Citations sur Alfrd de Musset, Chanson, page 2
Tristesse
J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.
poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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A Madame G. (Rondeau)
Dans dix ans d'ici seulement,
Vous serez un peu moins cruelle.
C'est long, Ã parler franchement.
L'amour viendra probablement
Donner à l'horloge un coup d'aile.
Votre beauté nous ensorcelle,
Prenez-y garde cependant:
On apprend plus d'une nouvelle
En dix ans.
Quand ce temps viendra, d'un amant
Je serai le parfait modèle,
Trop bête pour être inconstant,
Et trop laid pour être infidèle.
Mais vous serez encor trop belle
Dans dix ans.
poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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Adieu!
Adieu! je crois qu'en cette vie
Je ne te reverrai jamais.
Dieu passe, il t'appelle et m'oublie;
En te perdant je sens que je t'aimais.
Pas de pleurs, pas de plainte vaine.
Je sais respecter l'avenir.
Vienne la voile qui t'emmène,
En souriant je la verrai partir.
Tu t'en vas pleine d'espérance,
Avec orgueil tu reviendras;
Mais ceux qui vont souffrir de ton absence,
Tu ne les reconnaîtras pas.
Adieu! tu vas faire un beau rêve
Et t'enivrer d'un plaisir dangereux;
Sur ton chemin l'étoile qui se lève
Longtemps encor éblouira tes yeux.
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poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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A Madame G. (Sonnet)
C'est mon avis qu'en route on s'expose à la pluie,
Au vent, à la poussière, et qu'on peut, le matin,
S'éveiller chiffonnée avec un mauvais teint,
Et qu'à la longue, en poste, un tête-à -tête ennuie.
C'est mon avis qu'au monde il n'est pire folie
Que d'embarquer l'amour pour un pays lointain.
Quoi qu'en dise Héloïse ou madame Cottin,
Dans un miroir d'auberge on n'est jamais jolie.
C'est mon avis qu'en somme un bas blanc bien tiré,
Sur une robe blanche un beau ruban moiré,
Et des ongles bien nets, sont le bonheur suprême.
Que dites-vous, madame, Ã ce raisonnement?
Un point, à ce sujet, m'étonne seulement:
C'est qu'on n'a pas le temps d'y penser quand on aime.
poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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Bien loin d'ici
C'est ici la case sacrée
Où cette fille très parée,
Tranquille et toujours préparée,
D'une main éventant ses seins,
Et son coude dans les coussins,
Écoute pleurer les bassins:
C'est la chambre de Dorothée.
— La brise et l'eau chantent au loin
Leur chanson de sanglots heurtée
Pour bercer cette enfant gâtée.
Du haut en bas, avec grand soin.
Sa peau délicate est frottée
D'huile odorante et de benjoin.
— Des fleurs se pâment dans un coin.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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A Mademoiselle ***
Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire,
Vous avez le fatal pouvoir
De nous jeter par un sourire
Dans l'ivresse ou le désespoir.
Oui, deux mots, le silence même,
Un regard distrait ou moqueur,
Peuvent donner à qui vous aime
Un coup de poignard dans le coeur.
Oui, votre orgueil doit être immense,
Car, grâce à notre lâcheté,
Rien n'égale votre puissance,
Sinon votre fragilité.
Mais toute puissance sur terre
Meurt quand l'abus en est trop grand,
Et qui sait souffrir et se taire
S'éloigne de vous en pleurant.
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poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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Quand je voudrai sonner de mon grand Avanson
Quand je voudrai sonner de mon grand Avanson
Les moins grandes vertus, sur ma corde plus basse
Je dirai sa faconde et l'honneur de sa face,
Et qu'il est des neuf Soeurs le plus cher nourrisson.
Quand je voudrai toucher avec un plus haut son
Quelque plus grand vertu, je chanterai sa grâce,
Sa bonté, sa grandeur, qui la justice embrasse,
Mais là je ne mettrai le but de ma chanson,
Car quand plus hautement je sonnerai sa gloire,
Je dirai que jamais les filles de Mémoire
Ne diront un plus sage et vertueux que lui,
Plus prompt à son devoir, plus fidèle à son prince,
Ni qui mieux s'accommode au règne d'aujourd'hui,
Pour servir son seigneur en étrange province.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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Cependant que Magny suit son grand Avanson
Cependant que Magny suit son grand Avanson
Pa,jas son Cardinal, et moy le mien encore,
Et que l'espoir flatteur, qui nos beaux ans devore,
Appastre nos desirs d'un friand hamesson,
Tu courtises les Roys, et d'un plus heureux son
Chantant l'heur de Henry, qui son siecle decore,
Tu t'honores toymesme, et celuy qui honore
L'honneur que tu luy fais de ta docte chanson.
Las, et nous ce pendant nous consumons nostre age
Sur le bord incogneu d'un estrange rivage,
Ou le malheur nous fait ces tristes vers chanter
Comme on void quelquefois, quand la mort les appelle,
Arrangez flanc à flanc parmy l'herbe nouvelle,
Bien loing sur un estang trois cygnes lamenter.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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Tristesse des bœufs
Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise.
Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
Le visage en regard du soleil rougeoyant :
« Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’ la parole.
T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !... Pour labourer un champ
C’était pas d’ leur causer ; non ! leur fallait du chant
Qui s’ mêle au souffl’ de l’air, aux cris d’ l’oiseau qui vole !
Alors, creusant l’ sillon entr’ buissons, chên’s et viornes,
Vous les voyiez filer, ben lent’ment, dans ceux fonds,
Tels que deux gros lumas, l’un cont’ l’aut’, qui s’en vont
Ayant tiré d’ leu têt’ tout’ la longueur des cornes.
L’ sillon fini, faisant leur demi-rond d’eux-mêmes,
I’s en r’commençaient un auprès, juste à l’endroit :
J’avais qu’à l’ver l’soc qui, rentré doux, r’glissait droit...
Ainsi, toujours pareil, du p’tit jour au soir blême.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Bohémiens en voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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