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La Ventouse

La Ventouse bâille et sourit,
Toujours neuve et toujours masquée
Pour notre œil fou, sage ou contrit ;
Corolle aspireuse, et braquée
Sur notre sang qui la fleurit.

Elle nous tente et nous flétrit
De son haleine âcre et musquée,
Puis, bientôt, elle nous tarit,
La Ventouse,

Jusqu’au fin fond de notre esprit
Sa succion est pratiquée :
La Mort, beaucoup moins compliquée,
Mange nos corps qu’elle pourrit ;
Mais c’est tout l’homme qui nourrit
La Ventouse !

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La Pensée

C’est l’ennemi sournois, mais sûr,
Sphinx intime, cancer obscur,
De ce tas de cendres futur
Appelé l’homme.
Elle fausse tous ses ressorts,
Épuise tous ses réconforts
Et chicane tous ses efforts
Qu’elle consomme.

Sans doute, elle évoque à ses yeux
Maint rêve descendu des cieux
Avec le vol délicieux
De la colombe,
Mais elle nourrit son remord
Et le réveille quand il dort
Par des chuchotements de mort
Et d’outre-tombe.

Hélas ! chacun est l’écheveau
Qu’embrouille au fond de son caveau
Ce vieux spectre toujours nouveau ;
Mauvaise mère
Dont les petits qu’elle a couvés,
Par elle-même dépravés
Deviennent les enfants-trouvés
De la Chimère.

En nous elle plombe et tarit
L’illusion verte qui rit ;
Elle étend sur l’âme et l’esprit
Sa glu chancreuse ;
Puis, sur eux, tirant ses verrous,
Les écrase entre ses écrous,
Et, féroce, y creuse des trous
Qu’elle recreuse.

Sans cesse elle revient au deuil
Comme un flot revient à l’écueil ;
Elle grossit en un clin d’œil
Ce qui nous froisse ;
Tout le jour elle nous a nui,
Et l’implacable dans la nuit
Nous tricote encor de l’ennui
Et de l’angoisse.

Elle glace nos jeux, nos arts
Qui lazzaronaient en lézards,
Nous prédit les mauvais hasards
Des occurrences ;
Et dans la nocturne vapeur
Elle nous invente la Peur
Avec l’éveil ou la stupeur
Des apparences.

Ce comptable sec et retors
Additionne tous nos torts
Et fige dans ses coffres-forts
Toutes nos larmes ;
C’est le maniaque secret
Qui jamais las, jamais distrait,
Tourne la meule du regret
Et des alarmes.

Nous croyons noyer dans le vin
Ce monstre infernal ou divin
Pour qui notre moelle est en vain
Redépensée ;
Le Ciel serait si consolant,
Le corps si pur, l’amour si blanc
Et le cercueil si peu troublant
Sans la pensée !

Mais buvons sans trêve ! Agissons !
Lutte inutile ! nous pensons :
Notre chair a tous les frissons
De la contrainte,
Et malgré notre acharnement
Pour exister physiquement,
Nous retombons dans le tourment
De cette étreinte.

Que l’on veuille croire ou douter,
Elle arrive à nous dérouter,
Et, si parfois, pour nous tenter,
Elle aventure
Un Parce que contre un Pourquoi,
Bien vite elle oppose à la Foi
Le scepticisme qui rit froid
Et qui rature.

Sous le chagrin qu’elle épaissit,
L’enthousiasme se rancit ;
Elle supprime ou raccourcit
La confidence,
Et dans le danger, qu’elle accroît,
Nous fait du courage un adroit
Qui suppute, esquive et ne croit
Qu’à la prudence.

La Justice et la Vérité
Qui nous mènent à la clarté,
Elle les jette de côté,
Et l’on s’embarque
Pour le noir et pour l’incertain
Devant ce douanier hautain
Qui ne laisse passer l’instinct
Qu’avec sa marque.

Elle a le conseil si tortu,
Si captieux et si pointu
Qu’elle suggère à la Vertu
Le goût du crime ;
Et pas un homme n’est vainqueur
De ce terrible épilogueur,
Espèce de crapaud du cœur
Qui nous opprime.

Elle use par l’obsession,
Par la mystification,
Par le fiel et la succion
De sa censure
Le labeur qu’elle a suscité,
Et fournit à l’oisiveté
La vénéneuse activité
De la luxure.

Et quand par elle on est à bout,
Si terminé, si mort à tout,
Qu’on n’a pas même le dégoût
De la souffrance,
Un drap noir croule sur nos jours,
Un drap lourd entre les plus lourds,
Sans croix ni larmes de velours :
L’Indifférence !

Puis elle atteint son but fatal ;
Après un voyage final,
Elle nous prend au fond du Mal
Et nous oublie
Par delà l’horrible cloison
Qui limite notre horizon :
Et c’est la mort de la Raison
Dans la Folie.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Rien ne nous arrive sans cause, et cette cause est mentale. Notre attitude mentale crée nos conditions de succès et d'insuccès. Le résultat de notre travail correspondra à la nature de nos pensées, à notre attitude mentale habituelle. Pour produire, l'esprit doit être maintenu dans un état positif d'énergie créatrice. Nos facultés mentales ressemblent à des servantes qui nous donnent exactement ce que nous attendons.

citation de Orison Swett MardenSignalez un problèmeDes citations similaires
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Iulia Hașdeu

Chanson du faucher

Les blonds épis tombent fauchés
L’abeille butine et bourdonne.
Dans les foins les grillons cachés
Chantent l’été que Dieu nous donne.

Dieu donne aux sources leur fraîcheur;
Au champ, pour peu que Dieu le veuille,
L’ombre repose le faucher,
Car il donne à l’arbre sa feuille.

Dieu donne au faucheur la santé,
Et la récolte à ses campagnes;
Il donne aux filles la beauté
Et la douceur à nos compagnes.

Dieu qui veille sur l’humble nid
De l’oiseau blotti dans la mousse,
Pour notre peine, nous bénit
Et rend notre existence douce.

Chantons tous ce Dieu dont la main,
Toujours prête, toujours clémente,
Nous guide dans le bon chemin
Et nous épargne la tourmente.

Chantons-le donc matin et soir,
Et que notre chant lui paraisse
Un pieux parfum d’encensoir,
Un hymne de notre allègresse.

poésie de Iulia Hașdeu de ConfidencesSignalez un problèmeDes citations similaires
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Elie Wiesel

Nous aimons notre enfance, nous y revenons, nous la jugeons, elle nous juge.

Elie Wiesel dans Mémoire à deux voixSignalez un problèmeDes citations similaires
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La Maladie

La maladie est une femme
Invisible comme un remord
Qui flétrit, tout prêts pour la mort,
La bouche rose et l’œil de flamme.

Elle vous surprend dans sa trame
Et vous plante sa dent qui mord.
La maladie est une femme
Invisible comme un remord.

Qu’elle soit noble, étrange, infâme,
Avec elle on a toujours tort !
Elle vous vide, elle vous tord
La chair, l’esprit, le cœur et l’âme ;
La maladie est une femme.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Emil Cioran

Personne ne saura jamais comment elle s’arrangeait pour respirer, par quel égarement elle cédait aux prestiges du souffle, ni ce qu’elle cherchait parmi nous. Ce qui est certain c’est qu’elle n’était pas d’ici, et qu’elle ne partageait notre déchéance que par politesse ou par quelque curiosité morbide.

Emil Cioran dans Elle n’était pas d’ici…Signalez un problèmeDes citations similaires
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Alexis Carrel

La mort est le prix que nous devons payer pour notre cerveau et notre personnalité.

Alexis Carrel dans L\'homme, cet inconnuSignalez un problèmeDes citations similaires
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Ballade de la grosse Margot

Se j'aime et sers la belle de bon hait.
M'en devez-vous tenir ne vil ne sot?
Elle a en soi des biens à fin souhait.
Pour son amour ceins bouclier et passot;
Quand viennent gens, je cours et happe un pot,
Au vin m'en vois, sans démener grand bruit;
Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.
S'ils payent bien, je leur dis que "bien stat;
Retournez ci, quand vous serez en ruit,
En ce bordeau où tenons notre état."

Mais adoncques il y a grand déhait
Quand sans argent s'en vient coucher Margot;
Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait.
Sa robe prends, demi-ceint et surcot,
Si lui jure qu'il tendra pour l'écot.
Par les côtés se prend cet Antéchrist,
Crie et jure par la mort Jésus-Christ
Que non fera. Lors empoigne un éclat;
Dessus son nez lui en fais un écrit,
En ce bordeau où tenons notre état.

Puis paix se fait et me fait un gros pet,
Plus enflé qu'un velimeux escarbot.
Riant, m'assied son poing sur mon sommet,
"Go! go!" me dit, et me fiert le jambot.
Tous deux ivres, dormons comme un sabot.
Et au réveil, quand le ventre lui bruit,
Monte sur moi que ne gâte son fruit.
Sous elle geins, plus qu'un ais me fais plat,
De paillarder tout elle me détruit,
En ce bordeau où tenons notre état.

Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit.
Ie suis paillard, la paillarde me suit.
Lequel vaut mieux? Chacun bien s'entresuit.
L'un l'autre vaut; c'est à mau rat mau chat.
Ordure aimons, ordure nous assuit;
Nous défuyons honneur, il nous défuit,
En ce bordeau où tenons notre état.

poésie de Francois VillonSignalez un problèmeDes citations similaires
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Ascension

Jésus au ciel est monté
Pour vous envoyer sa grâce
Espérance et charité,
Foi qui jamais ne se lasse,

Patience et tous les dons
Que l’esprit porte en ses flamme».
Et les trésors de pardons,
De zèle au salut des âmes,

De courage durant les
Tentations de ce monde.
Ah! surtout, oui, devant les
Tentations de ce monde,

Ces scandales étalés
Tour à tour beaux puis immondes,
Pauvres cœurs écartelés,
Tristes âmes vagabondes !

Jésus au ciel est monté,
Mais en nous laissant son ombre :
L’Évangile répété
Sans cesse aux peuples sans nombre.

Jésus au ciel est monté
Pour mieux veiller, Lui, fait homme,
Sur notre fragilité
Qu’il éprouva... Mais nous, comme

Jésus au ciel est monté
Notre nuit n’y pourrait suivre
Avant la mort sa clarté :
Ah ! d’esprit allons y vivre !

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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La Buveuse d'absinthe

Elle était toujours enceinte,
Et puis elle avait un air...
Pauvre buveuse d’absinthe !

Elle vivait dans la crainte
De son ignoble partner :
Elle était toujours enceinte.

Par les nuits où le ciel suinte,
Elle couchait en plein air.
Pauvre buveuse d’absinthe !

Ceux que la débauche éreinte
La lorgnaient d’un œil amer :
Elle était toujours enceinte !

Dans Paris, ce labyrinthe
Immense comme la mer,
Pauvre buveuse d’absinthe,

Elle allait, prunelle éteinte,
Rampant aux murs comme un ver...
Elle était toujours enceinte !

Oh ! cette jupe déteinte
Qui se bombait chaque hiver !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Sa voix n’était qu’une plainte,
Son estomac qu’un cancer :
Elle était toujours enceinte !

Quelle farouche complainte
Dira son hideux spencer !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Je la revois, pauvre Aminte,
Comme si c’était hier :
Elle était toujours enceinte !

Elle effrayait maint et mainte
Rien qu’en tournant sa cuiller ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand elle avait une quinte
De toux, — oh ! qu’elle a souffert,
Elle était toujours enceinte ! —

Elle râlait : « Ça m’esquinte !
Je suis déjà dans l’enfer. »
Pauvre buveuse d’absinthe !

Or elle but une pinte
De l’affreux liquide vert :
Elle était toujours enceinte !

Et l’agonie était peinte
Sur son œil à peine ouvert ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand son amant dit sans feinte :
« D’débarras, c’en est un fier !
« Elle était toujours enceinte. »
— Pauvre buveuse d’absinthe !

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Nous sommes tous nés deux fois: le jour de notre naissance biologique, dont nous n'avons aucun souvenir, et le jour de notre naissance à la conscience, que nous nous rappelons par définition.

citation de Boris CyrulnikSignalez un problèmeDes citations similaires
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Chamfort

Celui qui est juste au milieu, entre notre ennemi et nous, nous paraît être plus voisin de notre ennemi.

citation de ChamfortSignalez un problèmeDes citations similaires
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La Conscience

La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tous ! les obscurs et les célèbres,
L’impie et le moine à genoux,

Nous cachons en vain nos dessous
À ses regards froids et funèbres !
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.

Tant que l’Esprit n’est pas dissous,
Et que le sang bat les vertèbres,
Elle déchiffre nos Algèbres,
Et plonge au fond de nos remous.
La Conscience voit dans nous !

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La Chanson des amoureuses

Nos soupirs s’en vont dans la tombe
Comme des souffles dans la nuit,
Et nos plaintes sont un vain bruit
Comme celles de la colombe.

Tout prend son vol et tout retombe,
Tout s’enracine et tout s’enfuit !
Nos soupirs s’en vont dans la tombe
Comme des souffles dans la nuit.

C’est toujours la mort qui surplombe
Le nouvel amour qui séduit,
Et pas à pas, elle nous suit
Dans la volupté qui nous plombe.
Nos soupirs s’en vont dans la tombe.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Parfois notre lumière s'éteint, puis elle est rallumée par un autre être humain. Chacun de nous doit de sincères remerciements à ceux qui ont ravivé leur flamme.

citation de Albert SchweitzerSignalez un problèmeDes citations similaires
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Tristan Tzara

Dada est notre intensité; qui érige les baïonnettes sans conséquence la tête Sumatrale du bébé allemand; Dada est l'art sans pantoufles ni parallèles; qui est contre et pour l'unité et décidément contre le futur; nous savons sagement que nos cerveaux deviendront des coussins douillets que notre anti-dogmatisme est aussi exclusivité que le fonctionnaire que nous ne sommes pas libres et que nous crions liberté Nécessité sévère sans discipline ni morale et crachons sur l'humanité. Dada reste dans le cadre européen des faiblesses, c'est tout de même de la merde, mais nous voulons désormais chier en couleurs diverses, pour orner les jardins zoologiques de l'art, de tous les drapeaux des consulats do do bong hiho aho hiho aho.

citation de Tristan Tzara (1916)Signalez un problèmeDes citations similaires
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La Ressusciteuse

Je dis à la bergère : « Où donc est ta bessonne !
Oh ! mais, comme tu lui ressembles ! »
La fille soupira : « Ma sœur est mort’ ! personne
N’nous verra plus jamais ensemble.

C’est vrai que j’suis son doub’, son r’venant q’l’on dirait,
Celui-là qui me r’gard’ la voit.
De visag’, de parler, d’taill’, j’suis tout son portrait :
J’suis elle, comme elle était moi.

Je m’la ressuscit’ ben souvent.
J’prends tout c’quell’ portait d’son vivant,
À sa façon, j’m’en habill’ telle,

Et puis, d’vant un’ glac’, pour tout d’bon,
J’y cause… et, lorsque j’y réponds,
Je me figure que c’est elle !

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Werner Herzog

Pour que nous entendions rire la vie, il faut qu'elle soit l' écho de notre propre joie.

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La Promenade champêtre

Mai, le plus amoureux des mois,
Fleurit et parfume les haies.
Allons-nous-en dans les chênaies,
Égarons-nous au fond des bois !
Cherchons la source et les clairières,
Dormons à l’ombre du bouleau ;
Un bon soleil ami de l’eau
Sourit aux flaques des carrières.

Et tous deux nous nous enfonçons
Dans la campagne ! et, champs, prairies,
Brandes, mares et métairies
Tout ça rêve entre les buissons.
Intrigués par notre costume,
Les bœufs, avec un œil dormant
Nous considèrent gravement
En léchant leur mufle qui fume.

Mélancolique et cher pays,
À nous tes petites auberges,
Ta Gargilesse humble et tes berges
Si pleines d’ombre et de fouillis !
Nous deux nous sommes les touristes
Familiers de tes casse-cou,
Et nous adorons le coucou
Qui pleure dans tes bois si tristes.

— Traversons la cour du fermier :
Au fond, le chien dort sous un frêne,
Lentement un crapaud se traîne
Horrible et doux sur le fumier.
Ici, la cane barboteuse
Glousse devant un soupirail ;
Là, des bergers frottent leur ail
Sur une croûte raboteuse.

Tiens ! voici venir chevauchant,
Assis sur des sacs de farine,
Le grand Pierre à qui Mathurine
Songe plus d’une fois au champ.
Insoucieux, il se balance,
Jetant sa voix claire à l’écho,
Déhanché sur son bourriquot,
Et tout rempli de nonchalance.

Angélique, au bord du lavoir,
À genoux dans l’herbe et la mousse,
Tape et tord le linge qui mousse.
C’est tout un plaisir de la voir !
Il sonne en vain le battoir jaune,
Les grenouilles n’en ont pas peur.
Dans une sereine torpeur,
Elles songent au pied d’un aune.

Que nous font les terrains vaseux
Puisque chantent les pastourelles,
Et qu’on peut voir dans les nids frêles
Le mystère des petits œufs ?
La pente est rude, mais la roche
Où le pied se pose au hasard
S’émeraude avec le lézard,
Et voici que la Creuse est proche !

Là-bas, Margot jacasse avec
Autant de feu qu’une dévote,
Elle court, sautille et pivote,
Hochant la queue, ouvrant le bec.
Impossible d’être plus drôle !
Elle danse, et va s’amusant
D’un beau petit caillou luisant,
Et d’un brin d’herbe qui la frôle.

Du fond des chemins oubliés
Où notre semelle s’attache,
Nous voyons la vieille patache
Qui roule entre les peupliers.
Quand les coups de fouets aiguillonnent
Les pauvres chevaux courbatus,
Sur les colliers hauts et pointus,
Comme les grelots carillonnent!

Et la hutte en chaume terreux,
Abri des petites bergères,
Est au milieu de ses fougères
Hospitalière aux amoureux.
Dans un mystère délectable,
Las de courir et de causer,
Nous venons nous y reposer,
Sur la paille qui sent l’étable.

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Le Silence des morts

On scrute leur portrait, espérant qu’il en sorte
Un cri qui puisse enfin nous servir de flambeau.
Ah ! si même ils venaient pleurer à notre porte
Lorsque le soir étend ses ailes de corbeau !

Non ! Mieux que le linceul, la bière et le tombeau
Le silence revêt ceux que le temps emporte :
L’âme en fuyant nous laisse un horrible lambeau
Et ne nous connaît plus dès que la chair est morte

Pourtant, que d’appels fous, longs et désespérés,
Nous poussons jour et nuit vers tous nos enterrés !
Quels flots de questions coulent avec nos larmes !

Mais toujours, à travers ses plaintes, ses remords,
Ses prières, ses deuils, ses spleens et ses alarmes,
L’homme attend vainement la réponse des morts.

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