Citations sur si tu es pierre soit aimant, page 13
Les Deux Serpents
Fuis la femme, crains la vipère,
En tous lieux, en toute saison,
Et prends garde à leur trahison,
Même à l’heure où ton âme espère !
Ces deux serpents-là font la paire :
L’Amour est jumeau du Poison.
Fuis la femme, crains la vipère,
En tous lieux, en toute saison !
Avec le soupçon pour compère,
Avec la Mort pour horizon,
Cours la Vie ! et que la Raison
Soit toujours ton point de repère !
Fuis la femme, crains la vipère !
poésie de Maurice Rollinat
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Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse
Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse
Soit qu'en français j'écrive ou langage romain,
Puisque le jugement d'un prince tant humain
De si grande faveur envers les lettres usé.
Donc le sacré métier où ton esprit s'amuse
Ne sera désormais un exercice vain,
Et le tardif labeur que nous promet ta main
Désormais pour Francus n'aura plus nulle excuse.
Cependant, mon Ronsard, pour tromper mes ennuis,
Et non pour m'enrichir, je suivrai, si je puis,
Les plus humbles chansons de ta Muse lassée.
Ainsi chacun n'a pas mérité que d'un roi
La libéralité lui fasse, comme à toi,
Ou son archet doré, ou sa lyre crossée.
poésie de Joachim du Bellay
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Croissez et multipliez
Ne sortant pas de faire jeûne,
Une fois, le père Lucas,
Sincère, et du fond de son âme,
Disait à ses quatre grands gars,
Tous, de l’aîné jusqu’au plus jeune,
Bien en âge de prendre femme :
« Mes enfants, faut peupler d’son espèc’ ! Ya pas d’trêve !
Faut q’tout c’qui vit engendre ! et qu’toujours s’accroissant,
Les êtr’ les uns aux autr’, sans fin, se r’pass’ leur sang,
Tel’ qu’aux racin’ des arb’ la terr’ coule sa sève.
Tout’ femelle est un champ où l’bon mâle i’ doit s’mer
La grain’ d’humanité qu’est dans l’grenier d’son être :
B’sogn’ douce et ben commod’ ! Puisqu’ y a besoin q’d’aimer,
Et q’sans plaisi’ pour l’homm’, l’enfant pourrait pas naître.
Dans c’champ-là qu’est l’plus nobl’ faut fair’ de beaux sillons,
Q’l’homme y mèn’ la charrue au c’mand’ment d’la nature,
Avec la bell’ chaleur du sang pour aiguillon
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
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Ballade des Dames du temps jadis
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
[...] Read more
poésie de Francois Villon de Le Testament (1461)
Ajouté par Simona Enache
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Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c'est Rome
Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c'est Rome ?
Rome est de tout le monde un publique échafaud,
Une scène, un théâtre, auquel rien ne défaut
De ce qui peut tomber ès actions de l'homme.
Ici se voit le jeu de la fortune, et comme
Sa main nous fait tourner ores bas, ores haut
Ici chacun se montre, et ne peut, tant soit caut*,
Faire que tel qu'il est, le peuple ne le nomme.
Ici du faux et vrai la messagère court,
Ici les courtisans font l'amour et la cour,
Ici l'ambition et la finesse abonde :
Ici la liberté fait l'humble audacieux,
Ici l'oisiveté rend le bon vicieux,
Ici le vil faquin discourt des faits du monde.
poésie de Joachim du Bellay
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Qui est ami du coeur est ami de la bourse
Qui est ami du coeur est ami de la bourse,
Ce dira quelque honnête et hardi demandeur,
Qui de l'argent d'autrui libéral dépendeur
Lui-même à l'hôpital s'en va toute la course.
Mais songe là-dessus qu'il n'est si vive source
Qu'on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n'ont point de ressource.
Gordes, si tu veux vivre heureusement romain,
Sois large de faveur, mais garde que ta main
Ne soit à tous venants trop largement ouverte.
Par l'un on peut gagner même son ennemi,
Par l'autre bien souvent on perd un bon ami,
Et quand on perd l'argent, c'est une double perte.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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L'Ormeau
D’un branchu semblant un grand fagot qui s’évase,
Il végète sa mort — à jamais défeuillé ;
Pourtant, sous tous les ciels, dans l’air sec et mouillé,
Son très étrange aspect vous met l’œil en extase !
C’est que, depuis l’énorme et ronde fourmilière
Grouillant au pied pourri de ce petit ormeau,
Tout son tronc est moussu comme un toit de hameau,
Soutaché de lichen, et festonné de lierre.
Donc, il cumule ainsi la double vétusté
De l’horreur et de la beauté.
Que de neige ou de fleurs la terre soit couverte...
Lui seul ne change pas ! — Seul, toujours il fait voir
Sa vieille tête en fouillis noir
Et son vieux corps en robe verte.
poésie de Maurice Rollinat
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L'ormeau
D'un branchu semblant un grand fagot qui s'évase,
Il végète sa mort - à jamais défeuillé ;
Pourtant, sous tous les ciels, dans l'air sec et mouillé,
Son très étrange aspect vous met l'oeil en extase !
C'est que, depuis l'énorme et ronde fourmilière
Grouillant au pied pourri de ce petit ormeau,
Tout son tronc est moussu comme un toit de hameau,
Soutaché de lichen, et festonné de lierre.
Donc, il cumule ainsi la double vétusté
De l'horreur et de la beauté.
Que de neige ou de fleurs la terre soit couverte...
Lui seul ne change pas ! - Seul, toujours il fait voir
Sa vieille tête en fouillis noir
Et son vieux corps en robe verte.
poésie de Maurice Rollinat
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Encore que l'on eût heureusement compris
Encore que l'on eût heureusement compris
Et la doctrine grecque et la romaine ensemble,
Si est-ce, Gohory, qu'ici, comme il me semble,
On peut apprendre encor, tant soit-on bien appris.
Non pour trouver ici de plus doctes écrits
Que ceux que le français soigneusement assemble,
Mais pour l'air plus subtil, qui doucement nous emble
Ce qui est plus terrestre et lourd en nos esprits.
Je ne sais quel démon de sa flamme divine
Le moins parfait de nous purge, éprouve et affine,
Lime le jugement et le rend plus subtil :
Mais qui trop y demeure, il envoie en fumée
De l'esprit trop purgé la force consumée,
Et pour l'émoudre trop lui fait perdre le fil.
poésie de Joachim du Bellay
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Le Père Pierre
Fantastiques d’aspect sous leur noire capote,
Mais, très humaines par leurs caq[...]s superflus,
Les commères, barrant la route aux verts talus,
À la messe s’en vont d’un gros pas qui sabote.
« Tiens ! v’là l’pèr’ Pierr’ ! fait l’une, un malin, celui-là !
Pour accrocher l’ poisson quand personn’ peut en prendre ;
I’ dit q’ quand il a faim, d’ fumer q’ça l’ fait attendre,
Et qu’un’ bonn’ pip’ souvent vaut mieux qu’un mauvais plat. »
L’homme les joint bientôt. En chœur elles s’écrient :
« Il faut croire, à vous voir marcher
En tournant l’ dos à not’ clocher,
Q’v’allez pas à la messe ! » et puis, dame ! elles rient...
« Moi ? si fait ! leur répond simplement le vieux Pierre,
Mais, tout par la nature ! étant ma seul’ devise,
J’ vas à la mess’ de la rivière
Du bon soleil et d’ la fraîcheur,
Avec le ravin pour église,
[...] Read more
poésie de Maurice Rollinat
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