C'est une langue bien difficile que le français. A peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu'on commence à s'en apercevoir.
citation de Colette
Ajouté par Simona Enache
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Poème non écrit. – L’aphorisme commence et s’interrompt à son dernier vers. – Il se passe de métaphores, il en est une.
aphorisme de François Vaucluse
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Maudit soit mille fois le Borgne de Libye,
Maudit soit mille fois le Borgne de Libye,
Qui, le coeur des rochers perçant de part en part,
Des Alpes renversa le naturel rempart,
Pour ouvrir le chemin de France en Italie.
Mars n'eût empoisonné d'une éternelle envie
Le coeur de l'Espagnol et du Français soudard,
Et tant de gens de bien ne seraient en hasard
De venir perdre ici et l'honneur et la vie.
Le Français corrompu par le vice étranger
Sa langue et son habit n'eût appris à changer,
Il n'eût changé ses moeurs en une autre nature.
Il n'eût point éprouvé le mal qui fait peler,
Il n'eût fait de son nom la vérole appeler,
Et n'eût fait si souvent d'un buffle sa monture.
poésie de Joachim du Bellay
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Si après quarante ans de fidèle service
Si après quarante ans de fidèle service
Que celui que je sers a fait en divers lieux,
Employant, libéral, tout son plus et son mieux
Aux affaires qui sont de plus digne exercice,
D'un haineux étranger l'envieuse malice
Exerce contre lui son courage odieux,
Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
Oppose à la vertu l'ignorance et le vice,
Me dois-je tourmenter, moi, qui suis moins que rien,
Si par quelqu'un (peut-être) envieux de mon bien
Je ne trouve à mon gré la faveur opportune ?
Je me console donc, et en pareille mer,
Voyant mon cher seigneur au danger d'arrimer,
Il me plaît de courir une même fortune.
poésie de Joachim du Bellay
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Le Breton est savant et sait fort bien écrire
Le Breton est savant et sait fort bien écrire
En français et toscan, en grec et en romain,
Il est en son parler plaisant et fort humain,
Il est bon compagnon et dit le mot pour rire.
Il a bon jugement et sait fort bien élire
Le blanc d'avec le noir : il est bon écrivain,
Et pour bien compasser une lettre à la main,
Il y est excellent autant qu'on saurait dire.
Mais il est paresseux et craint tant son métier
Que s'il devait jeûner, ce crois-je, un mois entier,
Il ne travaillerait seulement un quart d'heure.
Bref il est si poltron, pour bien le deviser,
Que depuis quatre mois qu'en ma chambre il demeure,
Son ombre seulement me fait poltronniser.
poésie de Joachim du Bellay
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Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
Ce n'est l'air des Latins, ni le mont Palatin,
Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
Changeant à l'étranger mon naturel langage.
C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin,
Où l'espoir misérable et mon cruel destin,
Non le joug amoureux, me détient en servage.
Eh quoi, Ronsard, eh quoi, si au bord étranger
Ovide osa sa langue en barbare changer
Afin d'être entendu, qui me pourra reprendre
D'un change plus heureux ? nul, puisque le français,
Quoiqu'au grec et romain égalé tu te sois,
Au rivage latin ne se peut faire entendre.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,
C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu'heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.
Mais il n'a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d'ennuis,
Comme d'ambition j'étais franc et délivre.
Il ne leur a pas plu qu'en ma vieille saison
Je susse quel bien c'est de vivre en sa maison,
De vivre entre les siens sans crainte et sans envie :
Il leur a plu (hélas) qu'à ce bord étranger
Je visse ma franchise en prison se changer,
Et la fleur de mes ans en l'hiver de ma vie.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !
Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !
Trêve que le chrétien ne peut assez chanter,
Puisque seule tu as la vertu d'enchanter
De nos travaux passés la souvenance grève.
Tu dois durer cinq ans : et que l'envie en crève :
Car si le ciel bénin te permet enfanter
Ce qu'on attend de toi, tu te pourras vanter
D'avoir fait une paix qui ne sera si brève.
Mais si le favori en ce commun repos
Doit avoir désormais le temps plus à propos
D'accuser l'innocent, pour lui ravir sa terre :
Si le fruit de la paix du peuple tant requis
A l'avare avocat est seulement acquis :
Trêve, va-t'en en paix, et retourne la guerre.
poésie de Joachim du Bellay
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Les idées font le tour du monde: elles roulent de langue en langue, de siècles en siècles, de vers en prose.
Rivarol dans L’esprit de Rivarol
Ajouté par Simona Enache
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Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l'entends
Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l'entends,
Ferai-je encore ici plus longue demeurance,
Ou si j'irai revoir les campagnes de France,
Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?
Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps
A me repaître en vain d'une longue espérance :
Et si je veux ailleurs fonder mon assurance,
Je fraude mon labeur du loyer que j'attends.
Mais faut-il vivre ainsi d'une espérance vaine ?
Mais faut-il perdre ainsi bien trois ans de ma peine ?
Je ne bougerai donc. Non, non, je m'en irai.
Je demourrai pourtant, si tu le me conseilles.
Hélas, mon cher Morel, dis-moi que je ferai,
Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles.
poésie de Joachim du Bellay
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Qui veut tout dire tait l’essentiel : un écrit signifie par les mots qu’il évite. – Voilà bien ma théorie du fragment, inévitablement restée à l’état d’ébauche.
aphorisme de François Vaucluse
Ajouté par Veronica Șerbănoiu
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La Bête
En amour, l’homme est la souris
Pour qui toute femme est la chatte.
Le sot ne voit pas l’ongle gris
Sous le doux velours de la patte.
Il pompe, le pauvre imprudent,
La chère moiteur qui l’arrose,
Sans songer qu’une horrible dent
Est derrière la langue rose.
Je vous le dis en vérité,
Savant, philosophe, poète :
On s’emplit d’animalité
En se frottant à cette bête.
La femme sur qui les soupçons
Aiguisent leur âpre souffrance,
N’est qu’un abîme de frissons
Où s’engloutit notre espérance.
Depuis l’orteil jusqu’aux cheveux,
Toute femme est une Aspasie,
Disant : « Moi, l’amour que je veux,
« C’est un amour de fantaisie.
« J’ai toujours un nouveau désir
« Dans mes veilles et dans mes sommes ;
« Je suis la mouche du plaisir
« Papillonnant d’hommes en hommes ;
« Le mâle que j’ai convoité,
« Je l’aime, jusqu’à concurrence
« D’une ou deux nuits de volupté,
« Et puis mon amour devient rance.
« J’ai dans le crâne un réservoir
« De larmes, filles du caprice ;
« Pour bien manier le mouchoir,
« Je n’ai pas besoin d’être actrice.
« Ma poitrine est un arsenal
« Où pendent cris, soupirs et plaintes,
« Si bien doublés d’art infernal,
« Qu’on s’englue à mes douleurs feintes. »
— Ainsi le sexe féminin
Se dessine dans ma pensée :
Magique, doucereux, bénin,
Le cœur sec et l’âme glacée.
poésie de Maurice Rollinat
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Fais bien et laisse dire le monde.
proverbes français
Ajouté par Micheleflowerbomb
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A Madame G. (Rondeau)
Dans dix ans d'ici seulement,
Vous serez un peu moins cruelle.
C'est long, à parler franchement.
L'amour viendra probablement
Donner à l'horloge un coup d'aile.
Votre beauté nous ensorcelle,
Prenez-y garde cependant:
On apprend plus d'une nouvelle
En dix ans.
Quand ce temps viendra, d'un amant
Je serai le parfait modèle,
Trop bête pour être inconstant,
Et trop laid pour être infidèle.
Mais vous serez encor trop belle
Dans dix ans.
poésie de Alfred de Musset
Ajouté par Simona Enache
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Garde-toi de donner par force aux enfants l'aliment des études, mais que se soit en le mêlant à leur jeux, afin d'être encore plus capable d'apercevoir quelles sont les inclinations naturelles de chacun.
citation de Platon
Ajouté par Simona Enache
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Ma mère est française: pendant l’émigration elle épousa en Espagne un Péruvien; des obstacles s’opposant à leur union, ils se marièrent clandestinement, et ce fut un prêtre français émigré qui fit la cérémonie du mariage dans la maison qu’occupait ma mère. J’avais quatre ans lorsque je perdis mon père à Paris. Nous revînmes à Paris, où ma mère m’obligea d’épouser un homme que je ne pouvais ni aimer ni même estimer. À cette union je dois tous mes maux.
Flora Tristan dans Pérégrinations d’une paria
Ajouté par Simona Enache
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Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait.
Gabriel García Márquez dans Chronique d'une mort annoncée (1981), traduction par Claude Couffon
Ajouté par Dan Costinaş
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Etre soi-même, rien que soi-même, c'est inouï. Mais comment y arriver, comment y parvenir? Ah! c'est ça l'astuce, ça le plus difficile de tout. Le scabreux, c'est justement que cela ne demande pas d'effort. Le tout, c'est de ne pas vouloir être ceci ou cela, ni grand ni petit, ni habile ni maladroit...tu me suis? Tu agis selon ce qui se présente. Mais de bonne grâce, bien entendu. Parce qu'il n'y a pas une chose qui n'ait son importance. Pas une.
citation de Henry Miller
Ajouté par Micheleflowerbomb
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Plus tu attends avant de régler une situation, plus elle sera difficile à régler.
auteur inconnu/anonyme
Ajouté par Micheleflowerbomb
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On n'habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c'est cela et rien d'autre.
Emil Cioran dans Aveux et anathèmes (1987)
Ajouté par Simona Enache
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Etrangement, on en veut souvent à la personne qui vous dit une vérité difficile à entendre, impossible à croire.
Marc Levy dans Vous revoir...
Ajouté par Simona Enache
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