Citations sur Douce nuit, page 7
La Neige
Avec ma brune, dont l’amour
N’eut jamais d’odieux manège,
Par la vitre glacée, un jour,
Je regardais tomber la neige.
Elle tombait lugubrement,
Elle tombait oblique et forte.
La nuit venait et, par moment,
La rafale poussait la porte.
Les arbres qu’avait massacrés
Une tempête épouvantable,
Dans leurs épais manteaux nacrés
Grelottaient d’un air lamentable.
Des glaçons neigeux faisaient blocs
Sur la rivière congelée ;
Murs et chaumes semblaient des rocs
D’une blancheur immaculée.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Quand le ru de la fontaine
Quand le ru de la fontaine
Ŕ la saison s’éclaircit;
Que naît la fleur d’églantier
Et qu’au bois le rossignol
Module, répčte, affine
Sa chanson qu’il veut parfaite,
Je dois reprendre la mienne.
Amour de terre lointaine,
Pour vous j’ai le cśur dolent,
Et n’y puis trouver remčde
Si je n’entends votre appel,
Par attrait de douce union,
En verger ou sous courtine,
Avec l’amie désirée.
Si mon cśur n’en a pouvoir,
Ce n’est merveille qu’il brűle:
Dieu n’a point voulu qu’on vît
Jamais plus belle chrétienne,
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poésie de Jaufre Rudel de Les troubadours (1966), traduction par René Nelli et René Lavaud
Ajouté par Simona Enache
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L'invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas, vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
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poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal (1857)
Ajouté par anonyme
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Vieil océan, ta forme harmonieusement sphérique, quit réjouit la face grave de la géométrie, ne me rappelle que trop les petits yeux de l'homme, pareils à ceux du sanglier pour la petitesse, et à ceux des oiseaux de nuit pour la perfection oculaire du contour.
Contele de Lautreamont dans Les Chants de Maldoror (1869)
Ajouté par Simona Enache
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Adorant
J'adore la lumiere,
Je t'aime, mon jour...
Je fais priere
Pour ton retour.
J'adore la lune,
Je t'aime, la nuit.
T'es ma fortune
Tout tu m'as appris.
J'adore la vie,
Je l'aime telle quelle.
Je t'ai saissie
En eternelle.
Je t'aime sans fin,
J'adore comme t'es.
T'es mon destin...
Je t'aimerai!
poésie de Daniel Aurelian Rădulescu (12 juillet 2010)
Ajouté par Daniel Aurelian Rădulescu
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La Chambre
Ma chambre est pareille à mon âme,
Comme la mort l’est au sommeil :
Au fond de l’âtre, pas de flamme !
À la vitre, pas de soleil !
Les murailles sont recouvertes
D’un lamentable papier gris
Où l’ombre des persiennes vertes
Met des taches de vert-de-gris.
Au-dessus de mon chevet sombre
Pend un Christ à l’air ingénu,
Qui semble s’enfoncer dans l’ombre
Pour ne pas se montrer si nu.
Compagnon de ma destinée,
Un crâne brisé, lisse et roux,
Du haut de l’humble cheminée
Me regarde avec ses deux trous.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le Meneur de loups
Je venais de franchir la barrière isolée,
Et la stupeur nocturne allait toujours croissant
Du ravin tortueux à la tour écroulée,
Quand soudain j’entendis un bruit rauque et perçant.
J’étais déjà bien loin de toute métairie,
Dans un creux surplombé par une croix pourrie
Dont les vieux bras semblaient prédire le destin :
Aussi, la peur, avec son frisson clandestin,
Me surprit et me tint brusquement en alerte,
Car à cent pas de moi, là, j’en étais certain,
Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
Il approchait, guidant sa bande ensorcelée
Que fascinait à peine un charme tout puissant,
Et qui, pleine de faim, lasse, maigre et pelée,
Compacte autour de lui, trottinait en grinçant.
Elle montrait, avec une sourde furie,
Ses formidables crocs qui rêvaient la tuerie,
Et ses yeux qui luisaient comme un feu mal éteint ;
Cependant que toujours de plus en plus distinct,
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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L'Ame du Vin
Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles:
"Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité!
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content;
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poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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L'Angoisse
Depuis que l’Horreur me fascine,
Je suis l’oiseau de ce serpent.
Je crois toujours qu’on m’assassine,
Qu’on m’empoisonne ou qu’on me pend.
L’Unité se double et se triple
Devant mon œil épouvanté,
Et le Simple devient multiple
Avec une atroce clarté.
Pour mon oreille, un pied qui frôle
Les marches de mon escalier,
Sur les toits un chat qui miaule,
Dans la rue un cri de roulier,
Le sifflet des locomotives,
Le chant lointain du ramoneur,
Tout bruit a des notes plaintives
Et se tonalise en mineur.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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La Grande Cascade
À cette heure, elle n’est sensible,
La grande cascade du roc,
Qui par son tonnerre d’un bloc,
La nuit la rend toute invisible.
Et, pourtant, sa rumeur compacte
Décèle son bavement fou,
Sa chute à pic, en casse-cou,
Son ruement lourd de cataracte.
Un instant, l’astre frais et pur
Écarte son nuage obscur,
Comme un œil lève sa paupière ;
Et l’on croit voir, subitement,
Crouler des murs de diamant
Dans un abîme de lumière.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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