Le chant de l'horloge
se mêle au chant des aiguilles.
Mina, tricotant,
est assise à la fenêtre,
dans son regard les saisons.
tanka de Markus Hediger de Ne retournez pas la pierre (1996)
Ajouté par Dan Costinaş
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Des citations similaires
La poésie c'est le chant intérieur.
citation de Chateaubriand
Ajouté par Simona Enache
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Marches funèbres
Toi, dont les longs doigts blancs de statue amoureuse,
Agiles sous le poids des somptueux anneaux,
Tirent la voix qui berce et le sanglot qui creuse
Des entrailles d’acier de tes grands pianos,
Toi, le cœur inspiré qui veut que l’Harmonie
Soit une mer où vogue un chant mélodieux,
Toi qui, dans la musique, à force de génie,
Fais chanter les retours et gémir les adieux,
Joue encore une fois ces deux marches funèbres
Que laissent Beethoven et Chopin, ces grands morts,
Pour les agonisants, pèlerins des ténèbres,
Qui s’en vont au cercueil, graves et sans remords.
Plaque nerveusement sur les touches d’ivoire
Ces effrayants accords, glas de l’humanité,
Où la vie en mourant exhale un chant de gloire
Vers l’azur idéal de l’immortalité.
Et tu seras bénie, et ce soir dans ta chambre
Où tant de frais parfums vocalisent en chœur,
Poète agenouillé sous tes prunelles d’ambre,
Je baiserai tes doigts qui font pleurer mon cœur !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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On reconnaît un oiseau en écoutant son chant, on reconnaît un homme en écoutant ce qu'il dit.
proverbs chinoises
Ajouté par Micheleflowerbomb
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La Sauterelle
Sa tête a l’air d’être en bois peint,
Malgré ses mandibules moites ;
Elle a l’œil gros comme un pépin.
Pareille aux bêtes en sapin,
Mouton, cheval, bœuf et lapin,
Que les enfants ont dans des boîtes,
Sa tête a l’air d’être en bois peint,
Malgré ses mandibules moites.
Grise, elle a les ailes doublées
De rouge antique ou de bleu clair
Qu’on entrevoit dans ses volées
Brusques, ronflantes et tremblées.
Verte, ses jambes endiablées
Sont aussi promptes que l’éclair ;
Grise, elle a les ailes doublées
De rouge antique ou de bleu clair.
Elle saute sans nul effort
Les ruisselets et les ornières ;
Et son coup de cuisse est si fort
Qu’elle semble avoir un ressort.
Puis, quand elle a pris son essor
Autour des trous et des marnières,
Elle saute sans nul effort
Les ruisselets et les ornières.
La toute petite grenouille
La regarde et croit voir sa sœur,
Au bord du pacage qui grouille
De fougères couleur de rouille.
Dans sa rigole où l’eau gargouille,
Sur son brin de jonc caresseur,
La toute petite grenouille
La regarde et croit voir sa sœur.
Elle habite loin des marais,
Sous la feuillée, au pied du chêne ;
Dans les clairières des forêts,
Sur le chaume et dans les guérets.
Aux champs, elle frétille auprès
Du vieil âne tirant sa chaîne ;
Elle habite loin des marais,
Sous la feuillée auprès du chêne.
Nids de taupes et fourmilières,
Champignon rouge et caillou blanc,
Le chardon, la mousse et les lierres
Sont ses rencontres familières.
Sur les brandes hospitalières,
Elle vagabonde en frôlant
Nids de taupes et fourmilières,
Champignon rouge et caillou blanc.
Quand le soleil a des rayons
Qui sont des rires de lumière,
Elle se mêle aux papillons
Et cliquette avec les grillons ;
Elle abandonne les sillons
Et les abords de la chaumière,
Quand le soleil a des rayons
Qui sont des rires de lumière.
Cheminant, sautant, l’aile ouverte
Elle va par monts et par vaux,
Et voyage à la découverte
De quelque pelouse bien verte :
En vain, elle a plus d’une alerte
Parmi tant de pays nouveaux,
Cheminant, sautant, l’aile ouverte,
Elle va par monts et par vaux.
Son chant aigre est délicieux
Pour l’oreille des buissons mornes.
C’est l’acrobate gracieux
Des grands vallons silencieux.
Les liserons sont tout joyeux
En sentant ses petites cornes ;
Son chant aigre est délicieux
Pour l’oreille des buissons mornes.
Cauchemar de l’agriculteur,
Tu plairas toujours au poète,
Au doux poète fureteur,
Mélancolique observateur.
Beau petit insecte sauteur,
Je t’aime des pieds à la tête :
Cauchemar de l’agriculteur,
Tu plairas toujours au poète !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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La Béatrice
Dans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure,
Comme je me plaignais un jour à la nature,
Et que de ma pensée, en vaguant au hasard,
J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard,
Je vis en plein midi descendre sur ma tête
Un nuage funèbre et gros d'une tempête,
Qui portait un troupeau de démons vicieux,
Semblables à des nains cruels et curieux.
À me considérer froidement ils se mirent,
Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent,
Je les entendis rire et chuchoter entre eux,
En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux:
— "Contemplons à loisir cette caricature
Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture,
Le regard indécis et les cheveux au vent.
N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant,
Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle,
Parce qu'il sait jouer artistement son rôle,
Vouloir intéresser au chant de ses douleurs
Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs,
Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques,
Réciter en hurlant ses tirades publiques?"
J'aurais pu (mon orgueil aussi haut que les monts
Domine la nuée et le cri des démons)
Détourner simplement ma tête souveraine,
Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène,
Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil!
La reine de mon coeur au regard nonpareil
Qui riait avec eux de ma sombre détresse
Et leur versait parfois quelque sale caresse.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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Tristesse des bœufs
Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise.
Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
Le visage en regard du soleil rougeoyant :
« Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’ la parole.
T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !... Pour labourer un champ
C’était pas d’ leur causer ; non ! leur fallait du chant
Qui s’ mêle au souffl’ de l’air, aux cris d’ l’oiseau qui vole !
Alors, creusant l’ sillon entr’ buissons, chên’s et viornes,
Vous les voyiez filer, ben lent’ment, dans ceux fonds,
Tels que deux gros lumas, l’un cont’ l’aut’, qui s’en vont
Ayant tiré d’ leu têt’ tout’ la longueur des cornes.
L’ sillon fini, faisant leur demi-rond d’eux-mêmes,
I’s en r’commençaient un auprès, juste à l’endroit :
J’avais qu’à l’ver l’soc qui, rentré doux, r’glissait droit...
Ainsi, toujours pareil, du p’tit jour au soir blême.
C’était du bel ouvrage aussi m’suré q’ leur pas,
Q’ ça soit pour le froment, pour l’avoin’, pour le seigle,
Tous ces sillons étaient jumeaux, droits comme un’ règle,
Et l’écart entr’ chacun comm’ pris par un compas.
Par exempl’, fallait pas, dam’ ! q’ la chanson les quitte !
À preuv’ que quand, des fois, j’ la laissais pour prend’ vent,
I’ s’arrêtaient d’un coup, r’tournaient l’ mufle en bavant,
Et beurmaient tous les deux pour en d’mander la suite.
Mais, c’est pas tout encor, dans l’air de la chanson
I v’laient d’ la même tristesse ayant toujou l’ mêm’ son,
À cell’ du vent et d’ l’arb’ toujou ben accordée.
Mais d’ la gaieté ? jamais i’ n’en voulur’ un brin !
Ça tombait ben pour moi qui chantais mon chagrin.
Ya donc des animaux qu’ont du choix dans l’idée
Et qu’ont l’ naturel trist’ puisque, jamais joyeux,
Dans la couleur des bruits c’est l’noir qu’i’s aim’ le mieux.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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L'Amour du mensonge
Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond;
Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,
Je me dis: Qu'elle est belle! et bizarrement fraîche!
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.
Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs?
Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,
Qui ne recèlent point de secrets précieux;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux!
Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence?
Masque ou décor, salut! J'adore ta beauté.
poésie de Charles Baudelaire de Les Fleurs du mal
Ajouté par Simona Enache
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L'horloge est une belle invention pour rappeler l'heure des repas.
citation de Diogene
Ajouté par Simona Enache
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Le bon fou
Il n'a que sa chemise écrue et sa culotte
Pour tout costume. Il porte un bonnet de coton.
Tel il rôde, faisant mouliner son bâton.
Promenant l'ébahi de son regard qui flotte.
Barbu, gras et rougeaud, il montre ses dents blanches,
Son poitrail tout velu comme celui des loups,
Les muscles de ses bras, les noeuds de ses genoux,
Et dandine sa marche au roulis de ses hanches.
Parfois, sur son chemin, inerte comme un marbre,
Il s'arrête debout, regardant ciel ou sol,
Quelque grand oiseau fauve élargissant son vol,
Un champignon verdi qui sèche au pied d'un arbre.
Sa songerie alors s'épanche en un langage
Tour à tour sifflement, chant, grognement, parler ;
Il imite, entendant telle ou telle eau couler,
Le murmure ou le bruit croulant qu'elle dégage.
Aux prés, de son bâton, il racle doux l'échine
Du bétail engourdi dont il sait les secrets,
Ou, grave, l'étendant, jette sur les guérets
Un bon sort aux moissons que son rêve imagine.
Le froid noir des ciels blancs, l'éclair des ciels de suie,
Il y reste impassible autant que le rocher ;
Et, recherchant l'averse au lieu de se cacher,
Du même pas rythmique avance dans la pluie.
Il emporte son pain qu'il mange dans ses courses,
L'émiettant, ça et là , pour les petits oiseaux,
Et va boire, Ã genoux, parmi joncs et roseaux,
Aux masses des torrents comme au filet des sources.
Toujours égal, jamais colère, jamais ivre,
Comme s'il se sentait au-dessous des humains,
Il est muet avec les gens, sur les chemins,
Rentré, ne parle pas aux siens qui le font vivre.
C'est pourquoi lui faisant sa suite coutumière,
Chaque fois, sur la place, il attend que le mort
Ait eu ses 'libera' pour l'escorter encor
Juste en face du seuil, mais loin du cimetière.
Il ne répond qu'aux bruits des choses et des bêtes
Qu'il trouve à l'unisson fraternel de ses voix,
Interpelle aussi lien le silence des bois
Qu'il jette sa parole au fracas des tempêtes.
Courbé sur sa charrue, ou le pied sur sa pelle,
Le paysan le suit des yeux avec respect,
Bien qu'il soit, nuit et jour, routinier de l'aspect
De ce ' membre de Dieu ', comme chacun l'appelle.
Et les femmes, passant dans leur mélancolie,
Rencontrent sans effroi cet hercule enfantin,
Sachant que la nature a fait bon son instinct,
Qu'elle a virginisé sa tranquille folie.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le Bon Fou
Il n’a que sa chemise écrue et sa culotte
Pour tout costume. Il porte un bonnet de coton.
Tel il rôde, faisant mouliner son bâton.
Promenant l’ébahi de son regard qui flotte.
Barbu, gras et rougeaud, il montre ses dents blanches,
Son poitrail tout velu comme celui des loups,
Les muscles de ses bras, les nœuds de ses genoux,
Et dandine sa marche au roulis de ses hanches.
Parfois, sur son chemin, inerte comme un marbre,
Il s’arrête debout, regardant ciel ou sol,
Quelque grand oiseau fauve élargissant son vol,
Un champignon verdi qui sèche au pied d’un arbre.
Sa songerie alors s’épanche en un langage
Tour à tour sifflement, chant, grognement, parler ;
Il imite, entendant telle ou telle eau couler,
Le murmure ou le bruit croulant qu’elle dégage.
Aux prés, de son bâton, il racle doux l’échine
Du bétail engourdi dont il sait les secrets,
Ou, grave, l’étendant, jette sur les guérets
Un bon sort aux moissons que son rêve imagine.
Le froid noir des ciels blancs, l’éclair des ciels de suie,
Il y reste impassible autant que le rocher ;
Et, recherchant l’averse au lieu de se cacher,
Du même pas rythmique avance dans la pluie.
Il emporte son pain qu’il mange dans ses courses,
L’émiettant, ça et là , pour les petits oiseaux,
Et va boire, Ã genoux, parmi joncs et roseaux,
Aux masses des torrents comme au filet des sources.
Toujours égal, jamais colère, jamais ivre,
Comme s’il se sentait au-dessous des humains,
Il est muet avec les gens, sur les chemins,
Rentré, ne parle pas aux siens qui le font vivre.
C’est pourquoi lui faisant sa suite coutumière,
Chaque fois, sur la place, il attend que le mort
Ait eu ses libera pour l’escorter encor
Juste en face du seuil, mais loin du cimetière.
Il ne répond qu’aux bruits des choses et des bêtes
Qu’il trouve à l’unisson fraternel de ses voix,
Interpelle aussi lien le silence des bois
Qu’il jette sa parole au fracas des tempêtes.
Courbé sur sa charrue, ou le pied sur sa pelle,
Le paysan le suit des yeux avec respect,
Bien qu’il soit, nuit et jour, routinier de l’aspect
De ce « membre de Dieu », comme chacun l’appelle.
Et les femmes, passant dans leur mélancolie,
Rencontrent sans effroi cet hercule enfantin,
Sachant que la nature a fait bon son instinct,
Qu’elle a virginisé sa tranquille folie.
poésie de Maurice Rollinat
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La Charrette à bœufs
Ces rout’ à tas d’ cailloux où des beaux ch’vaux d’ calèches
S’ rencontr’ avec des ân’, des perch’rons, des mulets,
Où pass’ carriol’, patach’, tap’-culs, cabriolets
Att’lés d’ bidets pansus quand c’est pas d’ ross’ ben sèches,
Pour moi, c’est des ch’mins d’ vill’, censément comm’ des rues
Qui s’allong’raient sans fin et n’auraient pas d’ pavés,
Et tout c’ qui roul’ dessus, crasseux comm’ bien lavé,
De bruit, d’ forme et d’ couleur, m’ blesse l’oreille et la vue.
Sur ces rubans d’ terrain des berg’, des p’tit’ montagnes,
M’né par des maquignons, des laquais, des monsieurs,
Tout ça s’ démèn’, court, trott’, craq’ du r’sort et d’ l’essieu,
Mais tout ça : rout’, voitur’, ch’vaux, gens, c’est pas campagne !
Dans l’ sérieux d’ nos vallons comparez donc l’ passage
D’ ceux ch’vaux vêtus d’harnais qu’un ch’ti fouet cingl’ d’affronts
Avec nos bœufs tout nus qui n’ont que l’ joug au front ?
Eux et moi que j’ les mène on s’ mêle au paysage !
Parlez-moi d’ ma charrette entr’ ses buissons d’ verdure,
Montée — i’ semblerait — sur deux meul’ de moulin,
Couleur de terre et d’arbre, et dont l’ gros moyeu s’ plaint
Si douc’ment q’ ça m’en berc’, comme un chant d’ la nature !
Viv’ la voiture à bœufs qu’une aiguillad’ conduit,
Dont l’herb’, l’ornièr’, la boue étouff’, envas’ le bruit,
Qui prend l’ roulis câlin d’ ses deux lent’ bêt’ camuses,
Et s’en va comm’ l’eau calme et les bons nuag’ s’en vont !
C’est l’ vrai char de nos plain’, d’ nos marais, et d’ nos fonds,
Tout comm’ leur seul’ musique est cell’ des cornemuses.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Chant I
Écrire de nombreux livres est sans fin;
Et moi qui en ai tant écrit en prose et en vers
Pour autrui, je veux maintenant écrire pour moi-même —
Écrire mon histoire pour le meilleur de moi
Comme lorsque l'on peint son portrait pour un ami,
Qui le garde dans un tiroir et le contemple
Longtemps après qu'il a cessé de vous aimer,
Pour rassembler ce qu'il fut et ce qu'il est.
Moi, qui ainsi écris, suis encore ce qu'on appelle jeune:
Pas encore assez éloignée des rivages de la vie
Dans le voyage intérieur pour ne plus entendre
Ce murmure venu de l'Infini alentour,
Auquel sourient les nourrissons dans le sommeil
Et qu'on s'émerveille de leur sourire; non, pas si loin,
Mais je revois ma mère à son poste, doigt levé
Près de la porte de la chambre d'enfant,
Chut, chut — trop de bruit! Et ses doux yeux
De se projeter pour démentir son propos
Dans la turbulence enfantine. Elle nous a quittés,
Et assise, je sens la main de mon père,
Lentement caresser mes boucles sur son genou;
Et j'entends Assunta disant sa plaisanterie
(Elle sait qu'il la préfère à tout autre),
Combien de scudi d'or avait-il fallu pour faire
Ces bouclettes blondes? O, main paternelle,
Caresse, appuie lourdement les pauvres cheveux,
Tire, pousse la petite tête plus près de ton genou!
Je suis trop jeune, oui, pour rester seule assise.
poésie de Elizabeth Barrett Browning
Ajouté par Simona Enache
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Mercutio: Hélas! pauvre Roméo! il est déjà mort: poignardé par l'oeil noir d'une blanche donzelle, frappé à l'oreille par un chant d'amour atteint au beau milieu du cœur par la flèche de l'aveugle archerot. Est-ce là un homme en état de tenir tête à Tybalt?
réplique de Roméo et Juliette, scénario de William Shakespeare (1597), traduction par François-Victor Hugo
Ajouté par Dan Costinaş
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Il pleure dans mon cœur
Il pleut doucement sur la ville (Arthur Rimbaud)
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits!
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie!
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi! Nulle trahison?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine!
poésie de Paul Verlaine
Ajouté par anonyme
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Sérénade
Quand tu chantes, bercée
Le soir entre mes bras,
Entends-tu ma pensée
Qui te répond tout bas?
Ton doux chant me rappelle
Les plus beaux de mes jours.
Chantez, ma belle,
Chantez toujours!
Quand tu ris, sur ta bouche
L'amour s'épanouit,
Et soudain le farouche
Soupçon s'évanouit.
Ah! le rire fidèle
prouve un coeur sans détours!
Riez, ma belle,
Riez, toujours!
Quand tu dors, calme et pure,
dans l'ombre, sous mes yeux,
ton haleine murmure
des mots harmonieux.
Ton beau corps se révèle
sans voile et sans atours... -
dormez, ma belle,
dormez toujours!
poésie de Victor Hugo de Marie Tudor (1833)
Ajouté par Dan Costinaş
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Dessus un mont une flamme allumée
Dessus un mont une flamme allumée
A triple pointe ondoyait vers les cieux,
Qui de l'encens d'un cèdre précieux
Parfumait l'air d'une odeur embaumée.
D'un blanc oiseau l'aile bien emplumée
Semblait voler jusqu'au séjour des dieux,
Et dégoisant un chant mélodieux
Montait au ciel avecques la fumée.
De ce beau feu les rayons écartés
Lançaient partout mille et mille clartés,
Quand le dégout d'une pluie dorée
Le vint éteindre. O triste changement!
Ce qui sentait si bon premièrement
Fut corrompu d'une odeur sulfurée.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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Le Chemin aux merles
Voici que la rosée éparpille ses perles
Qui tremblent sous la brise aux feuilles des buissons.
— Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
Car, dans les chemins creux où sifflotent les merles,
Et le long des ruisseaux qui baignent les cressons,
La fraîcheur du matin m’emplit de gais frissons.
Mystérieuse, avec de tout petits frissons,
La rainette aux yeux noirs et ronds comme des perles,
S’éveille dans la flaque, et franchit les cressons,
Pour aller se blottir aux creux des verts buissons,
Et mêler son chant rauque au sifflement des merles.
— Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
— Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles
Sous l’arceau de verdure où passent des frissons,
J’ai pour me divertir le bruit que font les merles,
Avec leur voix aiguë égreneuse de perles !
Et de même qu’ils sont les rires des buissons,
La petite grenouille est l’âme des cressons.
La libellule vibre aux pointes des cressons.
— Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
Le soleil par degrés attiédit les buissons,
Déjà sur les talus l’herbe a de chauds frissons,
Et les petits cailloux luisent comme des perles ;
La feuillée est alors toute noire de merles !
C’est à qui sifflera le plus parmi les merles !
L’un d’eux, s’aventurant au milieu des cressons,
Bat de l’aile sur l’eau qui s’en égoutte en perles ;
— Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
Et le petit baigneur fait courir des frissons
Dans la flaque endormie à l’ombre des buissons.
Mais un lent crépuscule embrume les buissons ;
Avec le soir qui vient, le sifflement des merles
Agonise dans l’air plein d’étranges frissons ;
Un souffle humide sort de la mare aux cressons :
O spleen, voici qu’à flots dans mon cœur tu déferles !
Toi, nuit ! tu n’ouvres pas ton vaste écrin de perles !
Pas de perles au ciel ! le long des hauts buissons,
Tu déferles, noyant d’obscurité les merles
Et les cressons ! — Je rentre avec de noirs frissons !
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le regard ne s'empare pas des images, ce sont elles qui s'emparent du regard. Elles inondent la conscience.
citation de Franz Kafka
Ajouté par Micheleflowerbomb
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L'Angoisse
Depuis que l’Horreur me fascine,
Je suis l’oiseau de ce serpent.
Je crois toujours qu’on m’assassine,
Qu’on m’empoisonne ou qu’on me pend.
L’Unité se double et se triple
Devant mon œil épouvanté,
Et le Simple devient multiple
Avec une atroce clarté.
Pour mon oreille, un pied qui frôle
Les marches de mon escalier,
Sur les toits un chat qui miaule,
Dans la rue un cri de roulier,
Le sifflet des locomotives,
Le chant lointain du ramoneur,
Tout bruit a des notes plaintives
Et se tonalise en mineur.
En vain tout le jour, dans la nue
Je plonge un Å“il aventureux,
Sitôt que la nuit est venue
Je courbe mon front malheureux,
Car, devenant verte et hagarde,
La lune interroge ma peur,
Et si fixement me regarde,
Que je recule avec stupeur.
Le lit de bois jaune où je couche
Me fait l’effet d’un grand cercueil.
Ce que je vois, ce que je touche,
Sons, parfums, tout suinte le deuil.
Partout mon approche est honnie,
On me craint comme le malheur,
Et l'on trouve de l’ironie
Au sourire de ma douleur.
Mon rêve est plein d’ombres funèbres,
Et le flambeau de ma raison
Lutte en vain contre les ténèbres
De la folie... à l’horizon.
La femme que j’aimais est morte,
L’ami qui me restait m’a nui,
Et le Suicide à ma porte
Cogne et recogne, jour et nuit.
Enfin, Satan seul peut me dire
S’il a jamais autant souffert,
Et si mon cœur doit le maudire
Ou l’envier dans son enfer.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Heureux ceux qui persévèrent dans la paix, car c'est le Très-Haut qui les couronnera.
citation de Saint-François d'Assise
Ajouté par Micheleflowerbomb
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