Le Bohême
Toujours la longue faim me suit comme un recors ;
La ruelle sinistre est mon seul habitacle ;
Et depuis si longtemps que je traîne mes cors,
J’accroche le malheur et je bute à l’obstacle.
Paris m’étale en vain sa houle et ses décors :
Je vais sourd à tout bruit, aveugle à tout spectacle ;
Et mon âme croupit au fond de mon vieux corps
Dont la pâle vermine a fait son réceptacle.
Fantôme grelottant sous mes haillons pourris,
Épave de l’épave et débris du débris,
J’épouvante les chiens par mon aspect funeste !
Je suis hideux, moulu, racorni, déjeté !
Mais je ricane encore en songeant qu’il me reste
Mon orgueil infini comme l’éternité.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!