On n'a cessé, depuis plus de vingt siècles, de nous vanter la chasteté de la belle Susanne, et sa résistance à deux vieux libertins; mais la victoire eut été bien autrement méritoire et glorieuse si les indiscrets qui la surprirent au bain eussent rivalisé avec elle de jeunesse et de beauté.
auteur inconnu/anonyme (1854)
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Tout le parfait dont le ciel nous honore
Tout le parfait dont le ciel nous honore,
Tout l'imparfait qui naît dessous les cieux,
Tout ce qui paît nos esprits et nos yeux,
Et tout cela qui nos plaisirs dévore :
Tout le malheur qui notre âge dédore,
Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
Rome du temps de ses premiers aïeux
Le tenait clos, ainsi qu'une Pandore.
Mais le destin, débrouillant ce chaos,
Où tout le bien et le mal fut endos,
A fait depuis que les vertus divines
Volant au ciel ont laissé les péchés,
Qui jusqu'ici se sont tenus cachés
Sous les monceaux de ces vieilles ruines.
poésie de Joachim du Bellay
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L'Hôte suspect
Nous sommes bien seuls au bas de cette côte !
Bien seuls ! Et minuit qui tinte au vieux coucou !
J’ai peur ! l’étranger m’inquiète beaucoup.
Il quitte le feu, s’en rapproche, s’en ôte,
Ne parle qu’à peine, et jamais à voix haute :
Cet individu médite un mauvais coup !
Nous sommes bien seuls au bas de cette côte !
Bien seuls ! Et minuit qui tinte au vieux coucou !
Oh ! ce que je rêve est horrible : mon hôte
Poursuit la servante avec un grand licou.
J’accours ! mais je tombe un couteau dans le cou,
Éclaboussé par sa cervelle qui saute…
— Nous sommes bien seuls au bas de cette côte !
poésie de Maurice Rollinat
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La jeunesse, Du Val, jadis me fit écrire
La jeunesse, Du Val, jadis me fit écrire
De cet aveugle archer qui nous aveugle ainsi :
Puis, fâché de l'Amour, et de sa mère aussi,
Les louanges des rois j'accordai sur ma lyre.
Ores je ne veux plus tels arguments élire,
Ains je veux, comme toi, point d'un plus haut souci,
Chanter de ce grand roi, dont le grave sourcil
Fait trembler le céleste et l'infernal empire.
Je veux chanter de Dieu. Mais pour bien le chanter,
Il faut d'un avant-jeu ses louanges tenter,
Louant, non la beauté de cette masse ronde,
Mais cette fleur, qui tient encore un plus beau lieu :
Car comme elle est, Du Val, moins parfaite que Dieu,
Aussi l'est-elle plus que le reste du monde.
poésie de Joachim du Bellay
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Dessous ce grand François, dont le bel astre luit
Dessous ce grand François, dont le bel astre luit
Au plus beau lieu du ciel, la France fut enceinte
Des lettres et des arts, et d'une troupe sainte
Que depuis sous Henri féconde elle a produit :
Mais elle n'eut plutôt fait montre d'un tel fruit,
Et plutôt ce beau part n'eut la lumière atteinte,
Que je ne sais comment sa clarté fut éteinte,
Et vit en même temps et son jour et sa nuit.
Hélicon est tari, Parnasse est une plaine,
Les lauriers sont séchés, et France, autrefois pleine
De l'esprit d'Apollon, ne l'est plus que de Mars.
Phoebus s'enfuit de nous, et l'antique ignorance
Sous la faveur de Mars retourne encore en France,
Si Pallas ne défend les lettres et les arts.
poésie de Joachim du Bellay
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Ballade des Dames du temps jadis
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine:
Mais où sont les neiges d'antan?
poésie de Francois Villon de Le Testament (1461)
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La femme est fascinant dans tous les âges: dans son enfance, elle est un petit ange, dans sa jeunesse, elle fascine par sa beauté et le feu de la passion, et dans sa vieillesse, elle est toute tendresse.
aphorisme de George Budoi (2011)
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Un Fantôme
I Les Ténèbres
Dans les caveaux d'insondable tristesse
Où le Destin m'a déjà relégué;
Où jamais n'entre un rayon rose et gai;
Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,
Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas! sur les ténèbres;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon coeur,
Par instants brille, et s'allonge, et s'étale
Un spectre fait de grâce et de splendeur.
À sa rêveuse allure orientale,
Quand il atteint sa totale grandeur,
Je reconnais ma belle visiteuse:
C'est Elle! noire et pourtant lumineuse.
II Le Parfum
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré?
Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré!
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.
De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,
Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.
III Le Cadre
Comme un beau cadre ajoute à la peinture,
Bien qu'elle soit d'un pinceau très-vanté,
Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté
En l'isolant de l'immense nature,
Ainsi bijoux, meubles, métaux, dorure,
S'adaptaient juste à sa rare beauté;
Rien n'offusquait sa parfaite clarté,
Et tout semblait lui servir de bordure.
Même on eût dit parfois qu'elle croyait
Que tout voulait l'aimer; elle noyait
Sa nudité voluptueusement
Dans les baisers du satin et du linge,
Et, lente ou brusque, Ã chaque mouvement
Montrait la grâce enfantine du singe.
IV Le Portrait
La Maladie et la Mort font des cendres
De tout le feu qui pour nous flamboya.
De ces grands yeux si fervents et si tendres,
De cette bouche où mon coeur se noya,
De ces baisers puissants comme un dictame,
De ces transports plus vifs que des rayons,
Que reste-t-il? C'est affreux, ô mon âme!
Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons,
Qui, comme moi, meurt dans la solitude,
Et que le Temps, injurieux vieillard,
Chaque jour frotte avec son aile rude...
Noir assassin de la Vie et de l'Art,
Tu ne tueras jamais dans ma mémoire
Celle qui fut mon plaisir et ma gloire!
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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Le Miroir
Les Dieux m'aiment, Passant; c'est pourquoi je suis morte
Dans l'éclat parfumé de ma jeunesse en fleur;
Jusqu'au trépas ma joue a gardé sa couleur,
Et mon corps est léger au destin qui l'emporte.
Que le printemps sans moi reparaisse, qu'importe!
Ne crois pas que mon sort mérite quelque pleur.
Parce que, quand viendra l'été lourd de chaleur,
Je ne m'assoirai plus sur le seuil de ma porte.
Je ne regrette rien de la clarté du jour.
J'ai vu ta face, ô Mort, et ton visage, Amour!
A qui fut doux l'amour, la mort n'est pas cruelle.
Je descends vers le Styx et non vers le Léthé,
Car, pour me souvenir que, là -haut, je fus belle,
N'ai-je point le miroir où riait ma beauté?
poésie de Henri de Régnier de Le Médaillier (1923)
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Au Roi
Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
Peint, le mieux que j'ai pu, de couleurs poétiques :
Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
Se pourra bien vanter d'avoir hors du tombeau
Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques.
Que vous puissent les dieux un jour donner tant d'heur,
De rebâtir en France une telle grandeur
Que je la voudrais bien peindre en votre langage :
Et peut-être qu'alors votre grand Majesté,
Repensant à mes vers, dirait qu'ils ont été
De votre monarchie un bienheureux présage.
poésie de Joachim du Bellay
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Espérez-vous que la postérité
Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'oeuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?
Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.
Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,
Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robe.
poésie de Joachim du Bellay
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Le pardon est la plus belle fleur de la victoire.
proverbs arabes
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La grecque poésie orgueilleuse se vante
La grecque poésie orgueilleuse se vante
Du los* qu'à son Homère Alexandre donna,
Et les vers que César de Virgile sonna,
La latine aujourd'hui les chante et les rechante.
La française qui n'est tant que ces deux savante,
Comme qui son Homère et son Virgile n'a,
Maintient que le laurier qui François couronna
Baste seul pour la rendre à tout jamais vivante.
Mais les vers qui l'ont mise encore en plus haut prix
Sont les vôtres, Madame, et ces divins écrits
Que mourant nous laissa la reine votre mère.
Ô poésie heureuse, et bien digne des rois,
De te pouvoir vanter des écrits navarrois,
Qui t'honorent trop plus qu'un Virgile ou Homère !
poésie de Joachim du Bellay
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À une Mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,
Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
À sa douceur.
Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.
Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons;
En place de bas troués
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor;
Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux;
Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,
Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,
Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,
Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Epieraient pour le déduit
Ton frais réduit!
Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois!
— Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Véfour
De carrefour;
Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh! Pardon!
Te faire don.
Va donc, sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,
Ô ma beauté!
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
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Bien que nous voyageons dans le monde entier pour trouver la beauté, nous devons la porter en nous, ou nous ne la trouverons pas.
citation de Ralph Waldo Emerson
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N'est pas cocu qui veut. Si tu l'es, ta femme sera belle, tu seras bien traité d'elle, tu auras beaucoup d'amis, ton bien s'accroîtra.
citation de François Rabelais
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La Belle Fromagère
Par la rue enfiévrante où mes pas inquiets
Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais
Derrière une affreuse vitrine
Où s’étalaient du beurre et des fromages gras,
Une superbe enfant dont j’admirais les bras
Et la plantureuse poitrine.
Le fait est que jamais fille ne m’empoigna
Comme elle, et que jamais mon Å“il fou ne lorgna
De beauté plus affriolante !
Un nimbe de jeunesse ardente et de santé
Auréolait ce corps frais où la puberté
Était encore somnolente.
Elle allait portant haut dans l’étroit magasin
Son casque de cheveux plus noirs que le fusain
Et, douce trotteuse en galoches,
Furetait d’un air gai dans les coins et recoins,
Tandis que les bondons jaunes comme des coings
Se liquéfiaient sous les cloches.
Armés d’un petit fil de laiton, ses doigts vifs
Détaillaient prestement des beurres maladifs
À des acheteuses blafardes ;
Des beurres, qu’on savait d’un rance capiteux,
Et qui suaient l’horreur dans leurs linges piteux,
Comme un affamé dans ses hardes.
Quand sa lame entamait Gruyère ou Roquefort,
Je la voyais peser sur elle avec effort,
Son petit nez frôlant les croûtes,
Et rien n’était mignon comme ses jolis doigts
Découpant le Marolle infect où, par endroits,
La vermine creusait des routes.
Près de l’humble comptoir où dormaient les gros sous
Les Géromés vautrés comme des hommes saouls
Coulaient sur leur clayon de paille,
Mais si nauséabonds, si pourris, si hideux,
Que les mouches battaient des ailes autour d’eux,
Sans jamais y faire ripaille.
Or, elle respirait à son aise, au milieu
De cette âcre atmosphère où le Roquefort bleu
Suintait près du Chester exsangue ;
Dans cet ignoble amas de caillés purulents,
Ravie, elle enfonçait ses beaux petits doigts blancs,
Qu’elle essuyait d’un coup de langue.
Oh ! sa langue ! bijou vivant et purpurin
Se pavanant avec un frisson vipérin
Tout plein de charme et de hantise !
Miraculeux corail humide et velouté
Dont le bout si pointu trouait de volupté
Ma chair, folle de convoitise !
Donc, cette fromagère exquise, je l’aimais
Je l’aimais au point d’en rêver le viol ! mais,
Je me disais que ces miasmes,
À la longue, devaient imprégner ce beau corps
Et le dégoût, comme un mystérieux recors,
Traquait tous mes enthousiasmes.
Et pourtant, chaque jour, rivés à ses carreaux,
Mes deux yeux la buvaient ! en vain les Livarots
Soufflaient une odeur pestilente,
J’étais là , me grisant de sa vue, et si fou,
Qu’en la voyant les mains dans le fromage mou
Je la trouvais ensorcelante !
À la fin, son aveu fleurit dans ses rougeurs ;
Pour me dire : « je t’aime » avec ses yeux songeurs,
Elle eut tout un petit manège ;
Puis elle me sourit ; ses jupons moins tombants
Découvrirent un jour des souliers à rubans
Et des bas blancs comme la neige.
Elle aussi me voulait de tout son être ! À moi,
Elle osait envoyer des baisers pleins d’émoi,
L’emparadisante ingénue,
Si bien, qu’après avoir longuement babillé,
Par un soir de printemps, je la déshabillai
Et vis sa beauté toute nue !
Sa chevelure alors flotta comme un drapeau,
Et c’est avec des yeux qui me léchaient la peau
Que la belle me fit l’hommage
De sa chair de seize ans, mûre pour le plaisir !
Ô saveur ! elle était flambante de désir
Et ne sentait pas le fromage !
poésie de Maurice Rollinat
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La Réprouvée
Quelle était donc, ainsi, tout de noir recouverte,
Cette femme, là -bas, d’un si lugubre effet,
En me croisant, m’ayant laissé voir qu’elle avait
Le crâne dans du linge et la figure verte ?...
Mais, verte ! de ce vert végétal, cru, blanc jaune,
Comme un gros masque d’herbe et de feuilles de chou !
Elle avait passé là , d’un pied de caoutchouc,
Sans bruit, avec un air de chercheuse d’aumône.
Je la suivais des yeux, je la suivis des pas ;
Et, quand je fus près d’elle, en tremblant, presque bas,
Dans le son de ma voix mettant toute mon âme ;
« Mais qui donc êtes-vous, lui dis-je, pauvre femme ? »
Alors, parlant de dos, elle me répondit :
« C’que j’suis ? Vous n’savez pas ? eh ben ! j’suis l’êtr’ maudit !
Oh ! l’plus misérable et l’plus triste
Comm’ le plus inr’gardab’ q’existe !
N’ayant rien qu’à s’montrer pour fair’ le désert ;
J’suis la femm’ dont, au moins depuis vingt ans, l’cancer
A mangé p’tit à p’tit la fac’, comme un’ lent’ bête ;
Celle qui traîne après ell’ du dégoût et d’l’effroi,
À qui, s’renfermant vit’, les gens de son endroit
Donn’ du pain en r’tournant la tête !
poésie de Maurice Rollinat
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Quand je pense à mes adorables orchidées, avec leurs cinq commencements d'anthères, avec leur unique pistil transformé en rostellum, avec toute la cohésion de leurs parties, il me semble incroyablement monstrueux de regarder une orchidée comme si elle avait été créée telle que nous la voyons aujourd'hui.
Charles Darwin dans Lettre à Asa Gray (octobre 1861)
Ajouté par Simona Enache
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Nous aimons notre enfance, nous y revenons, nous la jugeons, elle nous juge.
Elie Wiesel dans Mémoire à deux voix
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Les Pâquerettes
Les pâquerettes sont en deuil
Depuis que Marguerite est morte.
Hélas ! on a fermé la porte
Et sa bière a quitté le seuil.
Elles se miraient dans son Å“il :
C’était leur âme en quelque sorte !
Les pâquerettes sont en deuil
Depuis que Marguerite est morte.
Chacune, avec un tendre orgueil,
Câline et tristement accorte,
Eût voulu lui servir d’escorte
Et se faner dans son cercueil !
Les pâquerettes sont en deuil.
poésie de Maurice Rollinat
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