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L'interprète

L'inclinaison de ce vieux saule
Sur le vieil étang soucieux
Que pas une brise ne frôle,
A quelque chose de pieux.

Et l'on dirait que chaque feuille,
Ayant cessé son trémolo,
Pompe le mystère de l'eau
Et dévotement se recueille.

Or, soudain, y perchant son vol,
Voici qu'un petit rossignol,
Tendre interprète d'aventure,

Pour l'arbre adresse à l'Inconnu,
Dans un lamento soutenu,
La prière de la Nature !

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L'Interprète

L’inclinaison de ce vieux saule
Sur le vieil étang soucieux
Que pas une brise ne frôle,
A quelque chose de pieux.

Et l’on dirait que chaque feuille,
Ayant cessé son trémolo,
Pompe le mystère de l’eau
Et dévotement se recueille.

Or, soudain, y perchant son vol,
Voici qu’un petit rossignol,
Tendre interprète d’aventure,

Pour l’arbre adresse à l’Inconnu,
Dans un lamento soutenu,
La prière de la Nature !

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Le Saule

Tout à l’heure, sous les éclats
Et les souffles de la tempête,
Le saule brandillait sa tête,
Et l’étang cognait ses bords plats.

Avec de mortelles alarmes,
Par ce vent, ces rumeurs, ces feux,
L’arbre tordait ses longs cheveux
Sur l’eau qui balayait ses larmes.

Calme, à présent, l’étang reluit,
Le ciel illumine la nuit,
Et, sans qu’une brise l’effleure,

Le Narcisse des végétaux
Admire encore dans les eaux
Sa figure verte qui pleure.

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L'Étang du mauvais pas

Fuis l’étang du mauvais pas,
Crains l’ogre qu’on y soupçonne,
Gare au monstre du trépas !

On dit qu’il fit ses repas
Maintes fois d’une personne...
Fuis l’étang du mauvais pas !

Crois-moi ! tiens ! entends ce glas !
C’est comme un avis qui sonne.
Gare au monstre du trépas !

Mais, incrédule est le gars.
Il part, sa chanson résonne...
Fuis l’étang du mauvais pas !

Bah ! il n’en fait aucun cas,
Cette vieille déraisonne.
Gare au monstre du trépas

S’allonger la nuit ? non pas.
Pour lui toute route est bonne...
Fuis l’étang du mauvais pas !

Allons donc ! les pays plats ?
C’est sûr ! et rien ne l’étonne.
Gare au monstre du trépas !

Sa marche ouvre son compas
Tranquille. Pourtant, il tonne...
Fuis l’étang du mauvais pas !

Le vent claque lourd, au ras
Du feuillage qui moutonne.
Gare au monstre du trépas !

D’accent triste, à soupirs las,
Une voix longue marmonne :
Fuis l’étang du mauvais pas !

Voici les joncs scélérats
Encadrant l’eau qui charbonne.
Gare au monstre du trépas !

L’homme dans leur louche amas
S’engage, sans qu’il frissonne.
Fuis l’étang, du mauvais pas !

La nuit fonce encor ses draps,
Éclairs, brouillards, l’environnent.
Gare au monstre du trépas !

Lui, calme, au croulant fracas,
Garde son humeur luronne.
Fuis l’étang du mauvais pas !

Soudain, de l’eau sort un bras,
Puis, une main le harponne...
Gare au monstre du trépas !

Ô le plus noir des combats !
Il reparaît, replongeonne...
Fuis l’étang du mauvais pas !

Il descend toujours plus bas
Sous l’onde qui tourbillonne...
Gare au monstre du trépas !

Et, lent, dans les roseaux gras,
L’ogre assassin le mâchonne.
Fuis l’étang du mauvais pas !

Telle s’accomplit, hélas !
La légende berrichonne.
Fuis l’étang du mauvais pas,
Gare au monstre du trépas !

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L'étang du mauvais pas

Fuis l'étang du mauvais pas,
Crains l'ogre qu'on y soupçonne,
Gare au monstre du trépas !

On dit qu'il fit ses repas
Maintes fois d'une personne...
Fuis l'étang du mauvais pas !

Crois-moi ! tiens ! entends ce glas !
C'est comme un avis qui sonne.
Gare au monstre du trépas !

Mais, incrédule est le gars.
Il part, sa chanson résonne...
Fuis l'étang du mauvais pas !

Bah ! il n'en fait aucun cas,
Cette vieille déraisonne.
Gare au monstre du trépas

S'allonger la nuit ? non pas.
Pour lui toute route est bonne...
Fuis l'étang du mauvais pas !

Allons donc ! les pays plats ?
C'est sûr ! et rien ne l'étonne.
Gare au monstre du trépas !

Sa marche ouvre son compas
Tranquille. Pourtant, il tonne...
Fuis l'étang du mauvais pas !

Le vent claque lourd, au ras
Du feuillage qui moutonne.
Gare au monstre du trépas !

D'accent triste, à soupirs las,
Une voix longue marmonne :
Fuis l'étang du mauvais pas !

Voici les joncs scélérats
Encadrant l'eau qui charbonne.
Gare au monstre du trépas !

L'homme dans leur louche amas
S'engage, sans qu'il frissonne.
Fuis l'étang, du mauvais pas !

La nuit fonce encor ses draps,
Eclairs, brouillards, l'environnent.
Gare au monstre du trépas !

Lui, calme, au croulant fracas,
Garde son humeur luronne.
Fuis l'étang du mauvais pas !

Soudain, de l'eau sort un bras,
Puis, une main le harponne...
Gare au monstre du trépas !

Ô le plus noir des combats !
Il reparaît, replongeonne...
Fuis l'étang du mauvais pas !

Il descend toujours plus bas
Sous l'onde qui tourbillonne...
Gare au monstre du trépas !

Et, lent, dans les roseaux gras,
L'ogre assassin le mâchonne.
Fuis l'étang du mauvais pas !

Telle s'accomplit, hélas !
La légende berrichonne.
Fuis l'étang du mauvais pas,
Gare au monstre du trépas !

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Le Petit Lièvre

Brusque, avec un frisson
De frayeur et de fièvre,
On voit le petit lièvre
S’échapper du buisson.
Ni mouche ni pinson ;
Ni pâtre avec sa chèvre,
La chanson
Sur la lèvre.

Tremblant au moindre accroc,
La barbe hérissée
Et l’oreille dressée,
Le timide levraut
Part et se risque au trot,
Car l’aube nuancée
N’est pas trop
Avancée.

L’animal anxieux
S’assied sur une fesse ;
Et pendant qu’il paresse,
La brume dans les yeux,
Le grand saule pieux
S’agenouille et s’affaisse
Comme un vieux
À confesse.

N’entend-il pas quelqu’un ?
Non ! ce n’est que la brise
Qui caresse et qui grise
Son petit corps à jeun.
Et dans le taillis brun
Le fou s’aromatise
Au parfum
Du cytise.

Dans le matin pâlot,
Leste et troussant sa queue,
Il fait plus d’une lieue
D’un seul trait, au galop.
Il s’arrête au solo
Du joli hoche-queue,
Près de l’eau
Verte et bleue.

Terrains mous, terrains durs,
En tout lieu son pied trotte :
Et poudreux, plein de crotte,
Ce rôdeur des blés mûrs
Hante les trous obscurs
Où la source chevrote,
Les vieux murs
Et la grotte.

L’aube suspend ses pleurs
Au treillis des barrières,
Et sur l’eau des carrières
Fait flotter ses couleurs.
Et les bois roucouleurs,
L’herbe des fondrières
Et les fleurs
Des clairières,

L’if qui se rabougrit,
Le roc vêtu d’ouate
Où le genêt s’emboîte,
La forêt qui maigrit,
La mare qui tarit,
L’ornière creuse et moite :
Tout sourit
Et miroite.

Et dans le champ vermeil
Où s’épuise la sève,
Le lièvre blotti rêve
D’un laurier sans pareil ;
Et toujours en éveil
Il renifle sans trêve
Au soleil
Qui se lève.

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Le Petit Renardeau

Au bord de l’étang, le petit renardeau
Suit à pas de loup sa mère la renarde,
Qui s’en va guettant, sournoise et goguenarde,
Le canard sauvage ou bien la poule d’eau.

— Des nuages bruns couvrent d’un noir bandeau
Le soleil sanglant que l’âpre nuit poignarde.
Au bord de l’étang, le petit renardeau
Suit à pas de loup sa mère la renarde.

Sur un bois flottant qui lui sert de radeau,
Soudain la rôdeuse en tremblant se hasarde ;
Et moi, curieux et ravi, je regarde,
Caché par les joncs comme par un rideau,
Au bord de l’étang le petit renardeau.

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La baigneuse

Le temps chauffe, ardent, radieux ;
Le sol brûle comme une tôle
Dans un four. Nul oiseau ne piaule,
Tout l'air vibre silencieux...
Si bien que la bergère a confié son rôle
A son chien noir aussi bon qu'il est vieux.

Posant son tricot et sa gaule,
Elle ôte, à mouvements frileux,
Robe, chemise, et longs bas bleus :
Sa nudité sort de sa geôle.
Tout d'abord, devant l'onde aux chatoiements vitreux
Elle garde un maintien peureux,
Mais enfin, la chaleur l'enjôle,
Elle fait un pas et puis deux...
Mais si l'endroit est hasardeux ?
Si l'eau verte que son pied frôle
Allait soudainement lui dépasser l'épaule ?
Mieux vaut se rhabiller ! mais avant, sous un saule,
D'un air confus et curieux,
Elle se regarde à pleins yeux
Dans ce miroir mouvant et drôle.

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Le Champ de chardons

Le champ fourmille de chardons :
Quel paradis pour le vieil âne !
Adieu bât, sangles et bridons !
Le champ fourmille de chardons.
La brise mêle ses fredons
A ceux de la petite Jeanne !
Le champ fourmille de chardons :
Quel paradis pour le vieil âne !

En chantant au bord du fossé
La petite Jeanne tricote.
Elle songe à son fiancé
En chantant au bord du fossé ;
Son petit sabot retroussé
Dépasse le bout de sa cotte.
En chantant au bord du fossé
La petite Jeanne tricote.

Les brebis vaguent en broutant
Et s’éparpillent sur les pentes
Que longe un tortueux étang.
Les brebis vaguent en broutant.
Le bon vieil âne est si content
Qu’il retrouve des dents coupantes.
Les brebis vaguent en broutant
Et s’éparpillent sur les pentes.

Près de Jeanne, au pied d’un sureau,
La chienne jaune est accroupie.
La chèvre allaite son chevreau
Près de Jeanne, au pied d’un sureau.
La vache rêve ; un grand taureau
Regarde sauter une pie ;
Près de Jeanne, au pied d’un sureau,
La chienne jaune est accroupie.

Le taon fait son bruit de ronfleur,
Et le chardonneret son trille ;
On entend le merle siffleur ;
Le taon fait son bruit de ronfleur.
Parfois, en croquant tige ou fleur,
L’âne, au tronc d’un arbre, s’étrille ;
Le taon fait son bruit de ronfleur,
Et le chardonneret son trille.

J’aperçois les petits cochons
Avec leur joli groin rose
Et leur queue en tire-bouchons.
J’aperçois les petits cochons !
Ils frétillent si folichons
Qu’ils amusent mon œil morose.
J’aperçois les petits cochons
Avec leur joli groin rose !

Le baudet plein de nonchaloir
Savoure l’âpre friandise ;
Il est réjouissant à voir
Le baudet plein de nonchaloir !
Sa prunelle de velours noir
Étincelle de gourmandise.
Le baudet plein de nonchaloir
Savoure l’âpre friandise.

Le soleil dort dans les cieux gris
Au monotone tintamarre
Des grenouilles et des cris-cris.
Le soleil dort dans les cieux gris.
Les petits saules rabougris
Écoutent coasser la mare ;
Le soleil dort dans les cieux gris
Au monotone tintamarre.

Au loin, sur le chemin de fer,
Un train passe, gueule enflammée :
On dirait les chars de l’enfer
Au loin, sur le chemin de fer :
La locomotive, dans l’air,
Tord son panache de fumée !
Au loin, sur le chemin de fer
Un train passe, gueule enflammée.

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La roue de moulin

Les nuages traînant leurs blocs
Autour du soleil qui les troue,
On voit reflamboyer la roue
Du moulin bâti dans les rocs.

Et la chose monstre qui tourne
Noire, en son clair rutilement,
Bat des mousses de diamant
Dans la ruelle où l'eau s'enfourne.

Puis, à mesure qu'il s'éteint,
Des tons de l'astre elle se teint.
Un rosâtre glacis carmine son ébène.

Voici que, grandie à présent,
Rouge, elle tourne dans du sang,
Ayant l'air de brasser une hécatombe humaine !

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La Roue de moulin

Les nuages traînant leurs blocs
Autour du soleil qui les troue,
On voit reflamboyer la roue
Du moulin bâti dans les rocs.

Et la chose monstre qui tourne
Noire, en son clair rutilement,
Bat des mousses de diamant
Dans la ruelle où l’eau s’enfourne.

Puis, à mesure qu’il s’éteint,
Des tons de l’astre elle se teint.
Un rosâtre glacis carmine son ébène.

Voici que, grandie à présent,
Rouge, elle tourne dans du sang,
Ayant l’air de brasser une hécatombe humaine !

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Mon âme est une infante

Mon Ame est une infante en robe de parade,
Dont l'exil se reflète, éternel et royal,
Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.

Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement,
Deux lévriers d'Écosse aux yeux mélancoliques
Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques
Dans la forêt du Rêve et de l'Enchantement.

Son page favori, qui s'appelle Naguère,
Lui lit d'ensorcelants poèmes à mi-voix,
Cependant qu'immobile, une tulipe aux doigts,
Elle écoute mourir en elle leur mystère...

Le parc alentour d'elle étend ses frondaisons,
Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres;
Et, grave, elle s'enivre à ces songes illustres
Que recèlent pour nous les nobles horizons.

Elle est là résignée, et douce, et sans surprise,
Sachant trop pour lutter comme tout est fatal,
Et se sentant, malgré quelque dédain natal,
Sensible à la pitié comme l'onde à la brise.

Elle est là résignée, et douce en ses sanglots,
Plus sombre seulement quand elle évoque en songe
Quelque Armada sombrée à l'éternel mensonge,
Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots.

Des soirs trop lourds de pourpre où sa fierté soupire,
Les portraits de Van Dyck aux beaux doigts longs et purs,
Pâles en velours noir sur l'or vieilli des murs,
En leurs grands airs défunts la font rêver d'empire.

Les vieux mirages d'or ont dissipé son deuil,
Et, dans les visions où son ennui s'échappe,
Soudain - gloire ou soleil -un rayon qui la frappe
Allume en elle tous les rubis de l'orgueil.

Mais d'un sourire triste elle apaise ces fièvres;
El, redoutant la foule aux tumultes de fer,
Elle écoute la vie - au loin - comme la mer...
Et le secret se lait plus profond sur ses lèvres.

Rien n'émeut d'un frisson l'eau pâle de ses yeux,
Où s'est assis l'Esprit voilé des Villes mortes;
El par les salles, où sans bruit tournent les portes,
Elle va, s'enchantant de mots mystérieux.

L'eau vaine des jets d'eau là-bas tombe en cascade,
Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts,
Elle est là, reflétée aux miroirs d'autrefois,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.

Mon Ame est une infante en robe de parade.

poésie de Albert SamainSignalez un problèmeDes citations similaires
Ajouté par Simona Enache
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Le Remords

Plus de brise folle
Sur les talus :
La frivole
Ne vole
Plus !
L’âpre soleil rissole
Les grands fumiers mamelus.

Plus d’oiseau loustic.
Sur le roc rouge
Très à pic
L’aspic
Bouge.
L’homme dévale au bouge,
L’insecte fait son tic tic.

Le bois gigantesque
A la stupeur
D’une fresque.
J’ai presque
Peur !
L’étang par sa torpeur
Est d’un affreux pittoresque.

Et je souffre, hélas !
Jusqu’à la fibre :
Et mon pas
N’est pas
Libre.
Plus une aile qui vibre
Dans l’air où j’entends un glas !

D’êtres nul vestige.
Dans mon linceul
De vertige
Lourd, suis-je
Seul ?
Plus courbé qu’un aïeul,
le marche; — L’étang se fige.

Mon cœur repentant
Dont tu te moques,
O Satan!
Est en
Loques.
Oh ! les noirs soliloques
Que je marmotte en boitant !

Le soleil s’élève
Comme un drap d’or.
L’eau qui rêve
Sans trêve
Dort,
Pendant que le remord
Me taillade avec son glaive.

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La Confidence

Tu me disais hier avec un doux sourire :
« Oh ! oui ! puisqu’il est vrai que mon amour t’inspire,
« Je m’en vais t’aimer plus encor !
« Que pour toujours alors, poète qui m’embrases,
« La fleur de l’idéal embaume tes extases
« Dans un brouillard de nacre et d’or ! »

— Et moi, je savourais tes paroles sublimes,
Mon âme s’envolait dans les airs, sur les cimes,
Et l’énigme se dévoilait.
L’étang pour ma pensée étoilait ses eaux mornes,
Et fraternellement la stupeur des viornes
Avec la mienne se mêlait.

Alors, je comprenais le mystère des choses.
Ce verbe de parfums que chuchotent les roses
Vibrait tendre dans mes douleurs ;
Ce qui pleure ou qui rit, ce qui hurle ou qui chante,
Tout me parlait alors d’une voix si touchante
Que mes yeux se mouillaient de pleurs.

Le bœuf languissamment étendu près d’un saule
Et clignant ses grands yeux en se léchant l’épaule
Qu’ont fait saigner les aiguillons ;
Les veaux effarouchés, trottant par les pelouses
Où viennent folâtrer, sur l’or bruni des bouses,
Libellules et papillons ;

Le poulain qui hennit avec des bonds superbes
Auprès de la jument paissant les hautes herbes,
Les grillons dans le blé jauni ;
Le soleil s’allumant rouge dans les bruines
Et baignant de clartés sanglantes les ruines
Où la chouette fait son nid ;

L’ânon poilu tétant sa nourrice qui broute,
La pie aux yeux malins sautillant sur la route,
L’aspic vif et les crapauds lourds,
Le chien, la queue au vent, et l’œil plein de tendresse,
Approchant son museau de mes doigts qu’il caresse
Avec sa langue de velours ;

Les ruisseaux hasardeux, les côtes, les descentes,
Le brin d’herbe du roc, et la flaque des sentes,
L’arbre qui dit je ne sais quoi ;
La coccinelle errant dans la fraîcheur des mousses :
Parfum, souffle, musique, apparitions douces,
La nature vivait en moi.

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Les Petits Cailloux

Roulés par d’antiques déluges
Ou par des torrents disparus,
Sur tant de chemins parcourus
Ils ont rencontré des refuges.

Ils gisent au hasard du temps,
À la merci brusque de l’homme,
Dormant leur immobile somme,
Mornes, gais, obscurs, miroitants.

Il vous en apparaît, parfois,
Un tas tout blanc sous des aigrettes
D’herbes folles et de fleurettes
Dans la clairière d’un grand bois.

Certains, au pied d’un très vieil arbre,
Semblent au fond d'un ravin gris,
Sur une mousse vert-de-gris,
De beaux petits morceaux de marbre.

La chenille qu’humide ou sec
Un coup de vent jette ou remporte
Bien collée à sa feuille morte ;
L’aiguisage d’un petit bec ;

Fourmis au repos comme à l’œuvre ;
La rampade, le repliement
Tassé, le désenroulement
Brusque ou dormi de la couleuvre ;

Les divers grincés du grillon
Selon qu’il s’arrête ou qu’il flâne ;
La caresse d’un mufle d’âne ;
Le flottement d’un papillon :

Tout cela, léger, taciturne,
Ou d’un murmure si discret,
Ils l'ont ! et savent le secret
De plus d’une bête nocturne.


II

Ils ornent le recoin seulet,
Émaillent le sentier sauvage,
Le fossé, le mignon rivage
De la source et du ruisselet.

L’averse vient quand il lui plaît
Leur donner fraîcheur et breuvage ;
Le soleil, après ce lavage,
Les essuie avec un reflet.

Ovales, ronds, plats ou bombés,
Polis, blancs, jaunes, violâtres,
Ils attachent les yeux du pâtre
Aux longs regards inoccupés,

Comme ils frappent le solitaire
Qui, lassé du visage humain,
Trouve toujours sur son chemin
De quoi se pencher vers la terre,

Et leur aspect, même au temps froid,
Charme encor le plus triste endroit,
Car on sait que chacun recèle

Cet éclair soudain, rouge et bleu,
Cette âme furtive du feu :
La prestigieuse étincelle !


III

Là, frôlés de ces glisseurs doux :
Le lézard, le ver et l’insecte,
Au bord d’une eau qui les humecte,
Ils rêvent les petits cailloux.

Au milieu des clartés éteintes
Le soleil, retardant sa mort,
Ajoute comme un glacis d’or,
Comme un frisson rose à leurs teintes.

Et, quand d’un invisible vol
Dans l’air, au chant du rossignol,
Vont les brises capricieuses...

L’astre sorcier qui les revêt
De son ombre magique, en fait
D’étranges pierres précieuses.

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Un secret

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère
Un amour éternel en un moment conçu:
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle:
"Quelle est donc cette femme ?" Et ne comprendra pas!

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Ajouté par Simona Enache
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Le Lait de serpent

Le serpent est si vieux, si voisin de la mort,
Qu’il ne sort presque plus de son triste repaire,
Où, n’ayant désormais que l’ennui pour compère,
Il végète enfoui comme un ancien remord.

À la longue sa faim s’irrite et s’exaspère,
Mais une herbe laiteuse et d’un facile abord
Nourrit l’infortuné reptile qui se tord,
Et lui verse l’oubli de son passé prospère.

Aussi, quand le soleil le galvanise un peu,
Il se traîne auprès d’elle en rampant comme il peut,
Et, tout las d’avoir fait ce voyage d’une aune,

Le pauvre vieux serpent famélique et gelé,
Avec des succions de vampire essoufflé,
Pompe et bibe le lait de la plante à fleur jaune

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Matsuo Bashō

Paix du vieil étang.
Une grenouille plonge.
Bruit de l'eau.

haïku de Matsuo Bashō (1686)Signalez un problèmeDes citations similaires
Ajouté par Dan Costinaş
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Edgar Poe

Edgar Poe fut démon, ne voulant pas être Ange.
Au lieu du Rossignol, il chanta le Corbeau ;
Et dans le diamant du Mal et de l’Étrange
Il cisela son rêve effroyablement beau.

Il cherchait dans le gouffre où la raison s’abîme
Les secrets de la Mort et de l’Éternité,
Et son âme où passait l’éclair sanglant du crime
Avait le cauchemar de la Perversité.

Chaste, mystérieux, sardonique et féroce,
Il raffine l’Intense, il aiguise l’Atroce ;
Son arbre est un cyprès ; sa femme, un revenant.

Devant son œil de lynx le problème s’éclaire :
― Oh ! comme je comprends l’amour de Baudelaire
Pour ce grand Ténébreux qu’on lit en frissonnant !

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Ne perdez pas la foi durant les périodes de stagnation et de frustration. Il y a un temps pour chaque chose et chaque chose se fait en son temps. Gardez confiance même si c'est le calme plat en surface, car dans les profondeurs invisibles, votre avenir est en train de se tramer.

citation de A.C. PingSignalez un problèmeDes citations similaires
Ajouté par Micheleflowerbomb
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Les Serpents

Auprès d’une rivière où des broussailles trempent,
Dans des chemins perdus, monticuleux et roux,
On les voit se traîner aux abords de leurs trous,
Onduleux chapelets de vertèbres qui rampent.

Oh, le serpent ! Le si fantastique animal
Qui surgit brusquement des feuilles ou des pierres
Et qui laisse couler de ses yeux sans paupières
La lueur magnétique et féroce du mal !

Car il a des regards aussi froids que des lames,
Qui tiennent en arrêt les moins épouvantés ;
Car il pompe l’oiseau de ses yeux aimantés
Et fait mourir de peur les crapauds et les femmes.

Hideux comme la Mort et beau comme Satan
Dont il est le mystique et ténébreux emblème,
Son apparition rend toujours l’homme blême :
C’est le fantôme auquel jamais on ne s’attend.

Et tandis que suant le crime et le mystère,
Tout un perfide essaim du monde végétal
Recèle inertement plus d’un venin fatal,
Il est le charrieur des poisons de la terre.

Le talus, le fossé, l’ornière, le buisson
Brillent de sa couleur étincelante et sourde ;
Et la couleuvre agile et la vipère lourde
Allument dans la brande un tortueux frisson.

Il en est dont la peau, comme dans les féeries,
Surprend l’œil ébloui par de tels chatoîments
Qu’on dirait, à les voir allongés et dormants,
Des rubans d’acier bleu lamés de pierreries.

Complices de la ronce et des cailloux coupants,
Ils habitent les prés, les taillis et les berges ;
Et l’on voit dans l’horreur des grandes forêts vierges ;
Maints troncs d’arbres rugueux cravatés de serpents.

Là, non loin du python qui fait sa gymnastique,
Le boa, par un ciel rutilant et soufré,
Digère à demi mort quelque buffle engouffré
Dans l’abîme visqueux de son corps élastique.

En hiver le serpent s’encave dans les rocs ;
Il va s’ensevelir au creux pourri de l’arbre,
Ou roule en bracelet son pauvre corps de marbre
Sous les tas de fumier que piétinent les coqs.

Mais après les frimas, la neige et les bruines,
Il gagne les ravins et le bord des torrents ;
Il remonte le dos écumeux des courants
Et grimpe, ainsi qu’un lierre, aux vieux murs en ruines.

Comme un convalescent par les midis bénins,
Parfois il se hasarde et rôde à l’aventure,
Impatient de voir s’embraser la nature
Pour mieux inoculer ses terribles venins.

Alors du fouillis d’herbe au monceau de rocailles,
Bougeur sobre et muet, sournois et cauteleux,
Il rampe avec lenteur et s’arrête frileux
Sous le soleil cuisant qui fourbit ses écailles.

Solitaire engourdi qu’endort l’air étouffant,
Il écoute passer la brise insaisissable ;
Et les crépitements d’insectes sur le sable
Bercent son sommeil long comme un sommeil d’enfant.

Réveillé, le voilà comme une ombre furtive
Qui se dresse en dardant ses crochets à demi,
Et qui, devant la proie ou devant l’ennemi,
Siffle comme la bise et la locomotive.

Mais il aime le sol et la lumière ; il est
Le frôleur attendri des menthes et des roses ;
Sa colère se fond dans la douceur des choses,
Et cet empoisonneur est un buveur de lait.

Aussi l’infortuné reptile mélomane
Qui se tord sous le poids de sa damnation
M’inspire moins d’effroi que de compassion :
J’aime ce réprouvé d’où le vertige émane.

Et quand j’erre en scrutant le mystère de l’eau
Qui frissonne et qui luit dans la pénombre terne,
J’imagine souvent au fond d’une caverne
Les torpides amours du Cobra-Capello.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
Ajouté par Poetry Lover
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