Les poètes parlent une seule langue, même s'ils ne se comprennent pas entre eux.
Jean Cocteau dans Le chiffre sept
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Des citations similaires
Les Trois Noyers
Qui les planta là, dans ces flaques,
Au cœur même de ces cloaques ?
Aucun ne le sait, mais on croit
Au surnaturel de l’endroit.
Narguant les ans et les tonnerres,
Les trois grands arbres centenaires
Croissent au plus creux du pays,
Aussi redoutés que haïs.
À leur groupe un effroi s’attache.
Nul n’oserait brandir sa hache
Contre l’un de ces trois noyers
Qu’on appelle les trois sorciers.
Car, si le hasard les rassemble,
Il fait aussi qu’ils se ressemblent :
Ils sont d’aspect énorme et rond,
Jumeaux de la tête et du tronc.
Ils ont la même étrange mousse,
Et le même gui monstre y pousse.
Ils sont également tordus,
Bossués, ridés et fendus.
Et, de tous points, jusqu’au gris marbre
De leur écorce, les trois arbres
Pour les yeux forment en effet
Un trio sinistre parfait.
Par le glacé de leur ombrage
Ils rendent à ce marécage
L’humidité qu’y vont pompant
Leurs grandes racines-serpent.
Au-dessus du jonc et de l’aune
Leur feuillage verdâtre et jaune
Tour à tour fixe et clapotant
Est tout le portrait de l’étang.
On ne voit que le noir plumage
Du seul corbeau dans leur branchage ;
Et c’est le diable, en tapinois,
Qui, tous les ans, cueille leurs noix.
On dit qu’ils ont les facultés,
Les façons de l’humanité,
Qu’ils parlent entre eux, se déplacent,
Qu’ils se rapprochent, s’entrelacent.
On ajoute, même, tout bas,
Qu’on les a vus, du même pas,
Cheminer roides, côte à côte,
Dressant au loin leur taille haute.
Et l’on prétend que leurs crevasses,
Autant d’âpres gueules vivaces,
Ont fait plus d’un repas hideux
Des pâtres égarés près d’eux.
Enfin, tous trois ont leur chouette
Qui, le jour, n’étant pas muette,
Pousse des plaintes de damné
Dès que le ciel s’est charbonné.
Et chacune prédit un sort :
L’une clame la maladie,
Une autre annonce l’agonie,
La troisième chante la mort.
C’est pourquoi, funeste et sacrée,
L’horreur épaissit désormais
Leur solitude. Pour jamais
On se sauve de leur contrée !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
Les trois noyers
Qui les planta là, dans ces flaques,
Au cœur même de ces cloaques ?
Aucun ne le sait, mais on croit
Au surnaturel de l'endroit.
Narguant les ans et les tonnerres,
Les trois grands arbres centenaires
Croissent au plus creux du pays,
Aussi redoutés que haïs.
A leur groupe un effroi s'attache.
Nul n'oserait brandir sa hache
Contre l'un de ces trois noyers
Qu'on appelle les trois sorciers.
Car, si le hasard les rassemble,
Il fait aussi qu'ils se ressemblent :
Ils sont d'aspect énorme et rond,
Jumeaux de la tête et du tronc.
Ils ont la même étrange mousse,
Et le même gui monstre y pousse.
Ils sont également tordus,
Bossués, ridés et fendus.
Et, de tous points, jusqu'au gris marbre
De leur écorce, les trois arbres
Pour les yeux forment en effet
Un trio sinistre parfait.
Par le glacé de leur ombrage
Ils rendent à ce marécage
L'humidité qu'y vont pompant
Leurs grandes racines-serpent.
Au-dessus du jonc et de l'aune
Leur feuillage verdâtre et jaune
Tour à tour fixe et clapotant
Est tout le portrait de l'étang.
On ne voit que le noir plumage
Du seul corbeau dans leur branchage ;
Et c'est le diable, en tapinois,
Qui, tous les ans, cueille leurs noix.
On dit qu'ils ont les facultés,
Les façons de l'humanité,
Qu'ils parlent entre eux, se déplacent,
Qu'ils se rapprochent, s'entrelacent.
On ajoute, même, tout bas,
Qu'on les a vus, du même pas,
Cheminer roides, côte à côte,
Dressant au loin leur taille haute.
Et l'on prétend que leurs crevasses,
Autant d'âpres gueules vivaces,
Ont fait plus d'un repas hideux
Des pâtres égarés près d'eux.
Enfin, tous trois ont leur chouette
Qui, le jour, n'étant pas muette,
Pousse des plaintes de damné
Dès que le ciel s'est charbonné.
Et chacune prédit un sort :
L'une clame la maladie,
Une autre annonce l'agonie,
La troisième chante la mort.
C'est pourquoi, funeste et sacrée,
L'horreur épaissit désormais
Leur solitude. Pour jamais
On se sauve de leur contrée !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
Il n'y a qu'une seule et même raison pour tous les hommes; ils ne deviennent étrangers et impénétrables les uns aux autres que lorsqu'ils s'en écartent.
Simone Weil dans Oppression et liberté
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon oeil
Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon oeil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire,
Et se vêtir, comme eux, d'un pompeux appareil.
Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.
Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage,
Es le vont caresser, bien qu'ils crèvent de rage
S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt.
Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
Oui, tout comme les oiseaux les âmes se parlent de l'une à l'autre et tout comme les âmes les oiseaux se parlent.
citation de Gunnar Ekelöf
Ajouté par Micheleflowerbomb
Commentez! | Vote! | Copie!
Les poètes ne chantent bien que les femmes qu’ils trompent.
aphorisme de François Vaucluse
Ajouté par Veronica Șerbănoiu
Commentez! | Vote! | Copie! | En roumain
Les liquidesne voient dans les récipients qu'une prison Ils oublient que c'est leur seule possibilité de ne pas se répandre.
aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve Gomez
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Le sens n’est pas dans les mots, mais entre eux.
aphorisme de François Vaucluse
Ajouté par Veronica Șerbănoiu
Commentez! | Vote! | Copie! | En roumain
L'amour pour un seul pays, la loyauté envers une seule race, l'identité avec une seule communauté ou l'attachement à une seule famille sont tous des produits de l'ignorance.
citation de Ramdas
Ajouté par Micheleflowerbomb
Commentez! | Vote! | Copie!
La Béatrice
Dans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure,
Comme je me plaignais un jour à la nature,
Et que de ma pensée, en vaguant au hasard,
J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard,
Je vis en plein midi descendre sur ma tête
Un nuage funèbre et gros d'une tempête,
Qui portait un troupeau de démons vicieux,
Semblables à des nains cruels et curieux.
À me considérer froidement ils se mirent,
Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent,
Je les entendis rire et chuchoter entre eux,
En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux:
— "Contemplons à loisir cette caricature
Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture,
Le regard indécis et les cheveux au vent.
N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant,
Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle,
Parce qu'il sait jouer artistement son rôle,
Vouloir intéresser au chant de ses douleurs
Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs,
Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques,
Réciter en hurlant ses tirades publiques?"
J'aurais pu (mon orgueil aussi haut que les monts
Domine la nuée et le cri des démons)
Détourner simplement ma tête souveraine,
Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène,
Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil!
La reine de mon coeur au regard nonpareil
Qui riait avec eux de ma sombre détresse
Et leur versait parfois quelque sale caresse.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Il n'y a pas de femmes laides, juste des hommes qui ne comprennent pas la beauté de la femme.
aphorisme de George Budoi (2011)
Ajouté par George Budoi
Commentez! | Vote! | Copie! | En anglais | En roumain
On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s'unira toujours davantage, que la fraternité régnera. Hélas! ne croyez pas à cette union des hommes. Concevant la liberté comme l'accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d'habitudes et d'imaginations absurdes. Ils ne vivent que pour s'envier mutuellement, pour la sensualité et l'ostentation.
Dostoievski dans Les Frères Karamazov
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Les Morts-vivants
Heureux qui vit sans se connaître
Indéfiniment établi
Dans la paix de son propre oubli,
À la surface de son être !
Car les clairvoyants du destin
Vivent la mort lente et soufferte,
Sentant partout la tombe ouverte
Au bord de leur pas incertain.
Ils ont usé la patience
Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
Toute leur âme est un cercueil
Où se débat la conscience.
Leur existence n’est, au fond,
Qu’une spectrale survivance
Où se confesse par avance
L’inanité de ce qu’ils font.
Le doute dans sa foi d’artiste,
De penseur et de citoyen,
Hélas ! ils n’ont plus le moyen
D’échapper à ce mal si triste !
Épaves de l’humanité,
Cœurs vides, naufragés suprêmes,
Ils traînent le dégoût d’eux-mêmes
À travers la fatalité.
Hors des mirages, des mensonges,
Des espérances, des projets,
Ils sentent qu’ils sont des objets
Fantomatisés par des songes.
D’où leur viendrait-il un secours,
Puisque leur volonté s’achève
En constatant la fin du rêve
À chaque degré de son cours ?
Comme un fruit doué de pensée
Qui guetterait obstinément
Le graduel enfoncement
De la vermineuse percée,
Chacun d’eux, exact à nourrir
Sa funéraire inquiétude,
Espionne sa décrépitude,
Se regarde et s’entend mourir.
L’idée horrible qui les hante
Poursuit leur fièvre et leur torpeur !
Ils se reposent dans la peur,
Ils agissent dans l’épouvante.
De tous les néants du passé
Leur avenir grouille et s’encombre,
Et leur Aujourd’hui n’est que l’ombre
De leur lendemain trépassé.
Si bien que la Mort qui les frôle
Assiste même à leur présent
Et que son œil stérilisant
Y lit par-dessus leur épaule.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
Deux bons vieux coqs
Le cabaret qui n’est pas neuf
Est bondé des plus vieux ivrognes
Dont rouge brique sont les trognes
Entre les grands murs sang de bœuf.
L’un d’entre eux, chenu comme un œuf,
D’une main sur la table cogne,
Et, son verre dans l’autre, il grogne :
« Aussi vrai que j’ suis d’ Châteauneuf !
J’ reste un bon coq, et l’ diab’ me rogne !
Je r’prendrais femm’ si j’ dev’nais veuf.
« Dam ! moi, fait le père Tubeuf,
J’ suis ben dans mes quatre-vingt-neuf :
Et j’ m’acquitte encor de ma b’sogne !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
Deux bons vieux coqs
Le cabaret qui n'est pas neuf
Est bondé des plus vieux ivrognes
Dont rouge brique sont les trognes
Entre les grands murs sang de boeuf.
L'un d'entre eux, chenu comme un oeuf,
D'une main sur la table cogne,
Et, son verre dans l'autre, il grogne :
' Aussi vrai que j'suis d'Châteauneuf !
J'reste un bon coq, et l'diab' me rogne !
Je r'prendrais femm' si j'dev'nais veuf. '
' Dam ! moi, fait le père Tubeuf,
J'suis ben dans mes quatre-vingt-neuf :
Et j'm'acquitte encor de ma b'sogne ! '
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
Commentez! | Vote! | Copie!
La chimere
S’il est vrai que les amoureux
sont partout et toujours heureux
en germinal comme en brumaire
c’est qu’il n’est pas d’effroi pour eux
car ils on foi dans la chimere.
s’ils aiment les sentiers ombreux
et la paix des soirs vaporeux
et la nature, auguste mere
s’ils sont reveurs et langoureux
c’est qu’ils adorent la Chimere.
on se rit de leurs songe-creux
mais ici-bas les amoureux
de nos jours, comme aux temps d’Homere
sont peut etre les seuls heureux:
car c’est le bonheur - la Chimere.
poésie de Iulia Hașdeu
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie! | En roumain
Les gens ne cherchent pas le bonheur, mais le confort, et une fois qu'ils le trouvent,ils pensent qu'ils sont heureux !
citation de Octav Bibere
Ajouté par Kitzy Bush
Commentez! | Vote! | Copie!
Pour que je me taise, ils m'ont fendu la langue. Ainsi je suis devenu vipčre.
aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve Gomez
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
La loi et le désir refoulé sont une seule et même chose.
citation de Jacques Lacan
Ajouté par Simona Enache
Commentez! | Vote! | Copie!
Il y a entre la jalousie et l'émulation le même éloignement qu'entre le vice et la vertu.
citation de La Bruyère
Ajouté par Micheleflowerbomb
Commentez! | Vote! | Copie!