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Alfred de Musset

A Madame G. (Rondeau)

Dans dix ans d'ici seulement,
Vous serez un peu moins cruelle.
C'est long, à parler franchement.
L'amour viendra probablement
Donner à l'horloge un coup d'aile.

Votre beauté nous ensorcelle,
Prenez-y garde cependant:
On apprend plus d'une nouvelle
En dix ans.

Quand ce temps viendra, d'un amant
Je serai le parfait modèle,
Trop bête pour être inconstant,
Et trop laid pour être infidèle.
Mais vous serez encor trop belle
Dans dix ans.

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Alfred de Musset

A Madame M...

Vous m'envoyez, belle Emilie,
Un poulet bien emmailloté;
Votre main discrète et polie
L'a soigneusement cacheté.
Mais l'aumône est un peu légère,
Et malgré sa dextérité,
Cette main est bien ménagère
Dans ses actes de charité.
C'est regarder à la dépense
Si votre offrande est un paiement,
Et si c'est une récompense,
Vous n'aviez pas besoin d'argent.
A l'avenir, belle Emilie,
Si votre coeur est généreux,
Aux pauvres gens, je vous en prie
Faites l'aumône avec vos yeux.
Quand vous trouverez le mérite,
Et quand vous voudrez le payer,
Souvenez-vous de Marguerite
Et du poète Alain Chartier
Il était bien laid, dit l'histoire,
La dame était fille de roi;
Je suis bien obligé de croire
Qu'il faisait mieux les vers que moi.
Mais si ma plume est peu de chose,
Mon coeur, hélas! ne vaut pas mieux;
Fût-ce même pour de la prose
Vos cadeaux sont trop dangereux.
Que votre charité timide
Garde son argent et son or,
Car en ouvrant votre main vide
Vous pouvez donner un trésor.

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Ajouté par Simona Enache
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Encore que l'on eût heureusement compris

Encore que l'on eût heureusement compris
Et la doctrine grecque et la romaine ensemble,
Si est-ce, Gohory, qu'ici, comme il me semble,
On peut apprendre encor, tant soit-on bien appris.

Non pour trouver ici de plus doctes écrits
Que ceux que le français soigneusement assemble,
Mais pour l'air plus subtil, qui doucement nous emble
Ce qui est plus terrestre et lourd en nos esprits.

Je ne sais quel démon de sa flamme divine
Le moins parfait de nous purge, éprouve et affine,
Lime le jugement et le rend plus subtil :

Mais qui trop y demeure, il envoie en fumée
De l'esprit trop purgé la force consumée,
Et pour l'émoudre trop lui fait perdre le fil.

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Alfred de Musset

A Mademoiselle ***

Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire,
Vous avez le fatal pouvoir
De nous jeter par un sourire
Dans l'ivresse ou le désespoir.

Oui, deux mots, le silence même,
Un regard distrait ou moqueur,
Peuvent donner à qui vous aime
Un coup de poignard dans le coeur.

Oui, votre orgueil doit être immense,
Car, grâce à notre lâcheté,
Rien n'égale votre puissance,
Sinon votre fragilité.

Mais toute puissance sur terre
Meurt quand l'abus en est trop grand,
Et qui sait souffrir et se taire
S'éloigne de vous en pleurant.

Quel que soit le mal qu'il endure,
Son triste rôle est le plus beau.
J'aime encor mieux notre torture
Que votre métier de bourreau.

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Albert Einstein

Le sens commun est la collection de préjugés acquis par dix-huit ans.

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Nous ne faisons la cour aux filles de Mémoire,

Nous ne faisons la cour aux filles de Mémoire,
Comme vous qui vivez libres de passion :
Si vous ne savez donc notre occupation,
Ces dix vers en suivant vous la feront notoire :

Suivre son cardinal au Pape, au Consistoire,
En Capelle, en Visite, en Congrégation,
Et pour l'honneur d'un prince ou d'une nation
De quelque ambassadeur accompagner la gloire :

Être en son rang de garde auprès de son seigneur,
Et faire aux survenants l'accoutumé honneur,
Parler du bruit qui court, faire de l'habile homme

Se promener en housse, aller voir d'huis en huis
La Marthe ou la Victoire, et s'engager aux Juifs :
Voilà, mes compagnons, les passe-temps de Rome.

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Dale Carnegie

Lorsque, dans votre course, vous rencontrez un homme trop las pour vous donner un sourire, laissez-lui le vôtre. Car nul n'a plus besoin d'un sourire que celui qui n'en a plus à offrir.

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Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré

Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré,
Et l'une chambre à l'autre également voisine
D'antichambre servir, de salle et de cuisine,
En un petit recoin de dix pieds en carré :

Il fait bon voir autour le palais emmuré,
Et briguer là-dedans cette troupe divine,
L'un par ambition, l'autre par bonne mine,
Et par dépit de l'un être l'autre adoré :

Il fait bon voir dehors toute la ville en armes
Crier : le Pape est fait, donner de faux alarmes,
Saccager un palais : mais plus que tout cela

Fait bon voir, qui de l'un, qui de l'autre se vante,
Qui met pour celui-ci, qui met pour celui-là,
Et pour moins d'un écu dix cardinaux en vente.

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Lorsque dans votre cour vous rencontrez un homme trop las pour vous donner un sourire, laissez-lui le vôtre. Car nul n'a plus besoin d'un sourire que celui qui n'en a plus à offrir.

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Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die

Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die
Que j'étudie trop, que je fasse l'amour,
Et que d'avoir toujours ces livres à l'entour
Rend les yeux éblouis et la tête alourdie.

Mais tu ne l'entends pas : car cette maladie
Ne me vient du trop lire ou du trop long séjour,
Ainsi de voir le bureau, qui se tient chacun jour :
C'est, Pierre mon ami, le livre où j'étudie.

Ne m'en parle donc plus, autant que tu as cher
De me donner plaisir et de ne me fâcher :
Mais bien en cependant que d'une main habile

Tu me laves la barbe et me tonds les cheveux,
Pour me désennuyer, conte-moi, si tu veux,
Des nouvelles du pape et du bruit de la ville.

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Le Miroir

Les Dieux m'aiment, Passant; c'est pourquoi je suis morte
Dans l'éclat parfumé de ma jeunesse en fleur;
Jusqu'au trépas ma joue a gardé sa couleur,
Et mon corps est léger au destin qui l'emporte.

Que le printemps sans moi reparaisse, qu'importe!
Ne crois pas que mon sort mérite quelque pleur.
Parce que, quand viendra l'été lourd de chaleur,
Je ne m'assoirai plus sur le seuil de ma porte.

Je ne regrette rien de la clarté du jour.
J'ai vu ta face, ô Mort, et ton visage, Amour!
A qui fut doux l'amour, la mort n'est pas cruelle.

Je descends vers le Styx et non vers le Léthé,
Car, pour me souvenir que, là-haut, je fus belle,
N'ai-je point le miroir où riait ma beauté?

poésie de Henri de Régnier de Le Médaillier (1923)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Rodica Elena Lupu

Je vivrai

Je reprendrai tout à zéro,
Me disais-je. Tu le sais.
L'avenir... commence demain.
Je ferai du sport, je vivrai, j'aimerai. Vrai?
Maintenant, c'est juste une période de transition.
Tu sais. La répétition. Le prélude.
Cependant, certains meurent d'être trop frêles.
Pas nous!
La liberté suprême est pareille à une geôle,
Le passé, un miroir lequel nous tourne le dos,
Une locomotive.
Les gens courent pour tout reprendre à zéro.
Parfois, j'ai le vertige et un état de confusion,
De faiblesse.
Je ferai du sport,
Je serai fort.
Ces derniers jours, j'ai perdu une dent.
Je me sens vieux. Repoussant.
Une alvéole de vide
Des échos. Une licorne
L'ivoire de l'amour.
Certes, la chance de la médiocrité.
J'aimerai, je lirai, cela va sans dire.
Je serai cultivé et faible, accablé
Par les bubons de l'orphanité.
Mais que voulais-je vous dire? Ah oui!
Je vivrai... tout de même.

poésie de Rodica Elena Lupu de Autoportrait (2008), traduction par Constantin FrosinSignalez un problèmeDes citations similaires
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Villanelle

En ce mois délicieux,
Qu'amour toute chose incite,
Un chacun à qui mieux mieux
La douceur' du temps imite,
Mais une rigueur dépite
Me fait pleurer mon malheur.
Belle et franche Marguerite
Pour vous j'ai cette douleur.
Dedans votre oeil gracieux
Toute douceur est écrite,
Mais la douceur de vos yeux
En amertume est confite,
Souvent la couleuvre habite
Dessous une belle fleur.
Belle et franche Marguerite,
Pour vous j'ai cette douleur.
Or, puis que je deviens vieux,
Et que rien ne me profite,
Désespéré d'avoir mieux,
Je m'en irai rendre ermite,
Pour mieux pleurer mon malheur.
Belle et franche Marguerite,
Pour vous j'ai cette douleur.
Mais si la faveur des Dieux
Au bois vous avait conduite,
Ou, d'espérer d'avoir mieux,
Je m'en irai rendre ermite,
Peut être que ma poursuite
Vous ferait changer couleur.
Belle et franche Marguerite
Pour vous j'ai cette douleur.

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Sonnet VIII

Je vis, je meurs; je me brûle et me noie;
J'ai chaud extrême en endurant froidure:
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

poésie de Louise Labe (1556)Signalez un problèmeDes citations similaires
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Vous trouverez votre force en vous-même, dans les profondeurs de votre être que vous n'avez encore jamais osé regarder. Sachez que vous possédez tout ce dont vous avez besoin pour accomplir aujourd'hui tout ce qu'il y a de bon et de bien dans votre vie.

citation de Ruth FishelSignalez un problèmeDes citations similaires
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Cornelia Păun Heinzel

Temps

Chaque moment a sa propre signification,
Pour moi, pour vous, pour lui.
Dans chaque instant il y a une action majeure
pour moi, pour vous, pour lui.
Chaque moment est décisif
Pour moi, pour vous, pour lui.
Chaque moment peut changer votre vie.
Aujourd’hui, demain, après-demain, pour toujours
Le bon, mauvais, ou pas du tout.
Pour un seul instant,
Vous pouvez être un grand roi
Sur moi, sur vous, sur tout,
Dans un seul moment
Vous pouvez perdre tout, un peu ou rien...

poésie de Cornelia Păun HeinzelSignalez un problèmeDes citations similaires
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Il n'est jamais trop tard pour devenir ce que vous auriez pu être.

citation de Georges EliotSignalez un problèmeDes citations similaires
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Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici

Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici,
Tu me dis, mon La Haye, il m'en souvient encore :
Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
Et comme tu t'en vas, retourne-t'en ainsi.

Et tel comme je vins, je m'en retourne aussi :
Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil.

Ce triste repentir, qui me ronge et me lime,
Ne vient (car j'en suis net) pour sentir quelque crime,
Mais pour m'être trois ans à ce bord arrêté :

Et pour m'être abusé d'une ingrate espérance,
Qui pour venir ici trouver la pauvreté,
M'a fait (sot que je suis) abandonner la France

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Cousin, parle toujours des vices en commun,

Cousin, parle toujours des vices en commun,
Et ne discours jamais d'affaires à la table,
Mais surtout garde-toi d'être trop véritable,
Si en particulier tu parles de quelqu'un.

Ne commets ton secret à la foi d'un chacun,
Ne dis rien qui ne soit pour le moins vraisemblable
Si tu mens, que ce soit pour chose profitable
Et qui ne tourne point au déshonneur d'aucun.

Surtout garde-toi bien d'être double en paroles,
Et n'use sans propos de finesses frivoles,
Pour acquérir le bruit d'être bon courtisan.

L'artifice caché, c'est le vrai artifice :
La souris bien souvent périt par son indice,
Et souvent par son art se trompe l'artisan.

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Flatter un créditeur, pour son terme allonger,

Flatter un créditeur, pour son terme allonger,
Courtiser un banquier, donner bonne espérance,
Ne suivre en son parler la liberté de France,
Et pour répondre un mot, un quart d'heure y songer :

Ne gâter sa santé par trop boire et manger,
Ne faire sans propos une folle dépense,
Ne dire à tous venants tout cela que l'on pense,
Et d'un maigre discours gouverner l'étranger :

Connaître les humeurs, connaître qui demande,
Et d'autant que l'on a la liberté plus grande,
D'autant plus se garder que l'on ne soit repris :

Vivre avecques chacun, de chacun faire compte :
Voilà, mon cher Morel (dont je rougis de honte),
Tout le bien qu'en trois ans à Rome j'ai appris.

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Non pour ce qu'un grand roi ait été votre père,

Non pour ce qu'un grand roi ait été votre père,
Non pour votre degré et royale hauteur,
Chacun de votre nom veut être le chanteur,
Ni pour ce qu'un grand roi soit ores votre frère.

La nature, qui est de tous commune mère,
Vous fit naître, Madame, avecques ce grand heur,
Et ce qui accompagne une telle grandeur,
Ce sont souvent des dons de fortune prospère.

Ce qui vous fait ainsi admirer d'un chacun,
C'est ce qui est tout vôtre, et qu'avec vous commun
N'ont tous ceux-là qui ont couronnes sur leurs têtes :

Cette grâce et douceur, et ce je ne sais quoi,
Que quand vous ne seriez fille ni soeur de roi,
Si vous jugerait-on être ce que vous êtes.

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