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Le Rat

Ma chatte avait peur de cet énorme rat
Qui toutes les nuits dévalisait l’armoire,
Rongeait aussi bien le bois que le grimoire
Et fourrait partout son museau scélérat.

Lourd, il trottinait, fouilleur comme un verrat.
Tout y passait : fil, toile, velours et moire !
Ma chatte avait peur de cet énorme rat
Qui toutes les nuits dévalisait l’armoire.

Il mangeait le cuir, le liège, et cætera,
Renversait les pots et traînait l’écumoire ;
Et même une nuit, si j’ai bonne mémoire,
Je sentis sa queue ignoble sous mon drap.
Ma chatte avait peur de cet énorme rat.

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Des citations similaires

Le Solitaire

Au sommet de la tour étrange
Habite un énorme crapaud.
— Qui peut t’avoir porté si haut ?
Est-ce un diable, ou bien est-ce un ange ?

— As-tu donc trouvé dans la fange
La puissante aile du gerfaut ?
Au sommet de la tour étrange
Habite un énorme crapaud.

— Ne crains pas que je te dérange !
Et, que tu sois bête, ou suppôt
De Satan, suinte à pleine peau,
Heureux comme un rat dans sa grange,
Au sommet de la tour étrange.

poésie de Maurice RollinatSignalez un problèmeDes citations similaires
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Jacques Prevert

Cet amour

Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au millieu de la nuit
Cet amour qu faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marble
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Lá où tu es
Lá où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.

poésie de Jacques PrevertSignalez un problèmeDes citations similaires
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Descends et dors dans cet arbre, dans cet arbre.
Repousse la terre dans cet arbre, dans cet arbre.
Ecope la terre dans cet arbre, dans cet arbre.
Désinvente le noir dans cet arbre, dans cet arbre.
Reconstruis des jambes dans cet arbre, dans cet arbre.
Décline les poussières dans cet arbre, dans cet arbre.
Coupe la lumière dans cet arbre, dans cet arbre.
Emplis les orbites dans cet arbre, dans cet arbre.
Ecris, écris toi vivante dans cet arbre.

citation de Jacques RoubaudSignalez un problèmeDes citations similaires
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Le Mot de l'énigme

Longtemps cette figure obséda mes regards,
Et l'éternel supplice auquel Dieu me condamne,
Aux rayons ténébreux de ses deux yeux hagards
S’accrut férocement dans mon cœur et mon crâne.

Son affreux souvenir me hantait : et, la nuit,
Dans mon gîte où la Peur le long des meubles rampe,
Cette face où ricane un formidable ennui
Luisait aux murs, et sur l’abat-jour de ma lampe.

Il avait du serpent, du tigre, et du crapaud.
Mais pour pouvoir en faire une esquisse vivante
Et terrible, il faudrait la plume d’Edgar Poe,
Cette plume du gouffre, infernale et savante !

Oh ! ce long paletot boutonné jusqu’au cou
Et ces doigts bleus aussi velus que ceux du singe !
Oh ! l’innommable horreur de ce bras sale et mou
Qui semblait grelotter sous la crasse du linge !

Oh ! jamais les chapeaux des plus sombres rapins
N’auront la poésie atroce de son feutre !
Pour chaussure, il avait d’ignobles escarpins
Où la putridité des pieds nus se calfeutre.

Mais pourquoi cet œil blanc, fixe et cadavéreux ?
D’où venait qu’il avait la démarche peu sûre,
Et qu’il allait grinçant d’un air si malheureux,
Comme un chien enragé qui retient sa morsure ?

Pourquoi vomissait-il plutôt qu’il ne crachait ?
Avait-il la nausée amère de la vie ?
Et pourquoi prenait-il sa tête qu’il hochait
Avec une fureur d’effarement suivie ?

Avait-il donc au cœur un si strident remord
Qu’au milieu de la rue, en face des gendarmes,
Il bégayât les mots de poison et de mort
Avec un rire affreux qui se trempait de larmes ?

Était-il fou, cet homme ayant l’atrocité
D’un poème vivant plein d’âpres antithèses ?
— Ainsi, j’alimentais ma curiosité
Avec le vitriol des noires hypothèses.

Mais une nuit d’hiver, morbidement brutal,
J’accostai ce passant dans une sombre allée,
Et plongeant mon regard dans son globe fatal,
J’osai lui dire avec une voix étranglée :

« Exécrable inconnu dont l’air inquiétant
« Pourrait faire avorter une mégère enceinte,
« Qu’es-tu ? Bourreau, martyr, assassin ou Satan ? »
— Et lui me répondit : « Je suis buveur d’absinthe. »

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L'Horoscope

Par un soleil mourant dans d’horribles syncopes,
Mes spleens malsains
Évoquaient sur mon cas les divers horoscopes
Des médecins.
Partout la solitude inquiétante, hostile,
Où chaque trou
Avait un mauvais cri d’insecte, de reptile
Et de hibou.
J’étais dans un chemin désert, tenant du gouffre
Et du cachot,
Où l'orage imminent soufflait un vent de soufre
Épais et chaud,
Dans un chemin bordé de gigantesques haies
Qui faisaient peur,
Et de rocs mutilés qui se montraient leurs plaies
Avec stupeur.
Et j’allais, consterné, songeant : « Mon mal empire ! »
Tâtant mon pouls,
Et rongé par l’effroi, par cet effroi vampire
Comme des poux ;
Quand soudain, se dressant dans la brume uniforme
Devant mes pas,
Un long Monsieur coiffé d’un chapeau haut de forme
Me dit tout bas
Ces mots qui s’accordaient avec la perfidie
De son abord :
— « Prenez garde : car vous avez la maladie
Dont je suis mort.

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Le Vieux Mouton

Trop âgé pour avoir pu suivre le troupeau,
Il était resté là, perdu comme une épave :
Et dans un gouffre, auprès d’un torrent plein de bave,
Il traînait le cancer qui lui mangeait la peau.

Le fait est que le Diable en eût fait un suppôt,
Tant la sorcellerie habitait son Å“il cave
Et tant il avait pris, sur le bord de ce gave,
La nudité du ver et le pas du crapaud.

Je m’enfuis ! Car la bête accueillait mon approche
Avec un bêlement de haine et de reproche
Strident comme une voix qui crie : « À l’assassin ! »

Et la nuit ténébreuse installait son royaume,
Que j’entendais toujours sangloter en mon sein
La malédiction du vieux mouton fantôme.

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L'Ami

Il était brun, très pâle, et toujours en grand deuil ;
Ses paroles claquaient avec un bruit de flammes,
Et de courtes lueurs plus froides que des lames
Illuminaient parfois la brume de son Å“il.

Un même goût pour l’art et pour les sombres drames,
Le même âge, la même angoisse du cercueil,
Un égal infini de tristesse et d’orgueil
Eurent vite enchaîné nos esprits et nos âmes.

À la longue, pourtant, cet être souple et noir
M’inquiéta sans trêve et tellement, qu’un soir,
Je me dis en moi-même : « Oh ! si c’était le diable ! »

— « Alors, devina-t-il, vous me préférez Dieu ?
« Soit ! je m’en vais, mon cher, mais pour cadeau d’adieu,
« Je vous laisse la Peur, la Peur irrémédiable !

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La Nuit de novembre

Il faisait aussi clair qu’à trois heures du soir,
Lorsque, las de fumer, de lire et de m’asseoir,
Emportant avec moi le rêve qui m’agite,
J’abandonnai ma chambre et sortis de mon gîte.
Et j’errai. Tout le ciel était si lumineux,
Que les rochers devaient sentir passer en eux
Des caresses de lune et des frissons d’étoiles.
La terrible araignée aux si funèbres toiles
Semblait guetter encor le crépuscule gris,
Car les arbres du clos par l’automne amaigris
Montraient dans la clarté qui glaçait leur écorce
Mainte cime chenue et mainte branche torse.
C’était le jour sans bruit, le jour sans mouvement,
Comme en vécut jadis la Belle au Bois Dormant,
Plutôt fait pour les morts que pour nous autres : l’ombre
Qui devenait l’aurore, à l’heure où tout est sombre.
L’air avait la moiteur exquise du rayon,
Et l’objet dessiné comme par un crayon
Prenait l’aspect diurne, et fluet, long, énorme,
Accusait nettement sa couleur et sa forme.
Et le silence, horrible et douce mort du bruit,
Triomphait-il assez dans ce plein jour de nuit
À l’abri du vent rauque et du passant profane
Sous les scintillements du grand ciel diaphane !
Le froid devenait tiède à force de douceur ;
Et, grisaille des murs, vert des volets, rousseur
Du toit, corde du puits, dents de la girouette,
Là-bas, au fond de clos, une vieille brouette,
À terre çà et là, des bois et des outils,
Toute espèce d’objets, hauts, plats, grands et petits,
Tout, jusqu’au sable fin comme celui des grèves
Se détaillait à l’œil ainsi que dans les rêves.
Alors, que de mystère et que d’étrangeté !
Sans doute, un mauvais sort m’allait être jeté
Par un fantôme blanc rencontré sur ma route ?
Le fait est que jamais plus fantastique voûte
N’illumina la terre à cette heure d’effroi :
Je me voyais si bien que j’avais peur de moi.
Minuit allait sonner dans une demi-heure,
Et toujours pas de vent, pas de source qui pleure,
Rien que l’affreux silence où je n’entendais plus
Que le bruit régulier de mes pas résolus ;
Car, au fond, savourant ma lente inquiétude,
Je voulais m’enfoncer dans une solitude
Effroyable, sans murs, sans huttes, sans chemins,
Vierge de tous regards et de tous pieds humains !
Et j’étais arrivé sur une immense roche
Quand je me rappelai que j’avais dans ma poche
Le bréviaire noir des amants de la Mort,
Cette œuvre qui vous brûle autant qu’elle vous mord,
Que la tombée a dictée et qui paraît écrite
Par la main de Satan, la grande âme proscrite.
Oui, j’avais là sur moi, dans cet endroit désert,
Le Cœur Révélateur, et la Maison Usher,
Ligeia, Bérénice et tant d’autres histoires
Qui font les jours peureux, les nuits évocatoires,
Et qu’on ne lit jamais sans frisson sur la peau.
Oui délice et terreur ! j’avais un Edgar Poe :
Edgar Poe, le sorcier douloureux et macabre
Qui chevauche à son gré la raison qui se cabre.
Seul, tout seul, au milieu du silence inouï,
Avais-je la pâleur d’un homme évanoui
Quand j’ouvris le recueil de sinistres nouvelles
Qui donnent le vertige aux plus mâles cervelles ?
Mes cheveux s’étaient-ils dressés, à ce moment ?
Je ne sais ! Mais mon cœur battait si fortement,
Ma respiration était si haletante,
Que je les entendais tous les deux : oh, l’attente
Du fantôme prévu pendant cette nuit-là !
Et je lus à voix basse Hélène, Morella,
Le Corbeau, le Portrait ovale, Bérénice,
Et, ― que si j’ai mal fait le Très-Haut me punisse ! ―
Je relus le Démon de la Perversité !
Puis, lorsque j’eus fini, je vis à la clarté
Du ciel illuminé comme un plafond magique,
Debout sur une roche un revenant tragique
Drapé dans la guenille horrible du tombeau
Et dont la main sans chair soutenait un corbeau :
Fou, je m’enfuis, criblé par les rayons stellaires,
Et c’est depuis ce temps que j’ai peur des nuits claires !

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A l'assemblée

Parmi châtaigniers et genêts
Où s'émouchaient, sans pouvoir paître,
Des montures sous le harnais,
Ronflait l'humble fête champêtre.

Les crincrins et les cornemuses,
La ripaille, un soleil de feu,
Allumaient tout un monde bleu
A faces longues et camuses.

Et, tandis que ce flot humain
- L'enfance comme la vieillesse -
Battait les airs de sa liesse...
En grand deuil - au bord du chemin,

Les yeux fermés, - morte aux vacarmes,
Une femme étranglait ses larmes
A genoux, devant une croix.

Rien n'aura l'horreur et l'effroi
De ces pleurs gouttant, sans rien dire,
Dans cet énorme éclat de rire.

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À l'assemblée

Parmi châtaigniers et genêts
Où s’émouchaient, sans pouvoir paître,
Des montures sous le harnais,
Ronflait l’humble fête champêtre.

Les crincrins et les cornemuses,
La ripaille, un soleil de feu,
Allumaient tout un monde bleu
À faces longues et camuses.

Et, tandis que ce flot humain
— L’enfance comme la vieillesse
Battait les airs de sa liesse...
En grand deuil — au bord du chemin,

Les yeux fermés, — morte aux vacarmes,
Une femme étranglait ses larmes
À genoux, devant une croix.

Rien n’aura l’horreur et l’effroi
De ces pleurs gouttant, sans rien dire,
Dans cet énorme éclat de rire.

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La Chimère

Il avait l’air hagard quand il entra chez moi,
Et c’est avec le geste âpre, la face ocreuse,
L’œil démesurément ouvert, et la voix creuse
Qu’il me fit le récit suivant : Figure-toi

Que j’errais au hasard comme à mon habitude,
Enroulé dans mon spleen ainsi qu’en un linceul,
Ayant l’illusion d’être absolument seul
Au milieu de l’opaque et rauque multitude.

Fils de ma dangereuse imagination,
Mille sujets hideux plus noirs que les ténèbres
Défilaient comme autant de nuages funèbres
Dans mon esprit gorgé d’hallucination.

Peu à peu cependant, maîtrisant la névrose,
J’évoquais dans l’essor de mes rêves câlins
Un fantôme de femme aux mouvements félins
Qui voltigeait, tout blanc sous une gaze rose.

J’ai dû faire l’effet, même aux passants blasés,
D’un fou sur qui l’accès somnambulique tombe,
Ou d’un enterré vif échappé de la tombe,
Tant j’ouvrais fixement mes yeux magnétisés.

Secouant les ennuis qui la tenaient captive
Mon âme tristement planait sur ses recors,
Et je m’affranchissais de mon odieux corps
Pour me vaporiser en brume sensitive :

Soudain, tout près de moi, dans cet instant si cher
Un parfum s’éleva, lourd, sur la brise morte,
Parfum si coloré, d’une strideur si forte,
Que mon âme revint s’atteler à ma chair.

Et sur le boulevard brûlé comme une grève
J’ouvrais des yeux de bœuf qu’on mène à l’abattoir,
Quand je restai cloué béant sur le trottoir :
Je voyais devant moi la femme de mon rêve.

Oh ! c’était bien son air, sa taille de fuseau !
À part la nudité miroitant sous la gaze,
C’était le cher fantôme entrevu dans l’extase
Avec ses ondoîments de couleuvre et d’oiseau.

Certes ! je ne pouvais la voir que par derrière :
Mais, comme elle avait bien la même étrangeté
Que l’autre ! Et je suivis son sillage enchanté,
Dans l’air devenu brun comme un jour de clairière.

Je courais, angoisseux et si loin du réel
Que j’incarnais déjà mon impalpable idole
Dans la belle marcheuse au frisson de gondole
Qui glissait devant moi d’un pas surnaturel.

Et j’allais lui crier dans la cohue infâme,
Frappant et bousculant tout ce peuple haï :
« Je viens te ressaisir, puisque tu m’as jailli
« Du cœur, pour te mêler aux passants ! » quand la Dame

Se retourna soudain : oh ! je vivrais cent ans
Que je verrais toujours cet ambulant squelette !
Véritable portrait de la Mort en toilette,
Vieux monstre féminin que le vice et le temps,

Tous deux, avaient tanné de leurs terribles hâles ;
Tête oblongue sans chair que moulait une peau
Sépulcrale, et dont les paupières de crapaud
Se recroquevillaient sur des prunelles pâles !

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Magie de la nature

Béant, je regardais du seuil d'une chaumière
De grands sites muets, mobiles et changeants,
Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent,
Vivaient un infini d'espace et de lumière.

C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques.
Des rocs pâmés de gloire et de solennité,
Des chaos engendrant de leur obscurité
Des éblouissements de forêts élastiques.

Je contemplais, noyé d'extase, oubliant tout,
Lorsqu'ainsi qu'une rose énorme, tout à coup,
La Lune, y surgissant, fleurit ces paysages.

Un tel charme à ce point m'avait donc captivé
Que j'avais bu des yeux, comme un aspect rêvé,
La simple vision du ciel et des nuages !

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La Bête

En amour, l’homme est la souris
Pour qui toute femme est la chatte.
Le sot ne voit pas l’ongle gris
Sous le doux velours de la patte.

Il pompe, le pauvre imprudent,
La chère moiteur qui l’arrose,
Sans songer qu’une horrible dent
Est derrière la langue rose.

Je vous le dis en vérité,
Savant, philosophe, poète :
On s’emplit d’animalité
En se frottant à cette bête.

La femme sur qui les soupçons
Aiguisent leur âpre souffrance,
N’est qu’un abîme de frissons
Où s’engloutit notre espérance.

Depuis l’orteil jusqu’aux cheveux,
Toute femme est une Aspasie,
Disant : « Moi, l’amour que je veux,
« C’est un amour de fantaisie.

« J’ai toujours un nouveau désir
« Dans mes veilles et dans mes sommes ;
« Je suis la mouche du plaisir
« Papillonnant d’hommes en hommes ;

« Le mâle que j’ai convoité,
« Je l’aime, jusqu’à concurrence
« D’une ou deux nuits de volupté,
« Et puis mon amour devient rance.

« J’ai dans le crâne un réservoir
« De larmes, filles du caprice ;
« Pour bien manier le mouchoir,
« Je n’ai pas besoin d’être actrice.

« Ma poitrine est un arsenal
« Où pendent cris, soupirs et plaintes,
« Si bien doublés d’art infernal,
« Qu’on s’englue à mes douleurs feintes. »

— Ainsi le sexe féminin
Se dessine dans ma pensée :
Magique, doucereux, bénin,
Le cœur sec et l’âme glacée.

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Le Remords

Plus de brise folle
Sur les talus :
La frivole
Ne vole
Plus !
L’âpre soleil rissole
Les grands fumiers mamelus.

Plus d’oiseau loustic.
Sur le roc rouge
Très à pic
L’aspic
Bouge.
L’homme dévale au bouge,
L’insecte fait son tic tic.

Le bois gigantesque
A la stupeur
D’une fresque.
J’ai presque
Peur !
L’étang par sa torpeur
Est d’un affreux pittoresque.

Et je souffre, hélas !
Jusqu’à la fibre :
Et mon pas
N’est pas
Libre.
Plus une aile qui vibre
Dans l’air où j’entends un glas !

D’êtres nul vestige.
Dans mon linceul
De vertige
Lourd, suis-je
Seul ?
Plus courbé qu’un aïeul,
le marche; — L’étang se fige.

Mon cœur repentant
Dont tu te moques,
O Satan!
Est en
Loques.
Oh ! les noirs soliloques
Que je marmotte en boitant !

Le soleil s’élève
Comme un drap d’or.
L’eau qui rêve
Sans trêve
Dort,
Pendant que le remord
Me taillade avec son glaive.

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Je suis malade

Je ne rêve plus je ne fume plus
Je n'ai même plus d'histoire
Je suis sale sans toi
Je suis laide sans toi
Je suis comme un orphelin dans un dortoir

Je n'ai plus envie de vivre dans ma vie
Ma vie cesse quand tu pars
Je n'aie plus de vie et même mon lit
Ce transforme en quai de gare
Quand tu t'en vas

Je suis malade
Complètement malade
Comme quand ma mère sortait le soir
Et qu'elle me laissait seul avec mon désespoir

Je suis malade parfaitement malade
T'arrive on ne sait jamais quand
Tu repars on ne sait jamais où
Et ça va faire bientôt deux ans
Que tu t'en fous

Comme à un rocher
Comme à un péché
Je suis accroché à toi
Je suis fatigué je suis épuisé
De faire semblant d'être heureuse quand ils sont là

Je bois toutes les nuits
Mais tous les whiskies
Pour moi on le même goût
Et tous les bateaux portent ton drapeau
Je ne sais plus où aller tu es partout

Je suis malade
Complètement malade
Je verse mon sang dans ton corps
Et je suis comme un oiseau mort quand toi tu dors

Je suis malade
Parfaitement malade
Tu m'as privé de tous mes chants
Tu m'as vidé de tous mes mots
Pourtant moi j'avais du talent avant ta peau

Cet amour me tue
Si ça continue je crèverai seul avec moi
Près de ma radio comme un gosse idiot
Écoutant ma propre voix qui chantera

Je suis malade
Complètement malade
Comme quand ma mère sortait le soir
Et qu'elle me laissait seul avec mon désespoir

Je suis malade
C'est ça je suis malade
Tu m'as privé de tous mes chants
Tu m'as vidé de tous mes mots
Et j'ai le coeur complètement malade
Cerné de barricades
T'entends je suis malade.

chanson interprété par DalidaSignalez un problèmeDes citations similaires
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Le courage, ce n'est pas de vivre sans peur. Le courage, c'est d'avoir la peur de sa vie et quand même faire la bonne chose.

citation de Chae RichardsonSignalez un problèmeDes citations similaires
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La Buveuse d'absinthe

Elle était toujours enceinte,
Et puis elle avait un air...
Pauvre buveuse d’absinthe !

Elle vivait dans la crainte
De son ignoble partner :
Elle était toujours enceinte.

Par les nuits où le ciel suinte,
Elle couchait en plein air.
Pauvre buveuse d’absinthe !

Ceux que la débauche éreinte
La lorgnaient d’un œil amer :
Elle était toujours enceinte !

Dans Paris, ce labyrinthe
Immense comme la mer,
Pauvre buveuse d’absinthe,

Elle allait, prunelle éteinte,
Rampant aux murs comme un ver...
Elle était toujours enceinte !

Oh ! cette jupe déteinte
Qui se bombait chaque hiver !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Sa voix n’était qu’une plainte,
Son estomac qu’un cancer :
Elle était toujours enceinte !

Quelle farouche complainte
Dira son hideux spencer !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Je la revois, pauvre Aminte,
Comme si c’était hier :
Elle était toujours enceinte !

Elle effrayait maint et mainte
Rien qu’en tournant sa cuiller ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand elle avait une quinte
De toux, — oh ! qu’elle a souffert,
Elle était toujours enceinte ! —

Elle râlait : « Ça m’esquinte !
Je suis déjà dans l’enfer. »
Pauvre buveuse d’absinthe !

Or elle but une pinte
De l’affreux liquide vert :
Elle était toujours enceinte !

Et l’agonie était peinte
Sur son œil à peine ouvert ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand son amant dit sans feinte :
« D’débarras, c’en est un fier !
« Elle était toujours enceinte. »
— Pauvre buveuse d’absinthe !

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Le Vieux Priseur

Le plus grand priseur de la terre
Était bien le père Chapu,
Bonhomme rougeaud et trapu,
Rond d’allure et de caractère.

Certes ! la poudre tabagique
Aucun ne la dégusta mieux,
Avec plus d’amour que ce vieux
Dont c’était le trésor magique.

Oui ! c’était sa joie et sa force.
On le voyait s’épanouir
Quand le couvercle à bout de cuir
Découvrait sa boîte en écorce.

Il l’avait là, comme son âme,
Dans la poche de son gilet.
Il disait, quand il en parlait,
« Plutôt q’d’ell’ je m’pass’rais d’ma femme. »

Pour son vieux nez sa large prise
Qu’il aspirait jusqu’au cerveau
Avait l’attrait toujours nouveau,
Était sans cesse une surprise.

Ayant ouvert sa tabatière,
Coudant un doigt, dans les deux bouts
Il tapotait à petits coups,
Pour dégrumeler la poussière.

Puis, entre l’index et le pouce,
Il pinçait dans un plongement
Sa prise que, dévotement,
Il reniflotait, lente et douce.

Un éclair de béatitude
Parcourant alors tous ses traits
Faisait rire ses yeux distraits,
Illuminait sa face rude.

« Hein ? chez vous l’habitude est forte,
Dis-je, un jour, au père Chapu.
Comment ça vous est-il venu ? »
Et le vieux parla de la sorte :

« Jeun’ j’étais pourtant pas tout bête,
Mais, faut croir’ que c’était un sort :
Je n’faisais q’penser à la mort,
J’avais mon cercueil dans la tête.

Dans les champs, à la métairie,
Tout seul, comme avec d’aut’ garçons,
Tell’ qu’un’ fièv’ qu’arrive en frissons,
Subit’ment m’prenait c’te song’rie.

J’avais beau travailler q’plus ferme,
Chanter fort, m’donner du mouv’ment,
J’étais mangé par mon tourment,
L’jour, la nuit, ça n’avait pas d’terme.

Et puis, sans que j’boiv’, sur ma vue
Yavait comm’ les brouillards du vin,
Sans êtr’ sourd, j’entendais pas fin,
Et j’avais la langue r’tenue.

J’fumais ben comm’ ça quéq’ pipette,
Mais c’tabac-là n’me valait rien.
Si tell’ment qui m’faisait pas d’bien
Qui m’rendait malade et pompette.

V’là q’prenant mes bott’, un dimanche,
J’m’en fus trouver dans sa forêt
L’charbonnier qui soignait d’secret :
Un grand homm’ noir à barbe blanche.

J’lui racontai tout’ mon histoire.
Et ses parol’ tell’ de c’jour-là,
Ya pourtant trente ans d’ça, les v’là !
Ell’ n’ont pas quitté ma mémoire :

« D’abord, qui m’dit, c’t’homm’ solitaire,
Vous êt’ fermier ? Soyez pêcheur !
Vivez dans les creux d’la fraîcheur,
Et fouillez l’onde au lieu d’la terre.

À c’métier-là, moi, je l’devine,
Vous d’viendrez plus astucieux.
C’est la nuit qui fait les bons yeux,
Et l’silenc’ qui rend l’oreill’ fine.

Quant à vot’ parol’ paresseuse,
Tant mieux pour vous ! vous risquez moins
D’vous compromet’ devant témoins,
La langue est toujours trop causeuse.

Maint’nant, v’lez-vous une âm’ rentière
D’la plus parfait’ tranquillité ?
Dev’nez un priseur entêté,
Un maniaq’ de la tabatière.

Avec ça, vous n’s’rez plus sensible
À tout’ ces peurs de trépasser,
Vous attendrez, pour y penser,
Q’vot’ jour soit v’nu : l’plus tard possible ! »

Dam’ ! dès l’lendemain, yeut pas d’méprise,
Le pêcheur remplaça l’bouvier ;
J’troquai la bêch’ pour l’épervier,
Et la fumade cont’ la prise.

D’abord, j’aimai pas trop la chose,
J’en fus curieux p’tit à p’tit ;
Puis, mon nez en eut l’appétit...
J’agrandis la boîte et la dose.

Dans mon tabac, moi, j’mets pas d’fève,
Comm’ de l’eau dans l’vin, ça l’chang’ tout.
Je l’veux net ! qu’il ait son vrai goût !
Et tous vos parfums ça yenlève.

Ah oui ! c’t’habitud’-là m’attache,
I’m’faut ma pris’ ! j’conviens q’mon nez
En a les d’sous tout goudronnés,
Qu’on dirait, des fois, un’ moustache...

C’est pas la propreté suprême,
Bah ! on s’mouch’ mieux et plus souvent,
Et puis, l’grand air, la pluie et l’vent
Vous rend’ ben ragoûtant quand même.

Ell’ sont aussi joint’ qu’ell’ sont grosses
Mes queues d’rat. Dans leur profondeur
L’tabac s’tient frais, gard’ son odeur,
Tel que du limon dans des fosses.

J’m’ai moi seul appris à les faire :
Queq’ petits clous fins d’tapissier,
Un bout d’pelur’ de bon c’risier,
Deux d’bois blanc, un d’cuir, font l’affaire.

J’en fabrique pour d’aut’ ! quand l’vent rêche
Empêch’ tout l’gros poisson d’mouver,
J’m’amuse à les enjoliver,
Pendant c’temps-là l’épervier sèche.

L’sorcier m’avait pas dit d’mensonges,
J’prends à mon aise, en vivant bien,
L’homm’ tel qu’il est, l’temps comme i’ vient,
Et la paix des chos’ fait mes songes.

Oui ! sauf les affair’ de la pêche
Où q’mon esprit combin’ des coups,
J’rêve aussi douc’ment q’les cailloux
Quand i’ sont léchés par l’eau fraîche.

Certain’ fois q’ma b’sogne est confuse
J’en r’nifle un’ qui m’donne un conseil,
M’désengourdit, m’tient en éveil,
Et m’fournit du cœur et d’la ruse.

Comme aussi, lorsque j’fais une pause
Sur queq’ rocher gris pour fauteuil,
Un’ bonn’ pris’ me met mieux à l’œil
Le feuillag’ qui tremble ou qui r’pose.

Et puis, vous parlez, pour mon âge,
Que j’suis encor subtil et r’tors !
Sans soleil, j’vois l’poisson qui dort,
J’entendrais un’ grenouill’ qui nage.

Ma foi ! j’suis l’plus heureux des hommes,
J’rôd’ tranquille au fond d’mes vallons,
Au bord de l’eau, sous l’ciel, — allons !
Vite un’ pris’ ! pendant q’nous y sommes !

Parc’ que quand ma vie et la vôtre...
Mais j’vous parl’ trépas, c’est trop fort !
Cont’ ce p’tit r’venez-y d’la mort
Attendez ! j’vas en prendre une autre. »

Ceci lu, maint priseur tirant sa tabatière,
Se dira, non sans quelque émoi :
« Ô prise ! que n’as-tu le même effet chez moi
Contre la peur du cimetière !

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Souvenir de la Creuse

Tandis qu’au soleil lourd la campagne d’automne
Filait inertement son rêve de stupeur,
Nous traversions la brande aride et monotone
Où le merle envahi du spleen enveloppeur
Avait un vol furtif et tremblotant de peur.
Nous longions un pacage, un taillis, une vigne ;
Puis au fond du ravin que la ronce égratigne
Apparaissait la Creuse aux abords malaisés :
Alors tu t’asseyais, et j’apprêtais ma ligne
À l’ombre des coteaux rocailleux et boisés.

Lorsque j’avais trouvé dans l'onde qui moutonne,
Près d’un rocher garni d’écume et de vapeur,
L’endroit où le goujon folâtre et se cantonne,
Je fouettais le courant de mon fil agrippeur,
Et bientôt le poisson mordait l’appât trompeur.
Toi, sous un châtaignier majestueux et digne,
Aux coincoins du canard qui nageait comme un cygne,
Rêveuse, tu croquais des sites apaisés ;
Et je venais te voir quand tu me faisais signe,
À l’ombre des coteaux rocailleux et boisés.

Par des escarpements que le lierre festonne,
Un meunier s’en allait sur son baudet grimpeur ;
Des roulements pareils à ceux d’un ciel qui tonne
S’ébauchaient ; le pivert au bec dur et frappeur
Poussait un cri pointu dans l’air plein de torpeur.
Et nous, sans redouter la vipère maligne,
Avec des mots d’amour que le regard souligne,
Ayant pour seuls témoins les lézards irisés,
Nous causions tendrement sur la mousse bénigne,
À l’ombre des coteaux rocailleux et boisés.


ENVOI

Ô toi qui m’as grandi par ta candeur insigne,
Partout mon souvenir te cherche et te désigne ;
Et j’évoque le temps où j’avais les baisers
De ta bouche d’enfant, fraîche et couleur de guigne,
À l’ombre des coteaux rocailleux et boisés.

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Ballade du châtaignier rond

Le râle de genêts croassait dans les prés
Comme un peigne qu’on racle au milieu du mystère ;
Le soir décolorait les arbres effarés,
Et lentement la Lune, au ras du ciel austère,
Se recourbait en arc ainsi qu’un cimeterre.
C’est alors que, tout seul dans la vallée, au bruit
Du crapaud des étangs qui flûtait son ennui,
Par les taillis scabreux, les labours et le chaume,
Je m’en allais parfois rêver jusqu’à minuit
Sous le châtaignier rond dressé comme un fantôme.

Aux bêlements lointains des moutons égarés,
Plus fatidiquement qu’un glas de monastère,
Le chat-huant mêlait ses sanglots acérés,
Si tristes, qu’un frisson de peur involontaire
Vous prend, lorsqu’un mauvais écho les réitère.
C’était l’heure des loups que le sorcier conduit ;
De la voix qui vous hèle, et du pas qui vous suit ;
Le grillon n’avait plus qu’un murmure d’atome ;
Et la mousse enchâssait le petit ver qui luit
Sous le châtaignier rond dressé comme un fantôme.

Le court vacillement des farfadets soufrés
Annonçant des esprits qui revenaient sur terre,
Dansait au bout des joncs des chemins engouffrés ;
Puis, à la longue, tout finissait par se taire,
Et le silence entrait dans la nuit solitaire.
Et j’oubliais la tombe où la Mort nous réduit
En cendres ! J’oubliais le monde qui me nuit ;
Le sommeil des buissons me charriait son baume,
Et je m’évaporais avec le vent qui fuit
Sous le châtaignier rond dressé comme un fantôme.

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