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Emile Zola

L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir d’équité? Qui dit discipline dit obéissance.

Emile Zola dans J'accuse… ! (1898)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Doulcin, quand quelquefois je vois ces pauvres filles

Doulcin, quand quelquefois je vois ces pauvres filles
Qui ont le diable au corps, ou le semblent avoir,
D'une horrible façon corps et tête mouvoir,
Et faire ce qu'on dit de ces vieilles Sibylles :

Quand je vois les plus forts se retrouver débiles,
Voulant forcer en vain leur forcené pouvoir :
Et quand même j'y vois perdre tout leur savoir
Ceux qui sont en votre art tenus des plus habiles :

Quand effroyablement écrier je les oy,
Et quand le blanc des yeux renverser je leur voy,
Tout le poil me hérisse, et ne sais plus que dire.

Mais quand je vois un moine avecques son latin
Leur tâter haut et bas le ventre et le tétin,
Cette frayeur se passe, et suis contraint de rire.

poésie de Joachim du BellaySignalez un problèmeDes citations similaires
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La méditation n'est pas une discipline à laquelle on astreint son corps, mais une ouverture par laquelle on laisse la vie conduire l'être. Car tout ce que l'on fait, finalement, c'est répondre à une invitation...

citation de Placide GabourySignalez un problèmeDes citations similaires
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Valeriu Butulescu

Pour que tout le monde te salue, dit la mouche, il suffit de te poser sur le chapeau d'un directeur.

aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve GomezSignalez un problèmeDes citations similaires
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Valeriu Butulescu

Léonidas a habillé ses soldats en rouge pour que l'on ne voie pas le sang s'écoulant sur leur corps. Cache tes blessures pour tromper l'ennemi!

aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve GomezSignalez un problèmeDes citations similaires
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L'Abandonnée

La belle en larmes
Pleure l’abandon de ses charmes
Dont un volage enjôleur
A cueilli la fleur.
Elle sanglote
Au bord de l’onde qui grelotte
Sous les peupliers tremblants,
Pendant que son regard flotte
Et se perd sous les nénufars blancs.

« Adieu ! dit-elle,
Ô toi qui me fus infidèle.
Je t’offre, avant de mourir,
Mon dernier soupir.
Je te pardonne,
Aussi douce que la Madone,
Je te bénis par ma mort.
Le trépas que je me donne,
Pour mon cœur c’est ton amour encor.

Mon souvenir tendre
Sait toujours te voir et t’entendre
Et, par lui, rien n’est effacé
Du bonheur passé.
Nos doux libertinages
Dans les ravins, sous les feuillages,
Au long des ruisseaux tortueux,
Sont encor de claires images
Revenant aux appels de mes yeux.

Ton fruit que je porte
Dans mon ventre de bientôt morte,
C’est toi-même, tes os, ton sang,
Ô mon cher amant !
Traits pour traits, il me semble
Si bien sentir qu’il te ressemble !
Je ne fais donc qu’une avec toi ;
Je me dis que, fondus ensemble,
Tu mourras en même temps que moi. »

Puis, blême et hagarde,
Elle se penche, elle regarde
Le plus noir profond de l’eau
Qui sera son tombeau.
Elle se pâme
Devant le gouffre qui la réclame,
Et dit le nom, en s’y jetant,
De l’homme qu’elle aimait tant
Que, sans lui, son corps n’avait plus d’âme !

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Valeriu Butulescu

"Il suffit que je m'asseye au dos d'un pauvre chiffre pour augmenter de dix fois sa valeur" dit le tout puissant zéro.

aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve GomezSignalez un problèmeDes citations similaires
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Maraud, qui n'es maraud que de nom seulement,

Maraud, qui n'es maraud que de nom seulement,
Qui dit que tu es sage, il dit la vérité :
Mais qui dit que le soin d'éviter pauvreté
Te ronge le cerveau, ta face le dément.

Celui vraiment est riche et vit heureusement
Qui, s'éloignant de l'une et l'autre extrémité,
Prescrit à ses désirs un terme limité :
Car la vraye richesse est le contentement.

Sus donc, mon cher Maraud, pendant que notre maître,
Que pour le bien public la nature a fait naître,
Se tourmente l'esprit des affaires d'autrui,

Va devant à la vigne apprêter la salade :
Que sait-on qui demain sera mort ou malade ?
Celui vit seulement, lequel vit aujourd'hui.

poésie de Joachim du BellaySignalez un problèmeDes citations similaires
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Brusquet à son retour vous racontera, Sire

Brusquet à son retour vous racontera, Sire,
De ces rouges prélats la pompeuse apparence,
Leurs mules, leurs habits, leur longue révérence,
Qui se peut beaucoup mieux représenter que dire.

Il vous racontera, s'il les sait bien décrire,
Les moeurs de cette cour, et quelle différence
Se voit de ces grandeurs à la grandeur de France,
Et mille autres bons points, qui sont dignes de rire.

Il vous peindra la forme et l'habit du Saint Père,
Qui comme Jupiter tout le monde tempère,
Avecques un clin d'oeil : sa faconde et sa grâce,

L'honnêteté des siens, leur grandeur et largesse,
Les présents qu'on lui fit, et de quelle caresse
Tout ce que se dit vôtre à Rome l'on embrasse.

poésie de Joachim du BellaySignalez un problèmeDes citations similaires
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Le Mensonge

Croyant que je l’aimais avec idolâtrie,
Elle avait dépouillé tout ce qui la couvrait :
Comme un soleil couchant, la Pudeur colorait
Le nuage laiteux dont elle était pétrie.

Et tandis que son geste affolé m’implorait
Et que ses yeux profonds mouillaient leur songerie,
La Vérité mettait sur sa bouche fleurie
Le soupirant aveu de son désir secret.

Mais mon hypocrisie ardemment calculée
Mentait par tout mon être à cette Immaculée :
Car, évoquant alors un vertige ancien,

De l’air d’un faux dévot qui dit sa patenôtre,
Je râlais un prénom qui n’était pas le sien
Et dans sa nudité j’en incarnais une autre.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Charles Baudelaire

Alchimie de la douleur

L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature!
Ce qui dit à l'un: Sépulture!
Dit à l'autre: Vie et splendeur!

Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes;

Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du malSignalez un problèmeDes citations similaires
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Le fragment dit le vrai, car il ne dit pas tout.

aphorisme de François VaucluseSignalez un problèmeDes citations similaires
Ajouté par Veronica Șerbănoiu
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Jacques Prevert

Le cancre

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.

poésie de Jacques PrevertSignalez un problèmeDes citations similaires
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Ces grands monceaux pierreux, ces vieux murs que tu vois

Ces grands monceaux pierreux, ces vieux murs que tu vois
Furent premièrement le clos d'un lieu champêtre :
Et ces braves palais, dont le temps s'est fait maître,
Cassines de pasteurs ont été quelquefois.

Lors prirent les bergers les ornements des rois,
Et le dur laboureur de fer arma sa dextre :
Puis l'annuel pouvoir le plus grand se vit être,
Et fut encor plus grand le pouvoir de six mois :

Qui, fait perpétuel, crut en telle puissance,
Que l'aigle impérial de lui prit sa naissance :
Mais le Ciel, s'opposant à tel accroissement,

Mit ce pouvoir ès mains du successeur de Pierre,
Qui sous nom de pasteur, fatal à cette terre,
Montre que tout retourne à son commencement.

poésie de Joachim du BellaySignalez un problèmeDes citations similaires
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L'Envie

Paix à ces malheureux Esprits
En qui la Haine s’accoutume
Et dont le destin se résume
À mâcher des venins aigris.

La justice étouffe leurs cris
Et les rabat dans leur écume :
Paix à ces malheureux esprits
En qui la Haine s’accoutume.

Pauvres nains tors et rabougris
Que leur impuissance consume !
Plaignons-les donc sans amertume
Et pardonnons-leur sans mépris :
Paix à ces malheureux Esprits.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Tristan Tzara

Dada est notre intensité; qui érige les baïonnettes sans conséquence la tête Sumatrale du bébé allemand; Dada est l'art sans pantoufles ni parallèles; qui est contre et pour l'unité et décidément contre le futur; nous savons sagement que nos cerveaux deviendront des coussins douillets que notre anti-dogmatisme est aussi exclusivité que le fonctionnaire que nous ne sommes pas libres et que nous crions liberté Nécessité sévère sans discipline ni morale et crachons sur l'humanité. Dada reste dans le cadre européen des faiblesses, c'est tout de même de la merde, mais nous voulons désormais chier en couleurs diverses, pour orner les jardins zoologiques de l'art, de tous les drapeaux des consulats do do bong hiho aho hiho aho.

citation de Tristan Tzara (1916)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Tristesse des bœufs

Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise.
Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
Le visage en regard du soleil rougeoyant :

« Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’ la parole.
T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !... Pour labourer un champ
C’était pas d’ leur causer ; non ! leur fallait du chant
Qui s’ mêle au souffl’ de l’air, aux cris d’ l’oiseau qui vole !

Alors, creusant l’ sillon entr’ buissons, chên’s et viornes,
Vous les voyiez filer, ben lent’ment, dans ceux fonds,
Tels que deux gros lumas, l’un cont’ l’aut’, qui s’en vont
Ayant tiré d’ leu têt’ tout’ la longueur des cornes.

L’ sillon fini, faisant leur demi-rond d’eux-mêmes,
I’s en r’commençaient un auprès, juste à l’endroit :
J’avais qu’à l’ver l’soc qui, rentré doux, r’glissait droit...
Ainsi, toujours pareil, du p’tit jour au soir blême.

C’était du bel ouvrage aussi m’suré q’ leur pas,
Q’ ça soit pour le froment, pour l’avoin’, pour le seigle,
Tous ces sillons étaient jumeaux, droits comme un’ règle,
Et l’écart entr’ chacun comm’ pris par un compas.

Par exempl’, fallait pas, dam’ ! q’ la chanson les quitte !
À preuv’ que quand, des fois, j’ la laissais pour prend’ vent,
I’ s’arrêtaient d’un coup, r’tournaient l’ mufle en bavant,
Et beurmaient tous les deux pour en d’mander la suite.

Mais, c’est pas tout encor, dans l’air de la chanson
I v’laient d’ la même tristesse ayant toujou l’ mêm’ son,
À cell’ du vent et d’ l’arb’ toujou ben accordée.
Mais d’ la gaieté ? jamais i’ n’en voulur’ un brin !

Ça tombait ben pour moi qui chantais mon chagrin.
Ya donc des animaux qu’ont du choix dans l’idée
Et qu’ont l’ naturel trist’ puisque, jamais joyeux,
Dans la couleur des bruits c’est l’noir qu’i’s aim’ le mieux.

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Le succube

Toute mie, onduleuse et le torse vibrant,
La fleur des lupanars, des tripots et des bouges
Bouclait nonchalamment ses jarretières rouges
Sur de très longs bas noirs d'un tissu transparent,

Quand soudain sa victime eut ce cri déchirant
'Je suis dans un brouillard qui bourdonne et qui bouge
Mon oeil tourne et s'éteint! où donc es-tu, ma gouge ?
Viens ! tout mon corps tari te convoite en mourant !'

A ces mots, la sangsue exulta d'ironie :
'Si tu veux jusqu'au bout, râler ton agonie,
Je t'engage, dit-elle, à ménager ta voix !'

Et froide, elle accueillit, raillant l'affreux martyre,
Ses suprêmes adieux par un geste narquois
Et son dernier hoquet par un éclat de rire.

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La Putréfaction

Au fond de cette fosse moite
D’un perpétuel suintement,
Que se passe-t-il dans la boîte,
Six mois après l’enterrement ?

Verrait-on encor ses dentelles ?
L’œil a-t-il déserté son creux ?
Les chairs mortes ressemblent-elles
À de grands ulcères chancreux ?

La hanche est-elle violâtre
Avec des fleurs de vert-de-gris,
Couleurs que la Mort idolâtre,
Quand elle peint ses corps pourris ?

Pendant qu’un pied se décompose,
L’autre sèche-t-il, blanc, hideux,
Ou l’horrible métamorphose
S’opère-t-elle pour les deux ?

Le sapin servant d’ossuaire
Se moisit-il sous les gazons ?
Le cadavre dans son suaire
A-t-il enfin tous ses poisons ?

Sous le drap que mangent et rouillent
L'humidité froide et le pus,
Les innombrables vers qui grouillent
Sont-ils affamés ou repus ?

Que devient donc tout ce qui tombe
Dans le gouffre ouvert nuit et jour ?
— Ainsi, j’interrogeais la tombe
D’une fille morte d’amour.

Et la tombe que les sceptiques
Rayent toujours de l’avenir,
Me jeta ces mots dramatiques
Qui vivront dans mon souvenir :

« Les seins mignons dont tu raffoles,
« Questionneur inquiétant,
« Et les belles lèvres si folles,
« Les lèvres qui baisèrent tant,

« Toutes ces fleurs roses et blanches
« Sont les premières à pourrir
« Dans la prison des quatre planches,
« Que nulle main ne peut ouvrir.

« Mais, quant à l’âme, revit-elle ?
« Avec son calme ou ses remords,
« Faut-il crier qu’elle est mortelle
« Ou qu’elle plane sur les morts ?

« Je ne sais ! Mais apprends que l’ombre
« Que l’homme souffre en pourrissant :
« Le cadavre est un muet sombre,
« Qui ne dit pas ce qu’il ressent !

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La Vie en Rose

Des yeux qui font baiser les miens,
Un rire qui se perd sur sa bouche,
Voila le portrait sans retouche
De l'homme auquel j'appartiens

Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas,
Je vois la vie en rose.

Il me dit des mots d'amour,
Des mots de tous les jours,
Et ca me fait quelque chose.

Il est entre dans mon coeur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause.

C'est lui pour moi. Moi pour lui
Dans la vie,
Il me l'a dit, l'a jure pour la vie.

Et des que je l'apercois
Alors je sens en moi
Mon coeur qui bat

Des nuits d'amour a ne plus en finir
Un grand bonheur qui prend sa place
Des enuis des chagrins, des phases
Heureux, heureux a en mourir.

Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas,
Je vois la vie en rose.

Il me dit des mots d'amour,
Des mots de tous les jours,
Et ca me fait quelque chose.

Il est entre dans mon coeur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause.

C'est toi pour moi. Moi pour toi
Dans la vie,
Il me l'a dit, l'a jure pour la vie.

Et des que je l'apercois
Alors je sens en moi
Mon coeur qui bat

chanson interprété par Edith PiafSignalez un problèmeDes citations similaires
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L'Ancien Soldat

Indépendant d’instinct, d’esprit, d’âme et de fibre
Et rendu toujours plus jugeur sain, penseur libre,
Par son métier rôdant de pêcheur-braconnier,
Le vieil ancien soldat, franc comme son visage,
Évoquait devant moi ce souvenir guerrier
Qu’il concluait ainsi de façon simple et sage :

« Des marécag’ de sang qui s’ fige et qui s’ grumelle
Où q’ l’on voit dans des coins, noirs comm’ du jus d’ fumier,
Avec des bouts d’entraill’ et des éclats d’ cervelle,
Des cadav’ en morceaux et d’autr’ dans leur entier ;

Chefs, soldats, jeun’s et vieux, les géants, les minimes,
Tous en figur’ de cire et barbouillés d’ caillots ;
Des Turcos s’ finissant qui grincent comm’ des limes,
Montrant leur ventr’ qui bâille en perdant ses boyaux ;

Corps d’hussards ench’vêtrés à des cadav’ de zouaves ;
Des pêl’-mêl’ d’homm’ et d’arm’, de bagag’ et d’ fourgons ;
D’ la ch’valin’ roug’ de sang et tout’ mousseus’ de bave,
S’ plaignant, par tas serrés, sous des meul’ de dragons ;

Des cous d’ décapités qui pench’ leur moignon rouge
Sur des énorm’ boulots qu’ont l’air de les railler ;
Des mulets ruant encor sur des blessés qui bougent
En v’lant prendre au hasard des morts pour oreiller ;

Casques pleins d’ terre et d’ sang, de ch’veux et d’ morceaux d’ crâne ;
Tambours crevés, clairons tordus comm’ des serpents ;
Des mourants qui font peur malgré qu’i’s ont l’air crâne
Avec les doigts coupés, l’œil vid’, la cuiss’ qui pend ;

Sous des gross’ mouch’ de viand’ qui s’appell’ et s’ rassemblent,
Verminant leur voltige à tourbillons mêlés,
Des grands monceaux qui r’muent, qui s’ soulèv’, qui tremblent,
D’où sort des voix d’ cavern’, des gémiss’ments râlés :

V’la c’ que j’ai toujours vu sur tous les champs d’ bataille !
Sans parler d’ la puanteur qui m’en donne encor froid...
Et des band’ de corbeaux qui s’ gorgent les entrailles
De tout c’ mond’ pourrissant par le capric’ des rois.

Pour qui réfléchit, sans la politique,
Avec son cœur et sa raison,
Au nom d’ la conscienc’ qui n’ pratique
Q’ la bonn’ justice en tout’ saison,

L’ pourquoi d’ la guerre, allez ! c’est un sacré problème.
Ces gens là m’en veul’t’-i’ ? Null’ment.
Moi j’ leur en veux pas pareill’ment :
Ça n’ fait rien ! on doit s’ batt’ quand même.

J’ m’ai dit : « D’où q’ vienn’ l’attaq’ ? la v’là ! faut ben s’ défendre.
Mais, toujours en avant j’ai marché sans comprendre.
J’ai fait mon d’voir, soumis aux chefs comme au danger ;
Tel qu’on l’ faisait cont’ moi, j’ai tiré, j’ai chargé ;
D’ mes yeux clairs, dans c’ temps-là, qu’avaient la voyanc’ nette,
À ceux homm’ étrangers j’ leur ai pointé l’ trépas.
Mais, j’ m’excusais d’ mes meurt’ en r’grettant d’avoir pas
Au droit d’ mon coup d’ fusil, face à ma baïonnette,
En plac’ de ceux victim’ innocent’, tous les m’neurs
Coupab’ d’occasionner d’aussi sanglant’s horreurs,
Seuls auteurs responsab’ si des milliers d’ pauv’s êtres
D’ loin ou d’ près, corps à corps, s’assassin’ sans s’ connaître,
Tandis qu’eux aut’s, la caus’ de tant d’ massac’ et d’ morts,
Meur’ dans leur lit sans mal, et, qui sait ? p’t-êt’ sans r’mords !

Par tous les parents, dans tous les pays,
La guerre est maudite autant que j’ l’ haïs.
Consultez donc les sœurs, les épouses, les mères,
Et vous verrez q’yaura plus d’ guerres.
Ou, si c’est vrai q’ les homm’ peuv’ pas s’en empêcher,
Q’ les bataill’ sont pour eux un besoin d’ leur engeance,
Qu’i’s élèv’ leur famill’, froid’ment, sans s’y attacher,
Puisqu’au carnag’ la fleur en est promis’ d’avance !

Mais, ça n’ m’est pas prouvé du tout
Q’ les gens civilisés s’ batt’ pa’c’que c’est d’ leur goût,
Pour voler chez l’ voisin ou par c’te drôl’ d’idée
Q’ l’humanité pouss’ trop, q’ faut qu’ell’ soit émondée,
Maint’nue en équilib’, juste ent’ le trop et l’ guère,
Par les sécateurs de la guerre.
Comm’ si, pour tous les homm’, sur terr’ y avait pas d’ quoi
Aller et v’nir, s’ bâtir un toit,
Boire et manger à son envie ;
Comm’ si, les défunts balançant
Toujours à peu près les naissants,
La mort tout’ naturell’ ne m’surait pas la vie.

J’ croirais plutôt, depuis des siècl’ déjà
Où tant d’ mond’ partout s’égorgea,
Q’ les gens pris un par un qu’on s’rait v’nu consulter
Auraient dit : « J’ veux la paix ! » sans trop longtemps s’ tâter,
Et q’ chacun dans leurs plain’, dans leurs montagn’, leurs îles,
Les peupl’ n’auraient d’mandé qu’à rester ben tranquilles.

C’est beau d’ mourir pour la patrie !
Mais ça c’ s’rait plus beau, ces tueries
Un’ bonn’ fois faisant place à la fraternité,
D’ mourir pour tout’ l’humanité,
Tué, non par ses semblab’, mais par l’hasard des choses
Qui s’ dout’ pas, ell’ au moins, des morts dont ell’ sont cause !
Allons ! j’ souhait’ qu’enfin libr’ et ben à l’unisson,
D’ l’un à l’aut’, tous les peupl’ pens’ comm’ moi cont’ la guerre,
Qu’en fait d’ coup’, de massacr’ et d’ gis’ments sur la terre
I’ n’yait plus q’ ceux des foins, des arb’ et des moissons !

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