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Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,

Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
Ce n'est l'air des Latins, ni le mont Palatin,
Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
Changeant à l'étranger mon naturel langage.

C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin,
Où l'espoir misérable et mon cruel destin,
Non le joug amoureux, me détient en servage.

Eh quoi, Ronsard, eh quoi, si au bord étranger
Ovide osa sa langue en barbare changer
Afin d'être entendu, qui me pourra reprendre

D'un change plus heureux ? nul, puisque le français,
Quoiqu'au grec et romain égalé tu te sois,
Au rivage latin ne se peut faire entendre.

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Ce n'est l'ambition, ni le soin d'acquérir,

Ce n'est l'ambition, ni le soin d'acquérir,
Qui m'a fait délaisser ma rive paternelle,
Pour voir ces monts couverts d'une neige éternelle,
Et par mille dangers ma fortune quérir.

Le vrai honneur, qui n'est coutumier de périr,
Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
Ont comblé mes désirs d'une abondance telle,
Qu'un plus grand bien aux dieux je ne veux requérir.

L'honnête servitude où mon devoir me lie
M'a fait passer les monts de France en Italie,
Et demeurer trois ans sur ce bord étranger,

Où je vis languissant : ce seul devoir encore
Me peut faire changer France à l'Inde et au More,
Et le ciel à l'enfer me peut faire changer.

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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

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Sonnet XXXI

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine:

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

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Ô marâtre nature

Ô marâtre nature (et marâtre es-tu bien,
De ne m'avoir plus sage ou plus heureux fait naître),
Pourquoi ne m'as-tu fait de moi-même le maître,
Pour suivre ma raison et vivre du tout mien ?

Je vois les deux chemins, et ce mal, et de bien :
Je sais que la vertu m'appelle à la main dextre,
Et toutefois il faut que je tourne à semestre,
Pour suivre un traître espoir, qui m'a fait du tout sien.

Et quel profit en ai-je ? O belle récompense !
Je me suis consumé d'une vaine dépense,
Et n'ai fait autre acquêt que de mal et d'ennui.

L'étranger recueillit le fruit de mon service,
je travaille mon corps d'un indigne exercice,
Et porte sur mon front la vergogne d'autrui.

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Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse

Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse
Soit qu'en français j'écrive ou langage romain,
Puisque le jugement d'un prince tant humain
De si grande faveur envers les lettres usé.

Donc le sacré métier où ton esprit s'amuse
Ne sera désormais un exercice vain,
Et le tardif labeur que nous promet ta main
Désormais pour Francus n'aura plus nulle excuse.

Cependant, mon Ronsard, pour tromper mes ennuis,
Et non pour m'enrichir, je suivrai, si je puis,
Les plus humbles chansons de ta Muse lassée.

Ainsi chacun n'a pas mérité que d'un roi
La libéralité lui fasse, comme à toi,
Ou son archet doré, ou sa lyre crossée.

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Maudit soit mille fois le Borgne de Libye,

Maudit soit mille fois le Borgne de Libye,
Qui, le coeur des rochers perçant de part en part,
Des Alpes renversa le naturel rempart,
Pour ouvrir le chemin de France en Italie.

Mars n'eût empoisonné d'une éternelle envie
Le coeur de l'Espagnol et du Français soudard,
Et tant de gens de bien ne seraient en hasard
De venir perdre ici et l'honneur et la vie.

Le Français corrompu par le vice étranger
Sa langue et son habit n'eût appris à changer,
Il n'eût changé ses moeurs en une autre nature.

Il n'eût point éprouvé le mal qui fait peler,
Il n'eût fait de son nom la vérole appeler,
Et n'eût fait si souvent d'un buffle sa monture.

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Amour en même instant m'aiguillonne et m'arrête

Amour en même instant m'aiguillonne et m'arrête,
M'assure et me fait peur, m'ard et me va glaçant,
Me pourchasse et me fuit, me rend faible et puissant,
Me fait victorieux et marche sur ma tête.

Ores bas, ores haut, jouet de la tempête,
Il va comme il lui plait mon navire élançant:
Je pense être échappé quand je suis périssant,
Et quand j'ai tout perdu, je chante ma conquête.

De ce qui plus me plait, je reçois déplaisir;
Voulant trouver mon coeur, j'égare mon désir;
J'adore une beauté qui m'est toute contraire;

Je m'empêtre aux filets dont je me veux garder:
Et voyant en mon mal ce qui me peut aider,
Las! je l'approuve assez, mais je ne le puis faire.

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Si après quarante ans de fidèle service

Si après quarante ans de fidèle service
Que celui que je sers a fait en divers lieux,
Employant, libéral, tout son plus et son mieux
Aux affaires qui sont de plus digne exercice,

D'un haineux étranger l'envieuse malice
Exerce contre lui son courage odieux,
Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
Oppose à la vertu l'ignorance et le vice,

Me dois-je tourmenter, moi, qui suis moins que rien,
Si par quelqu'un (peut-être) envieux de mon bien
Je ne trouve à mon gré la faveur opportune ?

Je me console donc, et en pareille mer,
Voyant mon cher seigneur au danger d'arrimer,
Il me plaît de courir une même fortune.

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Ô qu'heureux est celui qui peut passer son âge

Ô qu'heureux est celui qui peut passer son âge
Entre pareils à soi ! et qui sans fiction,
Sans crainte, sans envie et sans ambition,
Règne paisiblement en son pauvre ménage !

Le misérable soin d'acquérir davantage
Ne tyrannise point sa libre affection,
Et son plus grand désir, désir sans passion,
Ne s'étend plus avant que son propre héritage.

Il ne s'empêche point des affaires d'autrui,
Son principal espoir ne dépend que de lui,
Il est sa cour, son roi, sa faveur et son maître.

Il ne mange son bien en pays étranger,
Il ne met pour autrui sa personne en danger,
Et plus riche qu'il est ne voudrait jamais être.

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Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie

Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie,
Et plus heureux celui dont l'immortalité
Ne prend commencement de la postérité,
Mais devant que la mort ait son âme ravie.

Tu jouis (mon Ronsard), même durant ta vie,
De l'immortel honneur que tu as mérité :
Et devant que mourir (rare félicité)
Ton heureuse vertu triomphe de l'envie.

Courage donc, Ronsard, la victoire est à toi,
Puisque de ton côté est la faveur du Roi :
Jà du laurier vainqueur tes tempes se couronnent,

Et jà la tourbe épaisse à l'entour de ton flanc
Ressemble ces esprits, qui là-bas environnent
Le grand prêtre de Thrace au long sourpely blanc.

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Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los

Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los,
Et si le mien encor tu ne dédaignes dire,
D'être enclos en mes vers ton honneur ne désire,
Et par là je ne cherche en tes vers être enclos.

Laissons donc, je te prie, laissons causer ces sots,
Et ces petits galants, qui, ne sachant que dire,
Disent, voyant Ronsard et Bellay s'entr'écrire,
Que ce sont deux mulets qui se grattent le dos.

Nos louanges, Ronsard, ne font tort à personne :
Et quelle loi défend que l'un à l'autre en donne,
Si les amis entre eux des présents se font bien ?

On peut comme l'argent trafiquer la louange,
Et les louanges sont comme lettres de change,
Dont le change et le port, Ronsard, ne coûte rien.

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Ne lira-t-on jamais que ce dieu rigoureux

Ne lira-t-on jamais que ce dieu rigoureux ?
Jamais ne lira-t-on que cette Idalienne ?
Ne verra-t-on jamais Mars sans la Cyprienne ?
Jamais ne verra-t-on que Ronsard amoureux ?

Retistra-t-on toujours, d'un tour laborieux,
Cette toile, argument d'une si longue peine ?
Reverra-t-on toujours Oreste sur la scène?
Sera toujours Roland par amour furieux ?

Ton Francus, cependant, a beau hausser les voiles,
Dresser le gouvernail, épier les étoiles,
Pour aller où il dût être ancré désormais :

Il a le vent à gré, il est en équipage,
Il est encor pourtant sur le troyen rivage,
Aussi crois-je, Ronsard, qu'il n'en partit jamais.

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Ne t'ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme

Ne t'ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme,
Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien,
Et si avec l'air du ciel italien
Il n'a humé l'ardeur qui l'Italie enflamme.

Le saint rayon qui part des beaux yeux de ta dame
Et la sainte faveur de ton prince et du mien,
Cela, Ronsard, cela, cela mérite bien
De t'échauffer le coeur d'une si vive flamme.

Mais moi, qui suis absent des rais de mon soleil,
Comment puis-je sentir échauffement pareil
A celui qui est près de sa flamme divine ?

Les coteaux soleillés de pampre sont couverts,
Mais des Hyperborées les éternels hivers
Ne portent que le froid, la neige et la bruine.

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Si celui qui s'apprête à faire un long voyage

Si celui qui s'apprête à faire un long voyage
Doit croire celui-là qui a jà voyagé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Tout moite et dégouttant s'est sauvé du naufrage,

Tu me croiras, Ronsard, bien que tu sois plus sage,
Et quelque peu encor (ce crois-je) plus âgé,
Puisque j'ai devant toi en cette mer nagé,
Et que déjà ma nef découvre le rivage.

Donques je t'avertis que cette mer romaine,
De dangereux écueils et de bancs toute pleine,
Cache mille périls, et qu'ici bien souvent,

Trompé du chant pipeur des monstres de Sicile,
Pour Charybde éviter tu tomberas en Scylle,
Si tu ne sais nager d'une voile à tout vent.

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L'olive

I
je ne quiers pas la fameuse couronne,
Saint ornement du Dieu au chef doré,
Ou que, du Dieu aux Indes adoré,
Le gai chapeau la tête m'environne.
Encores moins veux je que l'on me donne
Le mol rameau en Cypre décoré
Celui qui est d'Athènes honoré,
Seul je le veux, et le Ciel me l'ordonne.
O tige heureux, que la sage Déesse
En sa tutelle et garde a voulu prendre,
Pour faire honneur à son sacré autel
Orne mon chef, donne moi hardiesse
De te chanter, qui espère te rendre
Égal un jour au Laurier immortel.
II
Loire fameux, qui, ta petite source,
Enfles de maints gros fleuves et ruisseaux,
Et qui de loin coules tes claires eaux
En l'Océan d'une assez vive course
Ton chef royal hardiment bien haut pousse
Et apparais entre tous les plus beaux,
Comme un taureau sur les menus troupeaux,
Quoi que le Pô envieux s'en courrouce.
Commande doncq' aux gentilles Naïades
Sortir dehors leurs beaux palais humides
Avecques toi, leur fleuve paternel,
Pour saluer de joyeuses aubades
Celle qui t'a, et tes filles liquides,
Deifié de ce bruit éternel.
III
Divin Ronsard, qui de l'arc à sept cordes
Tiras premier au but de la mémoire
Les traits ailés de la Française gloire,
Que sur ton luth hautement tu accordes.
Fameux harpeur et prince de nos odes,
Laisse ton Loir hautain de ta victoire,
Et viens sonner au rivage de Loire
De tes chansons les plus nouvelles modes.
Enfonce l'arc du vieil Thébain archer,
Ou nul que toi ne sut onq' encocher
Des doctes Sueurs les sagettes divines.
Porte pour moi, parmi le ciel des Gaules,
Le saint honneur des nymphes Angevines,
Trop pesant faix pour mes faibles épaules.
IV
Si notre vie est moins qu'une journée
En l'éternel, si l'an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,
Que songes tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l'obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l'aile bien empennée ?
Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l'amour, là, le plaisir encore.
Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée,
Tu y pourras reconnaître l'Idée
De la beauté, qu'en ce monde j'adore.

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C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,

C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu'heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.

Mais il n'a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d'ennuis,
Comme d'ambition j'étais franc et délivre.

Il ne leur a pas plu qu'en ma vieille saison
Je susse quel bien c'est de vivre en sa maison,
De vivre entre les siens sans crainte et sans envie :

Il leur a plu (hélas) qu'à ce bord étranger
Je visse ma franchise en prison se changer,
Et la fleur de mes ans en l'hiver de ma vie.

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Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici

Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici,
Tu me dis, mon La Haye, il m'en souvient encore :
Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
Et comme tu t'en vas, retourne-t'en ainsi.

Et tel comme je vins, je m'en retourne aussi :
Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil.

Ce triste repentir, qui me ronge et me lime,
Ne vient (car j'en suis net) pour sentir quelque crime,
Mais pour m'être trois ans à ce bord arrêté :

Et pour m'être abusé d'une ingrate espérance,
Qui pour venir ici trouver la pauvreté,
M'a fait (sot que je suis) abandonner la France

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Cependant que Magny suit son grand Avanson

Cependant que Magny suit son grand Avanson
Pa,jas son Cardinal, et moy le mien encore,
Et que l'espoir flatteur, qui nos beaux ans devore,
Appastre nos desirs d'un friand hamesson,

Tu courtises les Roys, et d'un plus heureux son
Chantant l'heur de Henry, qui son siecle decore,
Tu t'honores toymesme, et celuy qui honore
L'honneur que tu luy fais de ta docte chanson.

Las, et nous ce pendant nous consumons nostre age
Sur le bord incogneu d'un estrange rivage,
Ou le malheur nous fait ces tristes vers chanter

Comme on void quelquefois, quand la mort les appelle,
Arrangez flanc à flanc parmy l'herbe nouvelle,
Bien loing sur un estang trois cygnes lamenter.

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Je fus jadis Hercule, or Pasquin je me nomme,

Je fus jadis Hercule, or Pasquin je me nomme,
Pasquin fable du peuple, et qui fais toutefois
Le même office encor que j'ai fait autrefois,
Vu qu'ores par mes vers tant de monstres j'assomme.

Aussi mon vrai métier, c'est de n'épargner homme,
Mais les vices chanter d'une publique voix :
Et si ne puis encor, quelque fort que je sois,
Surmonter la fureur de cet Hydre de Rome.

J'ai porté sur mon col le grand palais des dieux,
Pour soulager Atlas, qui sous le faix des cieux
Courbait las et recru sa grande échine large.

Ores au lieu du ciel, je porte sur mon dos,
Un gros moine espagnol, qui me froisse les os,
Et me pèse trop plus que ma première charge.

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Chanson

Un doux trait de vos yeux, ô ma fiere deesse!
Beaux yeux, mon seul confort,
Peut me remettre en vie et m'oster la tristesse
Qui me tient à la mort.
Tournez ces clairs soleils, et par leur vive flame
Retardez mon trespas:
Un regard me suffit: le voulez-vous, madame?
Non, vous ne voulez pas.
Un mot de vostre bouche à mon dam trop aimable,
Mais qu'il soit sans courroux,
Peut changer le destin d'un amant miserable,
Qui n'adore que vous.
Il ne faut qu'un ouy, meslé d'un doux sou-rire
Plein d'amours et d'appas:
Mon Dieu ! que de longueurs, le voulez-vous point dire?
Non, vous ne voulez pas.
Roche sourde à mes cris, de glaçons toute plaine,
Ame sans amitié,
Quand j'estoy moins brûlant, tu m'estois plus humaine
Et plus prompte à pitié.
Cessons donc de l'aimer, et, pour nous en distraire,
Tournons ailleurs nos pas.
Mais peut-il estre vray que je le veuille faire?
Non, je ne le veux pas.

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