;
Et dans la nocturne vapeur
Elle nous invente la Peur
Avec l’éveil ou la stupeur
Des apparences.

Ce comptable sec et retors
Additionne tous nos torts
Et fige dans ses coffres-forts
Toutes nos larmes ;
C’est le maniaque secret
Qui jamais las, jamais distrait,
Tourne la meule du regret
Et des alarmes.

Nous croyons noyer dans le vin
Ce monstre infernal ou divin
Pour qui notre moelle est en vain
Redépensée ;
Le Ciel serait si consolant,
Le corps si pur, l’amour si blanc
Et le cercueil si peu troublant
Sans la pensée !

Mais buvons sans trêve ! Agissons !
Lutte inutile ! nous pensons :
Notre chair a tous les frissons
De la contrainte,
Et malgré notre acharnement
Pour exister physiquement,
Nous retombons dans le tourment
De cette étreinte.

Que l’on veuille croire ou douter,
Elle arrive à nous dérouter,
Et, si parfois, pour nous tenter,
Elle aventure
Un Parce que contre un Pourquoi,
Bien vite elle oppose à la Foi
Le scepticisme qui rit froid
Et qui rature.

Sous le chagrin qu’elle épaissit,
L’enthousiasme se rancit ;
Elle supprime ou raccourcit
La confidence,
Et dans le danger, qu’elle accroît,
Nous fait du courage un adroit
Qui suppute, esquive et ne croit
Qu’à la prudence.

La Justice et la Vérité
Qui nous mènent à la clarté,
Elle les jette de côté,
Et l’on s’embarque
Pour le noir et pour l’incertain
Devant ce douanier hautain
Qui ne laisse passer l’instinct
Qu’avec sa marque.

Elle a le conseil si tortu,
Si captieux et si pointu
Qu’elle suggère à la Vertu
Le goût du crime ;
Et pas un homme n’est vainqueur
De ce terrible épilogueur,
Espèce de crapaud du cœur
Qui nous opprime.

Elle use par l’obsession,
Par la mystification,
Par le fiel et la succion
De sa censure
Le labeur qu’elle a suscité,
Et fournit à l’oisiveté
La vénéneuse activité
De la luxure.

Et quand par elle on est à bout,
Si terminé, si mort à tout,
Qu’on n’a pas même le dégoût
De la souffrance,
Un drap noir croule sur nos jours,
Un drap lourd entre les plus lourds,
Sans croix ni larmes de velours :
L’Indifférence !

Puis elle atteint son but fatal ;
Après un voyage final,
Elle nous prend au fond du Mal
Et nous oublie
Par delà l’horrible cloison
Qui limite notre horizon :
Et c’est la mort de la Raison
Dans la Folie.

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Le Fantôme du crime

La mauvaise pensée arrive dans mon âme
En tous lieux, à toute heure, au fort de mes travaux,
Et j’ai beau m’épurer dans un rigoureux blâme
Pour tout ce que le Mal insuffle à nos cerveaux,
La mauvaise pensée arrive dans mon âme.

J’écoute malgré moi les notes infernales
Qui vibrent dans mon cœur où Satan vient cogner ;
Et bien que j’aie horreur des viles saturnales
Dont l’ombre seulement suffit pour m’indigner,
J’écoute malgré moi les notes infernales.

Mon crâne est un cachot plein d’horribles bouffées ;
Le fantôme du crime à travers ma raison
Y rôde, pénétrant comme un regard de fées.
Faut-il que ma vertu s’abreuve de poison !
Mon crâne est un cachot plein d’horribles bouffées.

Le meurtre, le viol, le vol, le parricide
Passent dans mon esprit comme un farouche éclair,
Et quoique pour le Bien toujours je me décide,
Je frémis en voyant ramper dans mon enfer
Le meurtre, le viol, le vol, le parricide.

Et pourtant l’assassin à mes yeux est vipère ;
Je fuis le moindre escroc comme un pestiféré
Et je maudis le fils qui poignarde son père.
Souvent, le meurtre parle à mon cœur effaré,
Et pourtant l’assassin à mes yeux est vipère.

Je plains sincèrement la fille violée
Et je la vengerais si j’en avais le droit ;
Mais par d’impurs désirs mon âme harcelée
Pour séduire une enfant cherche un moyen adroit ;
Je plains sincèrement la fille violée.

Le Mal frappe sur moi comme un flot sur la grève :
Il accourt, lèche et fuit, sans laisser de limon,
Mais je conserve hélas ! le souvenir du rêve
Où j’ai failli saigner sous l’ongle d’un démon.
Le Mal frappe sur moi comme un flot sur la grève.

Satan ! dans la géhenne où tes victimes brûlent,
Tu convoites un cœur qui n’est pas né pour toi ;
Souverain d’un empire où les peuples pullulent,
Qu’as-tu besoin encor d’un juste sous ton toit,
Satan, roi des enfers où tous les damnés brûlent ?

Ô toi ! Cause première à qui l’effet remonte,
Aux yeux de Lucifer voile mon flanc si nu !
Et dans l’affreux danger qui parfois me démonte,
Je me sentirai fort si je suis soutenu
Par toi, Cause première à qui l’effet remonte !

L’homme est donc bien pervers, ou le ciel bien féroce !
Pourquoi l’instinct du Mal est-il si fort en nous,
Que notre volonté subit son joug atroce
À l’heure où la prière écorche nos genoux ?...
L’homme est donc bien pervers, ou le ciel bien féroce !

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La Bruyère

Il y a entre la jalousie et l'émulation le même éloignement qu'entre le vice et la vertu.

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Quand cette belle fleur premièrement je vis

Quand cette belle fleur premièrement je vis,
Qui notre âge de fer de ses vertus redore,
Bien que sa grand' valeur je ne connusse encore,
Si fus-je en la voyant de merveille ravi.

Depuis, ayant le cours de fortune suivi,
Où le Tibre tortu de jaune se colore,
Et voyant ces grands dieux, que l'ignorance adore,
Ignorants, vicieux et méchants à l'envi :

Alors, Forget, alors cette erreur ancienne,
Qui n'avait bien connu ta princesse et la mienne,
La venant à revoir, se dessilla les yeux :

Alors je m'aperçus qu'ignorant son mérite
J'avais, sans la connaître, admiré Marguerite,
Comme, sans les connaître, on admire les cieux

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Comme jadis l'ame de l'univers

Comme jadis l'ame de l'univers
Enamourée en sa beaulté profonde,
Pour façonner cette grand' forme ronde,
Et l'enrichir de ses thesors divers,

Courbant sur nous son temple aux yeulx ouvers,
Separa l'air, le feu, la terre, et l'onde,
Et pour tirer les semences du monde
Sonda le creux des abismes couvers :

Non autrement, ô l'ame de ma vie !
Tu feus à toy par toymesme ravie
Te voyant peinte en mon affection,

Lors ton regard d'un accord plus humain
Lia mes sens, ou Amour de sa main
Forma le rond de ta perfection.

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L'Abandonnée

La belle en larmes
Pleure l’abandon de ses charmes
Dont un volage enjôleur
A cueilli la fleur.
Elle sanglote
Au bord de l’onde qui grelotte
Sous les peupliers tremblants,
Pendant que son regard flotte
Et se perd sous les nénufars blancs.

« Adieu ! dit-elle,
Ô toi qui me fus infidèle.
Je t’offre, avant de mourir,
Mon dernier soupir.
Je te pardonne,
Aussi douce que la Madone,
Je te bénis par ma mort.
Le trépas que je me donne,
Pour mon cœur c’est ton amour encor.

Mon souvenir tendre
Sait toujours te voir et t’entendre
Et, par lui, rien n’est effacé
Du bonheur passé.
Nos doux libertinages
Dans les ravins, sous les feuillages,
Au long des ruisseaux tortueux,
Sont encor de claires images
Revenant aux appels de mes yeux.

Ton fruit que je porte
Dans mon ventre de bientôt morte,
C’est toi-même, tes os, ton sang,
Ô mon cher amant !
Traits pour traits, il me semble
Si bien sentir qu’il te ressemble !
Je ne fais donc qu’une avec toi ;
Je me dis que, fondus ensemble,
Tu mourras en même temps que moi. »

Puis, blême et hagarde,
Elle se penche, elle regarde
Le plus noir profond de l’eau
Qui sera son tombeau.
Elle se pâme
Devant le gouffre qui la réclame,
Et dit le nom, en s’y jetant,
De l’homme qu’elle aimait tant
Que, sans lui, son corps n’avait plus d’âme !

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Dinu Lipatti

La musique doit vivre sous nos doigts, sous nos yeux, dans nos cœurs et nos cerveaux, avec tout ce que nous, les vivants, pouvons lui apporter en offrande.

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Victor Hugo

La vertu a un voile, le vice a un masque.

Victor Hugo dans Post-scriptum de ma vie (janvier 1901)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Charles Darwin

Ainsi, ce sont bien nos ancêtres qui sont à l'origine de nos mauvaises passions! Le diable, sous l'apparence du babouin, est notre grand-père.

Charles Darwin dans Carnet de notes (1838)Signalez un problèmeDes citations similaires
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