Citations sur tel maître, tel chien
Le Lutin
Par un soir d’hiver triste et bien de circonstance,
Un homme encor tout jeune et tout blanc de cheveux,
En ces termes, devant le plus claquant des feux,
Raconta le Lutin nié par l’assistance :
C’est pas à vous autr’, c’est certain !
Fit-il, parlant d’une manière
À la fois nette et singulière
Qu’apparaîtra jamais l’Lutin !
Pour ça, chez eux, par monts, par vaux,
Partageant leur travail, leur trêve,
Témoin d’leur sommeil et d’leur rêve,
Faut tout l’temps vivre avec les ch’vaux !
C’malin cavalier des Enfers
R’cherche l’ravineux d’un’ prairie,
L’retiré d’un’ vieille écurie,
Un’ nuit lourde avec des éclairs.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le Sourd
Le braconnier ayant lu sur sa vieille ardoise
Que je lui demandais son histoire, sourit,
Et, dans son clair regard me dardant son esprit,
Ainsi parla, de voix bonhomique et narquoise :
« C’que j’vas vous dir’ c’est pas au mensong’ que j’l’emprunte !
J’suis sourd, mais si tell’ment que j’n’entends pas, ma foi
Partir mon coup d’fusil — ben q’pourtant j’eus aut’fois
L’oreille aussi vivant’ qu’elle est maint’nant défunte.
Ça m’est v’nu, ya dans les vingt-cinq ans, d’la morsure
D’un’ vipèr’ qui, sans doute, avait des mauvais v’nins.
Tant pis ! j’ai pas jamais consulté les méd’cins,
Bon’ment j’ai gardé l’mal q’m’avait fait la Nature.
Eh ben ! ça m’est égal, j’n’en ai ni désolance,
Ni gêne, et vous allez en savoir la raison :
Oui ! m’semb’ qui m’reste encore un peu d’entendaison,
Que j’suis pas, tant qu’on l’croit, enterré dans l’silence.
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poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Ballade pour prier Notre Dame
Dame du ciel, régente terrienne,
Emperière des infernaux palus,
Recevez-moi, votre humble chrétienne,
Que comprise soie entre vos élus,
Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus.
Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse
Sont bien plus grands que ne suis pécheresse,
Sans lesquels biens âme ne peut mérir
N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse:
En cette foi je veuil vivre et mourir.
A votre Fils dites que je suis sienne;
De lui soient mes péchés abolus;
Pardonne moi comme à l'Egyptienne,
Ou comme il fit au clerc Theophilus,
Lequel par vous fut quitte et absolus,
Combien qu'il eût au diable fait promesse
Préservez-moi de faire jamais ce,
Vierge portant, sans rompure encourir,
Le sacrement qu'on célèbre à la messe:
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poésie de Francois Villon
Ajouté par Simona Enache
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Le Corbeau
"Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d'une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. "C'est quelque visiteur, — murmurai-je, — qui frappe à la porte de ma chambre; ce n'est que cela, et rien de plus."
Ah! distinctement je me souviens que c'était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin; en vain m'étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, — et qu'ici on ne nommera jamais plus.
Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu'à ce jour; si bien qu'enfin, pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant: "C'est quelque visiteur qui sollicite l'entrée à la porte de ma chambre, quelque visiteur attardé sollicitant l'entrée à la porte de ma chambre; — c'est cela même, et rien de plus."
Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc pas plus longtemps: "Monsieur, — dis-je, — ou madame, en vérité j'implore votre pardon; mais le fait est que je sommeillais, et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu taper à la porte de ma chambre, qu'à peine étais-je certain de vous avoir entendu." Et alors j'ouvris la porte toute grande; — les ténèbres, et rien de plus!
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver; mais le silence ne fut pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté: "Lénore!" — C'était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot: "Lénore!" — Purement cela, et rien de plus.
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. "Sûrement, — dis-je, — sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre; voyons donc ce que c'est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère; — c'est le vent, et rien de plus."
Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d'ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas, il n'hésita pas une minute; mais, avec la mine d'un lord ou d'une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre; — il se percha, s'installa, et rien de plus.
Alors cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire: "Bien que ta tête, — lui dis-je, — soit sans huppe et sans cimier, tu n'es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne!" Le corbeau dit: "Jamais plus!"
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n'eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d'un grand secours; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d'un nom tel que Jamais plus!
Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus; il ne remua pas une plume, — jusqu'à ce que je me prisse à murmurer faiblement: "D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées." L'oiseau dit alors: "Jamais plus!"
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poésie de Edgar Allan Poe (1845), traduction par Charles Baudelaire
Ajouté par Dan Costinaş
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Courtes lettres et longues amitiés, tel est ma devise.
citation de Voltaire
Ajouté par Micheleflowerbomb
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Les artistes perçoivent le monde tel qu'ils peuvent le transposer.
aphorisme de Valeriu Butulescu, traduction par Genevieve Gomez
Ajouté par Simona Enache
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C’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer.
citation de Carl R. Rogers
Ajouté par Micheleflowerbomb
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Le cri du coeur
Rondement, Mathurin
Mène dans sa carriole
La Dame qui s'affole
De filer d'un tel train.
Elle crie au trépas !
Le vieux dit : ' Not' maîtresse,
N'soyez point en détresse
Puisque moi j'y suis pas.
Si y'avait du danger
Vous m'verriez m'affliger
Tout comm' vous, encor pire !
Pac'que, j'm'en vas vous dire :
J'tiens à vos jours, mais j'tiens
P'tèt' encor plus aux miens. '
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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Le Cri du cœur
Rondement, Mathurin
Mène dans sa carriole
La Dame qui s’affole
De filer d’un tel train.
Elle crie au trépas !
Le vieux dit : « Not’ maîtresse,
N’ soyez point en détresse
Puisque moi j’y suis pas.
Si yavait du danger
Vous m’ verriez m’affliger
Tout comm’ vous, encor pire !
Pac’que, j’ m’en vas vous dire :
J’ tiens à vos jours, mais j’ tiens
P’têt’ encor plus aux miens.
poésie de Maurice Rollinat
Ajouté par Poetry Lover
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A l'ambitieux et avare ennemi des bonnes lettres
Serf de Faveur, esclave d'Avarice,
Tu n'eus jamais sur toi-même pouvoir,
Et je me veux d'un tel maître pourvoir
Que l'Esprit libre en plaisir se nourrisse.
L'Air, la Fortune et l'humaine Police
Ont en leurs mains ton malheureux avoir.
Le Juge avare ici n'a rien à voir,
Ni les trois Soeurs, ni du Temps la malice,
Regarde donc qui est plus souhaitable,
L'aise ou l'ennui, le certain ou l'instable.
Quant à l'honneur, j'espère être immortel
Car un clair nom sous Mort jamais ne tombe.
Le tien obscur ne te promet rien tel.
Ainsi, tous deux serez sous même tombe.
CAELO MUSA BEAT.
poésie de Joachim du Bellay
Ajouté par Poetry Lover
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